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Le palmier dattier face au pétrole
Publié dans El Watan le 25 - 06 - 2018

Dans le sillage des thèmes développés ces derniers temps à travers les colonnes du quotidien El Watan relatifs au sujet du pétrole et ses conséquences ainsi que ses effets sur la vie de l'humanité, le citant comme arme de corruption et de perversion des décisions politiques et économiques en le qualifiant d'«excrément du diable», il nous a paru utile de rechercher et d'explorer les voies salutaires qui permettraient à l'humanité de se libérer des griffes de cette emprise satanique.
Le «palmier dattier», pilier de l'agriculture saharienne, s'avère la lueur d'espoir qui conduirait vers le juste chemin du triomphe et l'une des principales solutions de cette problématique.
Depuis que cette option de développement de l'agriculture saharienne dans toutes ses dimensions (appuyée ces derniers temps par les cultures maraîchères telles que la pomme de terre dans les bassins de Biskra et Oued Souf) commence à prendre prise comme source de richesses alternatives aux hydrocarbures en s'introduisant dans les marchés extérieurs, principalement européens de par leurs qualités précoces et bio, une féroce campagne de dénigrement vient d'être engagée contre ces produits algériens qui se voient rejetés par certains clients européens qui entrevoient dans leur ingérence une véritable menace de leurs intérêts établis, et cela sous certains prétextes fallacieux de contamination portant sur soi-disant des taux élevés de produits pesticides contenus dans ces produits, et tuer ainsi le fœtus dans son œuf.
Il n'est pas exclu que les éléments techniques de contrôle sanitaire sur lesquels s'appuient ces sources de rejet soient communiqués par des agents internes exerçant dans les instances locales, telles que l'ITAS, qui encadrent et orientent le traitement sanitaire des opérations de l'agriculture dans les milieux sahariens, car il s'agit bien de produits issus de ces milieux qui sont concernés par cette campagne de dénigrement (dattes et pommes de terre).
La «datte», ainsi que sa source matrice qu'est le «palmier», qui est un produit vénéré par excellence, est attaquée aujourd'hui par cette néfaste campagne de dénigrement comme agent porteur de germe de «l'épatite C», mérite un soutien appuyé afin qu'elle retrouve le siège qui lui est dévolu.
Le Tout-Puissant Créateur a fait de cet arbre une plante sacrée et l'a qualifiée de «source de richesses» pour les gens soumis à Sa Volonté.
Cet arbre contient divers produits dérivés, tous utiles dans leur ensemble et exempts de tout rejet. Il représente effectivement une source de richesses multiples et variées.
Les chromosomes du palmier dattier sont au nombre de 36 et se rapprochent ainsi de ceux de l'être humain, et c'est pour cette raison aussi que le Prophète (QSSSL) le recommande et qualifie de «tante de l'être humain».
Parmi les produits dérivés issus de cette plante, l'ont peut citer :
– Le fruit principal qu'est la datte dans ses diverses qualités
– Le miel dattier qui ne diffère pas de celui de l'abeille
– Le jus dattier
– Le vinaigre dattier
– Le sucre liquide
– Les levures boulangères
– Les huiles végétales
– La farine de datte
– Le café de noyau dattier sans caféine
– Les alcools sanitaires
– Les carburants bio
– Le khol cosmétique
– Le papier d'impression
– Les aliments de bétail (le cheptel national, qui est considéré comme une seconde richesse, est estimé a environ 27 millions de têtes)
– Les panneaux de construction bio
Le nombre de palmiers de différentes espèces est estimé à 20 millions de pieds en Algérie cultivés sur une surface de 170 000 hectares répartis sur l'ensemble du territoire national, essentiellement dans les régions sahariennes gérés par 95 000 cultivateurs environ .
La production annuelle du fruit de dattes de différentes variétés est estimée entre 750 000 et 900 000 tonnes dont 40% de déchets perdus non exploités actuellement (un véritable gâchis).
Les rendements à l'hectare varient entre 20 et 22 tonnes comparativement à d'autres cultures telles que la canne à sucre avec un rendement de 80 tonnes à l'hectare.
