L'université des Frères Mentouri de Constantine avait rendez-vous, jeudi dernier, avec ce qui devait être un congrès extraordinaire de l'Union générale des étudiants algériens (UGEA), qui a tourné finalement à la bataille rangée entre ses organisateurs – vraisemblablement des redresseurs – et les partisans du président Sofiane Khaldi, empêchés d'accéder à l'enceinte universitaire. Une situation qui rendra inéluctable l'affrontement entre les uns et les autres à grand renfort de gourdins et de bouteilles d'acide. Nous avons d'ailleurs constaté sur place que beaucoup d'étudiants étaient armés de cutters ! Il faut le voir pour le croire. D'un côté, l'on nous signale qu'un étudiant « redresseur » a été blessé d'un coup de couteau, alors que de l'autre, S. Khaldi exhibe une veste portée par un étudiant, laquelle a été touchée par l'acide. Fait troublant, ce congrès extraordinaire a été organisé au niveau de l'esplanade de l'université,en plein air, au lieu de la salle de conférences Mohamed-Seddik Benyahia prévue auparavant. C'est dire que la légalité d'un tel conclave donne matière à réfléchir. Etait-il vraiment autorisé ? Et puis comment peut-on organiser un congrès, quand bien même extraordinaire, dans pareilles conditions et surtout sans que le quorum soit atteint ? En effet, nous avons pu comptabiliser la présence de près de 200 étudiants sur les 800 membres délégués que compte l'UGEA. Moundir Bouadène, chef de file des redresseurs, affirme que le président Khaldi avait démissionné le 29 juillet 2008 tout en exhibant le document en question, Quant à la légalité et à la validité d'un tel congrès, notre interlocuteur reste sans réponse à ce propos, surtout concernant la question du quorum. Pour sa part, M. Khaldi affirme qu'il ne reconnaît nullement ce congrès et qu'il ne s'est déplacé à Constantine que pour marquer sa présence. Accompagné d'une centaine d'étudiants qui exhibent devant nous leur carte d'adhérent ainsi que celle d'étudiant, M. Khaldi nous dira, en présence de son vice-président, Sofiane Affene : « Ce putsch est une tentative de déstabilisation parrainée par le ministre, Rachid Harraoubia, aidé par certains de ses loyaux serviteurs, à l'image du recteur Abdelhamid Djakoune qui a autorisé une telle mascarade dans l'université. » Et d'ajouter : « Le ministre n'a jamais apprécié mes sorties médiatiques, l'an dernier, quand j'avais dénoncé sa gestion régionaliste ainsi que celle de son entourage. » Abordant le sujet de sa démission, notre interlocuteur confirme le fait en exhibant un document daté du 20 novembre 2008, date à laquelle un conclave avait eu lieu dans la wilaya de Saïda, en présence de l'instance dirigeante de l'organisation qui avait appuyé son attachement à son président Khaldi. Ledit document, dont nous possédons une copie, est signé et griffé par 31 représentants de wilaya. En attendant, la scission est bel et bien là et le bras de fer engagé par M. Khaldi avec la tutelle est loin de prendre fin. Notons enfin que les redresseurs ont tenu, dans leur conclave, à soutenir la candidature du président Bouteflika pour un troisième mandat. Comme quoi tous les moyens sont bons pour gagner la sympathie de l'administration et des autorités concernées. .