Les membres de l'OPEP ont fini par conclure, à l'unanimité, un accord sur une augmentation de l'offre pétrolière d'un million de barils par jour. Suite à un revirement imprévu des Iraniens, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont fini par trouver un accord, hier, à Vienne, sur une augmentation de l'offre pétrolière d'un million de barils par jour. C'est un accord conclu au forceps, étant donné que la rivalité entre Saoudiens et Iraniens ne finissait pas de rendre l'ambiance conflictuelle durant les deux jours d'interminables réunions. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, et son homologue saoudien, Khalid Al Falih, se sont rencontrés dans la matinée d'hier ; une première réunion destinée à surmonter les obstacles en vue d'un consensus sur la hausse de la production. L'accord était presque improbable, si ce n'était ce tête-à-tête de dernière minute entre Saoudiens et Iraniens. En effet, jeudi soir, l'Iran a claqué la porte d'une réunion technique avant le rendez-vous semestriel de l'OPEP où devait être débattue, hier à Vienne, une éventuelle augmentation de la production mondiale de brut, à laquelle Téhéran était hostile. Le ministre iranien du Pétrole a affirmé qu'il «ne pensait pas» qu'un accord pouvait être trouvé lors de la réunion officielle d'hier. Changement de position : à l'issue de sa rencontre avec son homologue saoudien, Bijan Namdar Zanganeh s'est aussitôt dit optimiste quant à une issue favorable de la réunion. Il a déclaré également qu'un texte officialisant la hausse de la production était déjà en préparation. Les deux puissants producteurs de l'OPEP, rivaux régionaux de surcroît, ont ainsi mis fin à plusieurs heures d'incertitude et de confusion au sein de l'OPEP. Cette Organisation a convenu aussitôt à l'unanimité d'une augmentation d'environ un million de barils par jour de la production mondiale de pétrole. «Nous nous sommes accordés autour du chiffre d'un million de barils que nous avions proposé», a affirmé le ministre saoudien du Pétrole, à l'issue de la réunion semestrielle tant attendue de l'OPEP, tenue hier à Vienne. «Je pense que cela va contribuer de façon significative à répondre à la demande supplémentaire que nous prévoyons au second semestre», a ajouté Khalid Al Falih. Cette augmentation de la production devra intervenir dès le mois de juillet. L'objectif d'un million de barils par jour concerne à la fois les membres de l'OPEP et les dix autres producteurs non OPEP, dont la Russie. C'est-à-dire que cette hausse de l'offre sera répartie sur l'ensemble des pays producteurs signataires des accords de limitation de la production, conclus en décembre 2016. Il est ainsi probable que les quotas de production soient réexaminés en fonction des capacités de chaque pays. Ces quotas, fixés pour les 24 pays qui se sont engagés dans l'effort de réduction de l'offre pétrolière, ont aidé à la reprise des prix du pétrole ayant atteint un plus bas historique de 27 dollars le baril début 2016. Les cours ont bondi à plus de 80 dollars en mai dernier, un plus haut qui n'a pas tardé à provoquer les foudres de certains grands pays consommateurs, à l'image des Etats-Unis, la Chine et l'Inde. Le 20 avril dernier, le président américain, Donald Trump, avait accusé l'OPEP d'être à l'origine d'une «hausse artificielle» des cours pétroliers. Les Saoudiens ont aussitôt réuni leurs alliés du Golfe, les informant de l'impératif d'un changement de politique au sein de l'OPEP. La Russie, sous la pression de ses majors, n'a pas tardé à apporter de l'eau au moulin des Saoudiens, estimant qu'il était temps que la production revienne progressivement sur le marché. L'Arabie Saoudite et la Russie estiment que le marché est en risque de «surchauffe», dans un contexte d'accélération de la demande. Une chose est sûre, l'accord sur la hausse de l'offre profitera aux pays jouissant d'une production flexible. Dit autrement, les producteurs ayant les moyens d'augmenter leur production devraient pouvoir accélérer leurs extractions, tandis que les pays à faibles capacités risquent de subir cette hausse si celle-ci venait à provoquer une rechute des cours.