A titre d'exemple, la wilaya d'Adrar a produit environ 100 000 tonnes de dattes durant la campagne 2015 pour un parc de 3 640 000 pieds dont 1 000 000 environ pris en compte dans ce chiffre, ce qui démontre le degré de négligence qui frappe la considération de cette culture. Une meilleure prise en charge de ce secteur stratégique permettra sans doute l'amélioration du rendement des récoltes et fera de l'Algérie une nouvelle puissance dans ce domaine, capable d'atténuer les effets néfastes du pétrole qui verra la fin de son hégémonie à l'horizon 2030.
Les recettes des produits du fruit des dattes en Algérie sont estimées à 470 milliards de dinars annuellement, ceci sans compter les 40% environ de déchets non exploités. Ce chiffre peut être multiplié à volonté selon le choix du plan de son développement à travers les vastes surfaces de chaque région saharienne du pays. La région de Ouargla, aujourd'hui capitale du pétrole, pourrait reconquérir son rôle du passé quand celle-ci tirait sa prospérité économique à partir de cette richesse qu'était la «datte», essentiellement de variété «ghars». A lui seul, le bassin agricole de cette région pourrait assurer les besoins de tout le pays en matière alimentaire.
Il existe en Algérie 950 variétés de dattes dont la plus répandue et connue selon sa bonne qualité est la «Deglet Nour» consommée et exportée à grande échelle ; lui succède la variété dénommée «ghars» qui se conserve longtemps et sert de provision de base pour les ménages.
Imaginons si une économie nouvelle et alternative à la rente pétrolière, en cours d'extinction dans un avenir très proche, sera bâtie sur l'exploitation de cette énorme et noble «richesse» en améliorant et développant sa culture à grande échelle, l'Algérie assurera probablement une grande part de sa souveraineté et son indépendance alimentaire et économique.
Pour rappel, c'est le produit de la datte qui a pu sauver dans le passé des populations complètes de la famine pendant les années de disette durant la guerre mondiale des années 40' du siècle passé. Et comme le relève le dicton populaire, «le pays du palmier et de la brebis ne connaîtra guère de désastre».
Et pour couronner la thèse, il est utile de rappeler les vertus de ce fruit qu'est la «datte algérienne» dont le sucre «fructose» diffère de celui des autres fruits dans le monde, le «glucose».
Il a été aussi prouvé que la consommation de ce fruit noble et complet en première prise et à jeun assure une protection totale contre les effets d'empoisonnement conformément au hadith de notre prophète Mohammed (QSSSL).
L'un des premiers projets de transformation industrielle du produit de la datte a été entrepris pour la production du bio-carburant (bio-ethanol) dans la région de Biskra. Ce projet devait traiter la transformation de 150 000 tonnes de dattes par an. Le coût de cet investissement était estimé à 22 millions d'euros et devait ouvrir la porte à ce genre d'industrie nouvelle pour la transformation des dérivés de la datte.
Le projet qui mérite d'être entrepris et représente une des principales priorités dans le cadre de cette industrie prometteuse consiste en la réalisation d'unités de production de «levure boulangère», matière stratégique qui demeure en relation quotidienne et permanente à l'alimentation de base qu'est le «pain», de la société dans son ensemble et se trouve importée dans sa totalité de l'étranger.
D'autres dérivés non moins importants tels que le «sucre liquide», le «miel de datte» qui égale le miel d'abeille, le «vinaigre», «l'alcool sanitaire», les carburants biologiques, le «khol cosmétique» ; et puis à partir du noyau de datte le «charbon médical et sanitaire», le «café sans caféine», les huiles industrielles peuvent succéder la chaîne.
Avec un parc national qui dépasse les 20 000 boulangeries produisant quotidiennement 40 millions de baguettes de pain consommées par la population algérienne selon les estimations de la FAO et réparties à travers le territoire national, les besoins en la matière (levures) dépassent les 50 000 tonnes annuellement dont la quasi totalité est importée de l'étranger (France en particulier). Aussi, la qualité de ces produits à base chimique a été très souvent contestée à cause de ses effets secondaires sur la santé humaine.
L'enveloppe destinée à l'importation des levures atteint ou dépasse les 300 millions de dollars environ par an, en grande partie à partir de la France à travers la sociéte «Le Safre», leader dans la production de cette matière en Europe principalement avec un chiffre d'affaire de 1,5 milliard d'euros par an et qui était candidate pour l'investissement en Algérie avec un projet de production mixte en partenariat national.
