Les nouvelles technologies ont révolutionné le monde, rétrécissant les distances, réduisant les déplacements, rendant plus simple et plus facile l'accès aux besoins et aux biens, mais ce qui est nouveau aujourd'hui ne le sera peut-être plus dans moins de six mois. L'Intelligence artificielle est au cœur du développement et celui qui sait l'exploiter dirigera le monde. Heureuses donc sont les nations qui savent exploiter le capital humain, les élites et toutes les compétences pour se développer. On le prédisait spirituel, il l'est peut-être, mais en ce début du XXIe siècle, une dévotion quasi acquise se précise depuis quelques années pour la machine et l'Intelligence artificielle (IA). Inventées pour faciliter notre quotidien, les nouvelles technologies deviennent elles-mêmes notre quotidien. Il suffit de regarder notre dépendance aux smartphones, aux réseaux sociaux et autres gadgets de l'heure pour constater la grandissante aliénation de l'homme aux nouvelles technologies, et ce n'est que le début. Voitures intelligentes, robots pour s'occuper des tâches ménagères, des drones aux multiples fonctions et utilisations, on pourrait même imaginer envoyer un drone chercher ses courses au supermarché, des solutions pour de nombreuses maladies et anomalies physiques, etc. Demain se prépare déjà aujourd'hui et l'intelligence artificielle n'a pas de frontières. Le rapport Deloitte 2018, qui porte l'intitulé «Human Capital Trends», explique que l'IA s'accélère à un rythme très rapide. 41% des personnes ayant répondu à ce sondage estiment que l'intelligence artificielle est un sujet d'importance capitale. «Près de la moitié des sondés déclarent que leur entreprises sont fortement impliquées dans des projets d'automatisation : 24% utilisent déjà l'IA et la robotique afin d'effectuer des tâches routinières...». Le 100% d'utilisation c'est pour bientôt. Quand on amorce ici le débat sur le e-commerce, ailleurs on pense déjà à de nouvelles formules pour faciliter davantage les échanges commerciaux. Les nouvelles technologies ont révolutionné le monde, rétrécissant les distances, réduisant les déplacements, rendant plus simple et plus facile l'accès aux besoins et aux biens, mais ce qui est nouveau aujourd'hui ne le sera peut-être plus dans moins de six mois. L'intelligence artificielle est au cœur du développement et celui qui sait l'exploiter dirigera le monde. Heureuses donc sont les nations qui savent exploiter le capital humain, les élites et toutes les compétences pour se développer. N'étant pas ségrégationniste, la nature a doté l'humanité entière d'intelligence, mais seuls quelques pays donnent toute sa place au capital humain et s'en trouvent bien récompensées notamment sur les plans scientifique et économique. Où en sommes-nous de cette révolution qui n'en est qu'à ses débuts ? Bien loin malheureusement ! A croire les sondages et autres indices établis par des organismes spécialisés, il nous reste une longue marche à faire pour pouvoir prétendre à une place honorable parmi les économies innovantes et développées. Ceci n'est pas faute de compétences. Elles existent, elles sont là et n'attendent qu'un coup de pouce pour émerger. Pas plus loin que cette semaine, un groupe de jeunes ingénieurs de Polytech El Harrach, l'équipe Playbot, ont remporté la très prestigieuse deuxième place dans la compétition internationale Eurobot 2018. Primée dans la catégorie «Do it yourself», la jeune équipe a été saluée pour la qualité des robots présentés à la compétition. Le projet de la start-up «Safe Sahara» a remporté en mars dernier, à Paris, le premier prix du «Global Start-up Women Week-end». Une jeune start-up dénommée Goutra a remporté pour sa part de nombreuses distinctions pour ses produits innovants en termes de gestion de la ressource hydrique. Beaucoup d'autres jeunes ont montré qu'ils sont parfaitement capables de tutoyer les plus grands de ce monde, mais encore faut-il qu'on leur donne les moyens pour montrer ce dont ils sont capables. «On ne communique pas assez» Pouvoir participer à un concours international n'est pas chose aisée pour les start-upers algériens. La preuve est que ces compétences existent mais elles ne sont pas visibles, comme le démontre l'indice mondial sur l'innovation qui a classé l'Algérie à la 110e place sur 126 pays. Un bien triste classement mais qui renseigne sur l'absence d'une stratégie nationale de promotion de l'innovation et de l'intelligence algériennes. Un autre classement, le Global entrepreneurship index 2018, place le plus grand pays d'Afrique à la 7e position africaine offrant le meilleur environnement entrepreuneurial et à la 80e place mondiale. Ceci sans parler de notre classement très médiocre en termes de connectivité et de débit internet. Nos jeunes génies trouvent malheureusement un terrain favorable ailleurs et désertent, année après année, le territoire national à la recherche d'un eldorado propice à l'adoption et l'émergence du savoir. Même les