Tout est parti d'un laconique communiqué imprimé en langue arabe sur un tiers de page 21/27, remis, fin juin, à tous les buralistes du Sud-Est, du moins ceux s'approvisionnant en journaux à partir de cette imprimerie étatique, EURL TDS « TRAAG DIFFUSION SUD » de Sidi Khouiled, à Ouargla. L'imprimerie informe, sans aucune explication, qu'à partir du 1er juillet 2018, et alors que déjà le quotidien « Echourouk » a été cessé d'imprimerie voilà déjà plus de deux mois, les trois titres « El Watan », « Liberté » et « El Khabar », ne seront plus imprimés à son niveau. Ces quotidiens doivent aller « se faire imprimer » chez l'imprimerie privée de Souk Essebt, à Ouargla ville. Et c'est ce petit bout de papier qui allait, par effet boule de neige, entraîner une succession de défections tant des transporteurs/distributeurs, qui se plaignant du rétrécissement de leurs marge bénéficiaire, puisqu'ils sont payés en fonction du nombre de journaux et donc de titres à transporter et à distribuer, que celles de nombre de buralistes qui se voient ainsi privés non seulement du bénéfice tiré de la vente de journaux mais aussi et surtout , par la désertion de leur clientèle qui faute de journaux n'y vient plus , même pour acheter autre chose comme papeterie, stylos ,timbres enveloppes ou autres . « Les quatre titres « El Watan », « Liberté », « El Khabar » et « Echourouk », qui ne sont plus imprimés et donc déduits de la masse de journaux que nous transportions régulièrement aux quatre coins du Sud-Est sont, avec le quotidien « Ennahar», les plus vendus et donc les plus forts tirages. Ceci dit, c'est ces cinq journaux, à très fort lectorat, qui représentaient l'essentiel de notre marge bénéficiaire » déclare un des transporteurs habituels vers la wilaya de Ghardaïa. Un autre transporteur, précise « nous ne pouvons nous permettre de faire des centaines de kilomètres/ jour pour travailler à perte. Puisque le nombre de journaux à transporter a diminué, notre marge bénéficiaire a fondue avec. Ainsi, avec ce qui nous revient aujourd'hui, ça ne couvre même pas les frais de carburant et le salaire de la journée de l'employé qui me seconde pour distribuer et embarquer les invendus. Nous ne reprendrons le travail, du mois en ce qui me concerne, que lorsque la situation se serait amélioré et pas avant. Pour l'instant, j'essaie de travailler localement avec les citoyens. » Nous avons, à maintes reprises, essayé de joindre au téléphone, Mr T., le responsable de l'imprimerie étatique, EURL TDS « TRAAG DIFFUSION SUD » de Sidi Khouiled à Ouargla, pour avoir sa version sur cette situation pénalisante pour des milliers de lecteurs des titres suspendus d'impression, en vain . Depuis ce lapidaire communiqué , aucun titre n'a été distribué dans toute la wilaya de Ghardaïa, pendant plus de dix jours, avant qu'une initiative personnelle du dépositaire et distributeur historique de toute la wilaya de Ghardaïa, et ce du temps où Ghardaïa dépendait administrativement de la wilaya de Laghouat, et même bien avant, soit au lendemain de l'indépendance du pays, à savoir la célèbre Papeterie Ouabbi , qui a tant bien que mal , coupé la poire en deux , en acceptant d'aller chercher lui-même à la gare routière , dite SNTV, le semblant de quota de journaux avec quelques titres expédiés de Ouargla par bus privé , et dont la majorité reviennent à l'imprimerie pour mévente , et encore très peu, pour contenter tous les buralistes . « Sur ces 14 titres, seuls deux d'entre eux, un en arabe et l'autre en français, trouvent acquéreurs. Et encore, celui en français, avant que les grands quotidiens soient suspendus d'impression, restait toujours sur les étals, quelques exemplaires seulement trouvaient acheteurs » nous informe Ahmed Ouabbi. Saïd son frère ajoute, « toutes les administrations, les banques, les fonctions libérales (tels les médecins, les avocats, les huissiers, les notaires) et tous le corps de la justice du chef lieu de wilaya, ainsi que les différents services du siège de la wilaya sont nos clients. C'est nous qui leur fournissons leurs journaux. Ils ont tous leurs casiers chez nous. » Et il poursuit « nous ne pouvons pas nous permettre d'abandonner nos fidèles clients, alors nous sommes entrain de faire ce que nous pouvons avec le peu de titres et de quota qui nous parviennent. Et vous devez savoir que sur tout le territoire de la wilaya de Ghardaïa et ce depuis le 1er juillet, vous ne trouverez pas un seul journal en vente, à part chez nous et trois autres buralistes que nous approvisionnons nous même. Ce sont le kiosque Azzouz, qui se trouve sur le grand boulevard Emir Abdelkader, la papèterie « El Kitab El Aârabi » de Béni Izguène et la papeterie « Rahat El Bal » de Bab El Haddad, entre Soug Lahtab et Aïn Lebeau, dans la commune de Ghardaïa. Vous aurez remarqué que les quatre points de vente de journaux actuels sont concentrés au chef lieu de wilaya, qui en compte treize (13) communes et neuf(9) daïras. Toutes les autres communes, au nombre de douze (12) en sont actuellement privés de journaux. Est ce normal ? » La solution ? « Ce n'est pas à moi de trouver de solution ni de m'immiscer dans les problèmes d'imprimerie. Moi, je suis un commerçant. C'est aux pouvoirs publics de régler ce problème. Peut être aussi que ces journaux qui font l'objet de suspension ont un rôle à jouer pour dénouer ce problème, je n'en sais rien. Je vous informe que notre établissement a sollicité de vive voix l'intervention des hauts responsables de notre wilaya pour régler ce problème, en vain. Nous sommes dans l'expectative tant nous ne savons pas jusqu'à quand ce problème va perdurer.», a conclu le buraliste.