Le directeur du département région MENA et Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI), Jihad Azour, a publié hier un article sur le site de l'agence Bloomberg, dans lequel il appelle les pays exportateurs de pétrole dans la région à ne pas trop s'enthousiasmer de la hausse actuelle des prix du pétrole et à continuer leurs efforts de diversification de leurs économies respectives. «La hausse significative des prix du pétrole au cours de l'année écoulée a d'importantes implications pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, où les hydrocarbures jouent encore un rôle essentiel dans l'économie. Malgré ce changement, il est impératif que les pays de la région restent résolus à réduire leur dépendance au pétrole et à rendre leur économie plus diversifiée et résiliente», dit-il dans son article. L'auteur estime que les exportateurs de pétrole de la région gagneront 210 milliards de dollars de plus en 2018-2019 si les prix du pétrole s'étaient maintenus aux niveaux enregistrés en 2017. «La hausse des prix stimulera probablement la confiance, contribuant ainsi à stimuler la croissance et l'investissement dans les secteurs non pétroliers — bien que le risque géopolitique accru puisse freiner cet optimisme», indique Jihad Azour. Ce dernier avertit les décideurs des pays exportateurs de pétrole de continuer les réformes entamées lorsque les prix du baril n'excédaient pas 50 dollars. «Les exportateurs pourraient être tentés d'assouplir sensiblement leurs programmes de réduction du déficit, qu'ils ont entrepris après la forte baisse des prix du pétrole en 2014 qui a réduit leurs revenus... Cela serait mal avisé. Les exportateurs de brut ne devraient pas manquer cette chance de se préparer à la prochaine crise des prix», affirme le responsable du FMI. Il rappelle à cet effet que les contrats à terme sur le pétrole suggèrent que les prix chuteront en dessous de 60 dollars le baril d'ici 2030. Devant les appels à l'augmentation des subventions, les décideurs «doivent résister», estime Azour, et continuer à éliminer progressivement les subventions généralisées au carburant en faveur de programmes ciblés qui profitent aux pauvres. «Cela libérera de la place pour des dépenses plus utiles dans les projets d'infrastructures, l'éducation et les dépenses sociales.» M. Azour affirme que la réduction de 1 point du PIB des subventions à l'énergie réorienté vers les dépenses d'infrastructures a le potentiel sur six ans d'augmenter le PIB de 2 points et de créer un demi-million d'emplois dans la région. Il conseille aux pays de la région «un engagement indéfectible en faveur d'une réforme qui crée un secteur privé diversifié et robuste, s'attaque à la corruption et réduit la dépendance à l'égard du pétrole».