A l'issue de la réunion du conseil fédéral du Congrès mondial amazigh (CMA), tenue les 12 et 13 novembre derniers à Tizi Ouzou, le président de cette ONG a animé une conférence de presse pour rendre compte de la rencontre les ayant réunis avec le président libyen Maâmar El Kadhafi, le 5 novembre dernier, à Tripoli. « Notre organisation milite, que ce soit en Libye ou ailleurs, pour les droits des Amazighs, l'enseignement de leur langue ainsi que pour plus de liberté », souligne M. Belkacem Lounes, président du CMA. L'orateur annonce sur sa lancée : « Les Libyens en exil doivent pouvoir rentrer dans leur pays, où nous comptons organiser des manifestations culturelles et inviter les membres de la presse pour y assister, assurant avoir fait état des violations des droits des Amazighs et des violences qu'ils subissent dans tous les pays où ils vivent, à commencer en Libye. » En ce sens, une conférence internationale sur l'histoire de l'Afrique du Nord sera organisée en Libye en 2006, apprend-on. Interrogé quant à la crédibilité de l'attitude du chef de l'Etat libyen, l'orateur précise que « Kadafi n'est pas le seul négateur des libertés en Afrique du Nord. La persécution existe aussi en Algérie. Le CMA défend des principes universels et notre interlocuteur s'en réclame aussi. Mais nous n'allons pas transiger ave la liberté ». Quant aux répercussions de cette rencontre sur l'essor de la cause amazighe, le président du CMA dit : « Suite à notre rencontre, sur initiative libyenne, le leader a nommé deux consuls au Niger et au Mali pour la prise en charge du développement des Touaregs. Les autorités algériennes ont refusé une telle nomination pour Tamanrasset, précisant plaider pour l'abolition des frontières en Afrique du Nord et que l'amazighité n'est pas un motif de discorde. » Le président Kadhafi aurait certifié à ses invités que « les Libyens pouvaient rentrer au pays. Il faut reconnaître les torts pour pouvoir les réparer. Aussi il pense plaider cette cause auprès des autres chefs d'Etat d'Afrique du Nord ». Notons, par ailleurs, que les membres du conseil fédéral du CMA représentant l'Espagne et le Niger ont été empêchés de participer au regroupement de Tizi Ouzou « par la non-délivrance des visas par les ambassades algériennes », est-il écrit dans le document sanctionnant cette réunion. Pour sa part, le représentant du Maroc s'est vu interdit de sortie du territoire, tout simplement. Le CMA « déplore et condamne fermement » ces obstacles et tient « les autorités algériennes et marocaines » pour responsables. Parmi la pléthore d'actions retenues dans le cadre du programme de cette ONG, signalons la préparation d'une « manifestation en 2006 sur la frontière algéro-marocaine pour exiger la liberté de circulation des Imazighen sur leur propre terre ». Le Congrès mondial amazigh lance un appel à se solidariser avec Saïd Zamouche, président de l'association Numidya d'Oran (aussi membre du CMA), à « l'occasion de son procès politique qui aura lieu le 5 décembre 2005 à Oran ».