formules d'aide à la création d'entreprises, comme l'Ansej, Angem ou la CNAC ne correspondent pas aux besoins des créateurs de start-up dans les TIC. Il est bien plus simple de créer une micro-entreprise dans la pâtisserie ou la plomberie que de lancer une start-up dont les produits révolutionneraient notre quotidien et notre manière de vivre. En 2012 a émergé à Sidi Abdellah, à Alger, un grand incubateur destiné à accompagner les idées novatrices des jeunes dans le domaine des nouvelles technologies et des solutions en ligne. En six années d'existence, cet incubateur a accompagné 350 projets. En 2016, l'année de la refonte du système d'incubation a vu la création de 15 start-up devenues indépendantes, nous dit-on. En cours d'accompagnement, le site de Sidi Abdellah compte une dizaine de start-up. Des moyens colossaux ont été dépensés pour accompagner les start-up, mais le résultat est bien maigre. Le site de Sidi Abdellah, ou plus exactement à Rahmania, est ultra moderne, il faut toutefois être véhiculé pour y accéder. La ville de Sidi Abdellah émerge petit à petit autour de ce Technoparc qui attendait depuis un bon moment un souffle de vie, lui qui a été planté au milieu d'un no mans land. «Je ne suis pas d'accord avec ces sondages qui nous viennent d'ailleurs. Ce n'est pas réellement représentatif de la situation que nous vivons. Beaucoup de choses se font pour encourager les jeunes et les start-up mais malheureusement on ne communique pas assez», nous dit Abdelhakim Bensaoula, directeur général de l'ANTP (Agence nationale de promotion et de développement des Technoparc) en charge de la gestion des incubateurs de start-up en Algérie. Pour notre interlocuteur, il existe bel et bien une stratégie et des actions concrètes de développement du secteur des TIC en Algérie et dont les résultats se verront à moyen et long termes. Des pays voisins qui n'ont pas forcément nos moyens sont pourtant mieux classés que l'Algérie. «Il y a des pays qui font très peu mais qui communiquent beaucoup et cela donne l'impression qu'ils font beaucoup de choses. L'Algérie est dans la catégorie des pays qui font beaucoup et qui communiquent très peu. Je doute donc très fort du classement de l'Algérie à la 110e place en termes d'innovation... Lorsque l'on vient à examiner les projets qui sont développés au niveau des Technoparcs et incubateurs relevant de l'ANPT ainsi que dans d'autres incubateurs gérés par des opérateurs mobiles, les jeunes nous épatent à chaque fois avec leurs idées à la pointe de l'innovation qui proposent des solutions à des problématiques de tous les jours, que ça soit ici à Alger ou à Oran, Annaba et au Sud du pays. Une jeune fille de Tindouf a récemment été primée à Paris et a décroché la première place mondiale pour son idée», indique Abdelhakim Bensaoula en notant que si 350 start-up pour un pays comme l'Algérie c'est peu, mais si on compte 10 start-up l'année dernière qui ont réussi à s'intégrer dans la vie économique c'est une bonne chose. L'objectif n'est pas le nombre, selon le DG de l'ANPT, mais l'impact économique qu'aura l'entreprise qui sortira de l'incubateur. Louant les mérites des mécanismes d'aide à l'emploi des jeunes, le même responsable estime toutefois qu'ils doivent être adaptés aux besoins du domaine des nouvelles technologies. «Dans les TIC, les jeunes n'ont pas besoin d'un fonds d'amorçage important comme pour lancer une usine ou un autre projet économique nécessitant beaucoup d'équipements. Les mécanismes tels que l'Ansej ou autres qui sont très importants sont un peu lents pour ce type de projets. Dans les TIC, une idée a une durée de vie de six mois, et si on n'arrive pas à la lancer elle devient dépassée», nous dit-il en annonçant qu'il y a un travail qui est en train de se faire dans ce sens afin d'alléger les procédures et les adapter aux TIC. L'ANPT projette de créer un fonds d'amorçage pour soutenir les jeunes à travers un apport financier leur permettant de lancer et de développer leurs entreprises. Un fonds de 15 milliards de dinars a été débloqué pour rentabiliser les infrastructures et accompagner le développement du réseau des incubateurs au niveau national. En sus des incubateurs de Sidi Abdellah et Oran, un nouvel incubateur entrera en production à Bordj Bou Arréridj en septembre prochain, et ceux d'Annaba et Ouargla seront renforcés. Les mécanismes d'aide à l'emploi inadaptés aux TIC «Il faut savoir que l'ANPT travaille sur fonds propres et devient rentable. Là où la demande et un besoin se présentent on installe un incubateur. Nous avons aussi le projet de lancer un incubateur à Sidi Bel Abbès qui a été dans les années 70′ un hub de l'électronique en Algérie», indique M. Bensaoula en notant qu'au niveau de Sidi Abdellah, les travaux de finalisation des deux tours vont être entamés et qu'un projet d'hébergement pour les jeunes entreprises est en discussions bien avancées. Notre interlocuteur estime que le problème majeur que rencontrent