Pour avoir pris part aux cinquièmes assises du Congrès mondial amazigh (CMA), tenues en novembre dernier, au Maroc, les membres du conseil fédéral de Libye ne cessent de subir des pressions féroces des organisations satellitaires du pouvoir. Ces agissements qualifiés de méthodes « archaïques » et « barbares » ont fait réagir le bureau mondial du CMA qui a, à travers un communiqué dont une copie nous a été remise, dénoncé et condamné avec la plus « grande vigueur l'agression préméditée » contre les militants amazigh de Yefran. « Cette méthode qui consiste à dresser les citoyens les uns contre les autres et à semer la haine et la discorde est indigne et porteuse de grands dangers pour la société libyenne », lit-on dans le document du CMA, qui interpelle la communauté internationale à diligenter une commission d'enquête afin de faire toute la lumière sur les événements de Yefren et de protéger les défenseurs des droits des Amazighs. Par ailleurs, le même communiqué précise que, mercredi dernier, lors d'un meeting animé par des représentants de « la jeunesse de la Libye de demain » et « le comité révolutionnaire » - deux organisations liées, ajoute le même texte, au pouvoir libyen -, les interventions avaient pris « l'allure d'une tribune populaire chargée de juger et condamner, sans autre forme de procès, les militants pour les droits des Amazighs de Libye et, en particulier, ceux qui ont participé à la dernière assemblée générale du CMA qui s'est déroulée à Meknès, au Maroc ». Selon le président de cette organisation non gouvernementale, Belkacem Lounès, des insultes ont été proférées et des appels à la violence lancés contre les membres du conseil fédéral de Libye dans une salle surchauffée par des discours de haine. « La Libye vient de renouer avec l'une de ses méthodes les plus archaïques et les plus barbares, l'appel au lynchage à l'encontre de paisibles citoyens », ont estimé les rédacteurs du communiqué. Par ailleurs, notons que ce n'est pas la première fois que le CMA saisit les instances internationales sur les violations des droits des Amazighs en Libye. Pour rappel, en juillet 2007, à Genève, lors de la session du Comité des droits de l'homme des Nations unies, le président du CMA avait déclaré qu'en Libye « la Constitution de 1969 proclame exclusivement l'arabité et l'islamité de ce pays, niant et occultant ainsi l'histoire et la réalité culturelle et linguistique de plus d'un million de Libyens amazigh ». D'ailleurs, avait-il expliqué, « le comité de lutte contre le racisme et toutes ses formes de discrimination a recommandé à l'Etat libyen de respecter les droits des Amazighs de parler leur propre langue en privé et en public ».