Selon son avocat, Salim Yezza devait arriver hier à Ghardaïa où il doit être jugé par le tribunal local. Contacté par El Watan, Me Koceila Zeguine a expliqué que la procédure de transfert exige des nuitées dans chaque wilaya traversée et dans ce cas, il s'agit de Biskra, El Oued, Ouargla et enfin Ghardaïa. Militant des droits et des libertés et surtout de la cause identitaire, M. Yezza, et comme rapporté précédemment, a été arrêté samedi à l'aéroport Mohamed Khider de Biskra alors qu'il s'apprêtait à rejoindre Paris, ville où il réside depuis 8 ans, après avoir assisté aux obsèques de son père. Il devra comparaître pour deux chefs d'inculpation : «incitation à la haine» et «attroupement non autorisé». Une arrestation et des inculpations qui ont soulevé une vague de solidarité et de protestation. Maître Zeguine, qui n'a pas eu le droit de consulter le dossier, s'interroge sur la procédure qui, nous a-t-il affirmé, est du moins ambiguë. «D'abord, mon client n'a jamais figuré parmi les personnes recherchées. Ensuite, il n'a été inquiété ni à son entrée en Algérie ni durant son séjour», nous dira l'avocat en concluant : «Le mandat d'arrêt a été établi durant son séjour !» Par ailleurs, l'instruction a été clôturée, toujours selon la défense, sans que l'intéressé ne soit auditionné par le juge d'instruction chargé du dossier et qui siège à la cour de Ghardaïa, où M. Yezza n'était pas encore arrivé. L'instruction clôturée donc, le jugement est déjà programmé et doit avoir lieu incessamment ! Rappelons que Salim Yezza, impliqué dans ce qui est désormais appelé «les événements de T'kout», a subi, lui et les membres de sa famille (son père et son petit frère), la répression qui s'était abattue alors sur la commune. Militant inlassable de la cause amazighe, Salim Yezza a quitté le territoire national pour s'installer en France et poursuivre sa lutte parmi les militants organisés dans le collectif des militants pour tamazight dont il devient président et où il eut à se prononcer autour des événements de Ghardaïa sur des plateaux de télévision, notamment France 24 et Imazighen Libya, une télé libyenne. Notons aussi qu'une pétition exigeant la libération de M. Yezza a été lancée mardi, alors qu'un sit-in a été tenu à T'kout et un rassemblement devait avoir lieu devant le siège de l'ambassade d'Algérie à Paris.