les jeunes promoteurs dans les TIC réside dans la réticence des grandes entreprises à se rapprocher d'eux. «Les grandes entreprises se demandent toujours si elles ne prennent de risque en misant sur un jeune ou qu'elles doivent se contenter d'importer le produit clé en main. Notre travail consiste à nous porter garants des produits de nos jeunes. Il vaut mieux investir dans ce jeune et prendre un risque pour gagner votre indépendance d'un fournisseur étranger. L'ANPT est là pour garantir le produit des start-up auprès de ces clients potentiels», note le DG de l'ANPT en soulignant qu'au niveau de l'incubateur les jeunes promoteurs ont tous les moyens et possibilités de tester leurs produits. Un centre d'expérience télécom autonome existe à Sidi Abdellah permettant aux utilisateurs de voir ce qui se fait ailleurs, en Chine, en Corée, en Europe, et de tester leurs réseaux et de travailler avec leurs homologues étrangers. «Nous avons des conventions avec des Technoparcs de Moscou, Belgrade, Tunisie et nous sommes en discussion avec Séoul et Dubaï. Ceci permettra à nos jeunes d'avoir de la visibilité et d'être au diapason de ce qui se fait ailleurs. C'est un secteur qui n'a pas de frontières, et nous encourageons nos jeunes à réfléchir et de développer des produits à l'international, ne pas se limiter au marché national. Et ça marche.» Nous avons rencontré de jeunes gérants de start-up et ils sont unanimes à dire que même si le lieu est extrêmement bien construit et très moderne, l'emplacement du site à Sidi Abdellah n'encourage pas trop les jeunes à venir. «Ce site a le mérite d'exister, on aurait aimé qu'il soit placé dans un centre urbain, cela aurait attiré beaucoup plus de jeunes, là on est loin de tout. Il est vrai que ça commence à changer, mais nous avons malheureusement pris du retard que nous devons rattraper en matière de développement des TIC», nous dit un jeune au niveau de l'incubateur. Notre interlocuteur souligne avoir trouvé tous les moyens sur place pour développer son projet et qu'il a trouvé le coaching nécessaire, mais il connaît des lumières et des génies qui auraient aimé avoir la même chance que lui et que l'éloignement du site a découragés à venir. Autre problématique citée par nos jeunes interlocuteurs, l'instabilité au niveau de la direction de l'ANPT. Des solutions intelligentes attendent preneurs «Changer de directeur tous les deux ans ce n'est pas une bonne chose, car chacun a une approche différente. A chaque fois on se demande ce qu'il adviendra de nous. On sent que l'actuel directeur fait des choses, nous trouvons une écoute et constatons qu'il y a plus d'événements, mais on veut de la stabilité afin que nous puissions travailler sans nous soucier de ce qui va advenir», nous dit un autre jeune en notant que la bureaucratie est le plus grand frein aux TIC. D'ailleurs, la mise sous tutelle du Technoparc de Sidi Abdellah du ministère de la Poste et Télécommunications dérange nos jeunes promoteurs de projets. «Il s'agit d'un incubateur censé créer des entreprises, et c'est au monde économique et entrepreneurial auquel il doit être rattaché et non pas à une administration centrale.» Le site fonctionnerait, nous dit-on, à seulement 30% de ses capacités, il lui reste une grande marge pour se développer, sinon ça sera la mort. Le souci qui habite les jeunes après la phase de la réalisation de leur projet, c'est comment arriver à vendre leurs solutions. «On aurait aimé avoir une antenne Ansej ici. Des fonds sont dépensés pour nous héberger et nous coacher ici, mais les pouvoirs publics ne viennent pas voir où on en est, ou du moins nous permettre de vendre nos produits à des entreprises publiques. Afin que le bénéfice soit palpable pour chacun. Des entreprises étrangères nous contactent, mais pas les entreprises algériennes», regrette un de nos interlocuteurs. «Quand je suis arrivé en 2015, c'était vraiment isolé, il n'y avait pas un bus qui passait, mais les choses changent à un rythme très rapide. La ville s'agrandit et le train arrive même jusqu'ici. Il est vrai que Sidi Abdellah est un grand chantier aujourd'hui, l'état des routes n'encourage pas trop le déplacement, mais ça va changer. Les jeunes viennent parce qu'ils trouvent tous les moyens de mettre à exécution leur plan de développement de solutions et projets viables. On continue d'acheter des solutions numériques venant d'ailleurs sans se soucier du danger que cela représente pour notre indépendance technologique, il est donc stratégique d'arriver à développer ces produits en Algérie par des Algériens. Il y va de notre sécurité, mais aussi ce sera un gain économique énorme», souligne Abdelhakim Bensaoula avant d'ajouter que beaucoup de jeunes développent des solutions dans la sécurité informatique, le e-learning, le développement de contenus numériques, la gestion des écoles, le développement de systèmes agricoles, l'intelligence économique et le web marché en ligne, pour ne citer que ces domaines.