Les 200 000 travailleurs de la terre de la wilaya de Annaba appréhendent de vivre un autre sinistre susceptible d'être généré par de fortes précipitations. Leur inquiétude est d'autant justifiée quand on sait que la campagne agricole 2007/2008 a été un véritable désastre dû aux aléas climatiques. La forte pluviométrie et la stagnation des eaux, provoquée par un mauvais assainissement des réseaux primaires avaient suffi pour réduire à rien tous les efforts consentis par les agriculteurs lors la dernière campagne. « Durant la campagneprécédente, les pluies diluviennes, qui se sont abattues sur la région avec un taux de pluviométrie de 218 mm, ont provoqué une série de phénomènes : stagnation des eaux, ressuyage très lent des parcelles et surtout l'apparition de maladies cryptogamiques des céréales et d'autres cultures », a indiqué M. K. Djabri, membre de la Chambre d'agriculture, avant d'ajouter : « Rien n'a été fait pour venir à bout de ce problème d'assainissement qui se pose sérieusement au niveau de notre plaine. Notre région est réputée pour être l'une des plus arrosées du pays avec une moyenne de 600 à 800 mm/an ». Sous les effets conjugués de la construction des ouvrages d'art (échangeurs) des routes, des chemins de fer, des rejets de déchets industriels, du manque d'entretien des oueds et du réseau d'assainissement, les précipitations provoquent des inondations. A ce propos, c'est surtout l'oued M'djez Rassoul qui a toujours posé problème. Une opération de re-calibrage au niveau des goulots d'étranglement s'avère alors plus que nécessaire. Elle lui permettra de retrouver son débit initial et un écoulement optimal, même en cas de crue millénaire. La Meboudja est une autre source de stagnation des eaux. Cet Oued, qui réceptionne les eaux de quatre affluents (oued Erassoul, oued Mellah, oued Bouatout et oued Mounaim) est souvent à l'origine du débordement des eaux sur les terres limitrophes. Pour faciliter le ressuyage rapide de ces oueds, les spécialistes estiment nécessaire de procéder à leur re-calibrage. La même situation est vécue par les agriculteurs d'El Allelik, Kheraza, Berrahal et Chetaïbi. Non loin de cette dernière zone, le débordement de oued El Aneb sont à l'origine d'inondations récurrentes au niveau de la plaine Amirat Messaoud. Des inondations qui, selon les mêmes spécialistes, ne peuvent être évitées sans le recours au re-profilage de cet oued. Comme autres solutions, ils trouvent impératif de poser des gabions tout le long des berges à l'effet de limiter la forte érosion des parcelles limitrophes. En somme, à Annaba, la quasi-totalité des zones rurales où vivent près de 82 000 habitants est confrontée à la contrainte de l'assainissement, et de ce fait, l'avenir des 4 726 exploitations agricoles est sérieusement compromis. C'est pourquoi, agriculteurs et cadres des services agricoles interpellent les pouvoirs publics pour que soit définitivement réglé ce problème dans lequel se débat la profession depuis des années. En attendant, ceux-ci préconisent la tenue, en urgence, d'une réunion qui regroupera l'ensemble des institutions concernées. Il sera fait appel aux représentants des 12 APC, des directions de l'hydraulique, des travaux publics, du chemin de fer, des ponts et chaussées, de l'environnement et de l'office national des périmètres irrigués (OPI).