Deux ministres, Noureddine Bedoui, de l'Intérieur, et Abdelkader Messahel, des Affaires étrangères, le wali d'Alger, plusieurs cadres de l'administration locale et des élus se sont déplacés hier à la commune d'Alger-Centre pour lancer, devant un parterre de nombreux journalistes, la nouvelle plateforme pour le retrait à distance et dans les deux langues (arabe et français) des actes de l'état civil et des attestations de permis de conduire des Algériens installés à l'étranger. Désormais, ces derniers n'auront plus à se déplacer jusqu'en Algérie, ou à attendre des mois pour recevoir leurs documents de l'état civil et leur attestation de permis de conduire. En un clic, sur une application du site web du ministère de l'Intérieur, ils peuvent demander n'importe quel document de l'état civil et le recevoir dans un délai n'excédant pas les trois jours, au niveau du consulat qu'ils choisissent eux-mêmes. Le choix de la commune d'Alger-Centre pour le lancement d'une telle prestation obéit à la nature de cette mairie qui bénéficie d'une compétence territoriale nationale et a déjà fait un pas de géant en matière de modernisation des services de l'état civil. «Grâce à la collaboration concertée des départements ministériels concernés, nous avons délivré les passeports biométriques à plus de 90% de nos ressortissants installés à l'étranger qui, aujourd'hui, peuvent retirer à distance les certificats de nationalité et les casiers judiciaires avec l'aide du ministère de la Justice. Ils peuvent même corriger à distance les erreurs administratives commises dans les actes de l'état civil sans se déplacer en Algérie...», a déclaré Abdelkader Messahel, précisant que cette modernisation de l'état civil algérien donne la possibilité aux émigrés nés à l'étranger de se faire délivrer de multiples documents de l'état civil, entre autres, le certificat de permis de conduire valable à l'étranger. Le ministre n'a pas manqué de rappeler le dispositif d'aide aux émigrés, citant au passage l'accès au logement promotionnel public et au crédit bancaire sans intérêt pour créer des petites entreprises en Algérie. Lui emboîtant le pas, son collègue de l'Intérieur déclare : «Nous voulons atteindre à court terme une gestion avec zéro papier, éliminer toute intervention humaine et réduire au maximum les délais de délivrance des documents de l'état civil. En bref, nous voulons inverser la situation. Faire en sorte que l'administration se rapproche du citoyen, pour lui éviter tout déplacement pour un quelconque document. En un clic, il reçoit tout chez lui. C'est la i-administration... C'est cela notre défit.» Pour mieux expliquer les nouvelles prestations, M. Hani, directeur général de la modernisation, présente la base de données du ficher de l'état civil, auxquelles peuvent avoir accès les ministères et les institutions de l'Etat, à partir de n'importe quelle commune du pays. «La banque de données de l'état civil comporte 100 millions d'actes, dont 67 millions d'actes de naissance, 15 millions d'actes de mariage et 17 millions d'actes de décès, tous totalement numérisés.
C'est un acquis considérable. Aujourd'hui, ce sont les Algériens nés à l'étranger qui bénéficient de l'accès à cette plateforme. De là où ils sont, dans n'importe quelle partie du monde, ils peuvent demander tout document de l'état civil et se le faire délivrer en trois jours seulement, dans la représentation consulaire de leur choix. Le réseau est fonctionnel dès aujourd'hui», a révélé le directeur de la modernisation, en mettant l'accès sur l'impact de ces prestations de service en ligne sur le citoyen. L'avis est largement partagé par le maire d'Alger-Centre, Abdelhakim Bettache. «Vous ne pouvez pas imaginer ce que j'ai économisé comme fonds consacrés aux articles de bureau. L'enveloppe a été réduite de 80% par rapport aux années précédentes et en deux ans, j'ai pu amortir l'investissement, soit 6 milliards de centimes, en termes d'achat de micro-ordinateurs, de câblages et de la connexion de notre réseau à celui du ministère de l'Intérieur. Il y a aussi la réduction très importante du flux des citoyens vers la commune, puisque ces derniers, et de n'importe quelle autre commune du pays, peuvent se faire délivrer leurs documents chez eux en un clic. Il faut aussi relever que cette modernisation du système de délivrance en ligne des documents de l'état civil est une forme de lutte contre la corruption, parce qu'elle élimine du circuit l'intervention humaine. Il faut dire que cette révolution est une véritable richesse pour le pays», conclut le maire de la commune d'Alger-Centre, la seule au niveau national, qui assure depuis longtemps les prestations de service jusqu'à 22h et tous les jours de la semaine. Pourquoi ? «Grâce au maire. C'est le seul qui a réussi le chalenge», répond fièrement le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh.