La Russie et l'Ukraine sont parvenues hier à un compromis en vue de rétablir, « sous peu » promet Moscou, l'intégralité de l'approvisionnement en gaz russe de l'Europe via l'Ukraine. Cependant, les deux parties au conflit n'ont pas avancé la date de la reprise des livraisons, encore moins les modalités de la mise en œuvre de cet accord, arraché au forceps au bout d'un intense ballet diplomatique. Moscou et Kiev n'ont surtout pas précisé les deux points sur lesquels repose le différend, à savoir le prix du gaz russe pour l'Ukraine en 2009 ainsi que la question du remboursement de la dette ukrainienne auprès de Gazprom. C'est pourquoi des zones d'ombre demeurent autour de cet accord trouvé et qui devra déboucher sur sa signature aujourd'hui à Moscou. Nonobstant cet infime espoir qui pointe à l'horizon, l'Union européenne reste tout de même sceptique et estime que le vrai « test » sera « si oui ou non le gaz circulera vers les consommateurs européens ». « Nous saluons l'annonce d'un accord politique, mais nous sommes aussi assez prudents, parce qu'il y a eu trop d'accords cassés et de promesses non tenues », a commenté la présidence tchèque de l'Union européenne. C'est dire que les Européens ne tiennent plus compte des promesses de Moscou qui vient de ternir une fois de plus son image de partenaire stable de l'Union européenne. D'ailleurs, pour les Russes, rien n'est encore acquis. Le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré samedi qu'« il y aura naturellement diverses questions, dont celle de savoir qui est coupable de cela (la crise, ndlr) et qui paiera pour les pertes occasionnées ». C'est-à-dire que les Russes s'agrippent encore à l'idée d'éventuelles autres sanctions contre l'Ukraine du fait des pertes provoquées depuis le début de la crise, marqué par l'arrêt le 7 janvier dernier, des livraisons de gaz russe vers l'Europe via l'Ukraine. En tout cas, les compagnies d'Etat russe Gazprom et ukrainienne Naftogaz signeront aujourd'hui l'accord en question en présence de hauts responsables russes et ukrainiens. L'accord d'hier prévoit que la Russie vendra à l'avenir son gaz à l'Ukraine « à un prix fondé sur la formule européenne » mais avec un rabais de 20% pour l'année 2009 « à condition que les prix du transit restent au niveau fixé pour 2008 », a expliqué le Premier ministre russe, Vladimir Poutine. « A partir du 1er janvier 2010, l'UKraine et la Russie passeront à des prix européens pour le gaz et le transit », a-t-il poursuivi. L'incertitude plane encore.