Ce projet a été lancé en 2004 et devait être un investissement d'envergure régionale (le plus grand en Afrique) avec un coût d'investissement de 18 millions d'euros. Sa production devait être de 15 millions d'euros par an dans une première phase et devait employer 600 agents avec une extension à 200 emplois dans une seconde phase. Le projet a été complètement réalisé, mais malheureusement a été avorté pour cause de «pseudo pollution».
Les capacités de production de «levures» qui existaient naguère en Algérie, et ce, jusqu'à l'année 2000, étaient représentées par une unité de production à Guelma avec une capacité annuelle de 5600 tonnes de levure fraîche et 1600 tonnes de levure sèche, ainsi que celle de Oued Smar d'une capacité annuelle de 31 000 tonnes et qui employait 700 agents.
La mélasse de betterave et de canne à sucre, matière de base nécessaire à la fabrication de la levure était importée dans sa totalité à concurrence de 31 000 tonnes par an. De même que la souche de levure d'élevage tous les quatre ans.
Toutes ces données intéressent les périodes du passé en Algérie et ne tiennent pas compte de la demande sans cesse croissante de la population, d'où l'intérêt majeur à accorder à cette initiative qui s'inscrit dans une démarche de souveraineté nationale pour assurer son indépendance dans ce domaine stratégique de l'alimentation de la population.
Le territoire national est en mesure de recevoir un parc de plusieurs unités de production de «levures» à partir des produits déclassés du fruit de la datte d'une capacité adéquate à chaque localité productrice de dattes. Ces unités de production seront donc réparties à travers les régions sahariennes cultivant le palmier dattier et contribueront à leur développement socio-économique.
Par ailleurs, l'Unité de recherche de Ouargla a réussi à développer de très bons résultats concernant certains dérivés de la datte, principalement en ce qui concerne la fabrication de la «levure boulangère» et sa principale souche propre d'une haute qualité biologique.
Répartition de la culture du palmier dattier en Algérie :
Biskra 4 030 000 pieds
– Adrar 3 640 000 pieds
– El Oued 3 400 000 pieds
Ouargla 2 290 000 pieds
Béchar 1 400 000 pieds
Ghardaïa 1 100 000 pieds
– Tamanrasset (In Salah) 630 000 pieds
– Illizi (Djanet) 122 000 pieds
Khenchela 105 000 pieds
Tébessa 94 000 pieds
– El Bayadh 67 000 pieds
– Naâma 49 000 pieds
Laghouat 45 000 pieds
Batna 33 000 pieds
Le potentiel des terres agricoles à haut rendement qualitatif et quantitatif bénéficiant des conditions favorables des climats «quatre saisons» à travers le monde est estimé à une superficie globale de 40 millions hectares.
La superficie détenue par l'Algérie sur ce potentiel global est de 32 millions hectares, soit environ les 3/4 (8 millions d'hectares dans la zone qui s'étale de Biskra à l'Oued Righ et 7 millions dans la région de la Saoura).
La superficie restante des 40 millions d'hectares de ces terres se trouve répartie sur le reste du monde, à savoir 8 millions d'hectares dont les USA détiennent 3 millions (ha) uniquement et lui rapportent annuellement 600 milliards de dollars de produits agricoles de haute qualité dans la Silicon Valley.
L'Algérie est en mesure de corriger la déviation de sa trajectoire pseudo-économique qui s'appuie sur cette fameuse rente pétrolière éphémère, qualifiée avec justesse d'«excrément du diable» qui a corrompu et perverti toutes les décisions économiques des sociétés humaines et risque de la conduire à la catastrophe, dans la mesure où elle dispose de tous les atouts favorables à la mise en place immédiate d'un nouveau modèle économique révolutionnaire qui s'articule autour du développement de l'agriculture à grande échelle, combinée avec les énergies renouvelables et les ressources hydriques sahariennes, en s'appuyant sur cette assise du «palmier dattier», source de toutes richesses divines et arme promise par «Allah Le Tout-Puissant Créateur des mondes» pour combattre tous les méfaits sataniques.


Par Kouider Oulad Messaoud Ghemmar
Membre de l'Association Ibn El awam pour le développement des zones arides et membre du Mouvement de citoyenneté


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