Les éléments du Groupement de la Gendarmerie nationale de Tipasa avaient annoncé l'arrestation de cinq individus en ce début du mois de juillet 2018 au niveau de la plage El Hamdania «01» (Cherchell), à la suite de l'exploitation d'une information. Ces voyous agressaient les estivants qui se rendaient dans cette plage située à l'extrémité ouest de la corniche du Chenoua, d'abord, et ensuite ils exploitaient cette plage sans aucune autorisation. Le bilan de l'opération des gendarmes fait part de la récupération de deux fusils harpons, huit grands couteaux, deux bombes lacrymogènes, un lot de faux tickets de parking, une somme appréciable d'argent, récupérée auprès des délinquants. Nous avons pu effectuer un détour quelques jours après cette opération coup-de-poing, toujours au même endroit, la plage El-Hamdania «01». Les parkingeurs se sont scindés au niveau de trois accès, en raison de l'immensité de la plage. Chaque parkingueur nous signifie que l'accès est fixé à 100 dinars. Le bus qui transporte les familles doit payer en revanche la somme de 200 dinars pour bénéficier de l'accès à la plage. Une plaque collée à l'entrée indique un numéro de téléphone pour les estivants intéressés par la location des logements. Une cabine de fortune avait été installée au pied d'une petite dune pour servir de toilettes publiques. Point d'hygiène. L'accès à cette cabine est fixé à 30 DA. Un jeune garçon coiffé d'une casquette nous interpelle et s'approche de nous, «vous prenez des photos n'est-ce-pas, nous dit-il, vous verrez après», ajoute-t-il. Il s'est contenté de nous regarder, en marmonnant. Les conséquences de la voyoucratie et de l'absence de l'Etat. Les immatriculations des nombreux véhicules indiquent les provenances des familles qui viennent de loin pour se rafraîchir dans cette partie du littoral de la commune de Cherchell, en allant à la rencontre de la mer. Au niveau de la plage El-Hamdania «02», c'est le même scénario qui s'impose. Regard agressif des «gardiens» de ces plages. Au Journal télévisé de 20h, des passages relatifs à l'offre à titre gracieux faite par la wilaya d'Alger aux familles, notamment les tables et les chaises, alors que le stationnement dans les parkings est gratuit. Ce n'est pas le cas dans la wilaya de Tipasa. Sommes-nous soumis à la même règle, pourtant les deux communes font partie du centre du pays. Les actions initiées dans le cadre de la campagne d'envergure nationale de nettoiement et d'hygiène du milieu au niveau notamment des communes côtières dans la wilaya de Tipasa constituent une vue de l'esprit. Les officiels locaux se contentent de présenter la plage du Chenoua. Un cas isolé malheureusement. Des parkingueurs autorisés par l'administration nous invitent à quitter les lieux. Le parking de Chenoua Plage est «trop complet». Des équipes de la Gendarmerie nationale sont implantées au niveau des 38 plages autorisées à la baignade de la wilaya de Tipasa, alors que des rondes d'inspection sont prévues au niveau de 9 plages non autorisées à la baignade. C'est une manière pour les éléments de cette institution d'assurer la sécurité des estivants le long du littoral. Quant aux éléments de la Sûreté nationale de la wilaya de Tipasa, ils agissent dans le cadre d'un plan d'action mûrement réfléchi, de nuit comme de jour, pour éliminer les parasites qui agressent les familles. Les plages d'El-Hamdania disparaîtront dès l'entame des travaux du grand port commercial centre d'El Hamdania. Incessamment, deux ZET, en l'occurrence celles d'El-Hamdania et de Oued-Bellah ne feront plus partie du décor paradisiaque qui se trouve à l'extrémité ouest de la corniche du Chenoua. Pour l'anecdote, une malédiction incompréhensible s'est abattue sur ce site féerique situé sur le bassin méditerranéen. En effet, l'arrêté de concession d'extraction de sable de la plage El-Hamdania et trois ilôts (Cherchell) référencié n° 720 signé par le wali de Tipasa le 6 août 1994, au profit d'un pseudo-investisseur de Batna, le nommé K.M., aura favorisé le massacre de l'immense plage jusqu'à la transformer en un terrain lunaire. L'article n°3 de cet arrêté du wali stipule que le concessionnaire devait s'acquitter d'un montant de 50 000 DA (cinq millions de centimes) avant d'extraire et de vendre les centaines de milliers de tonnes de sable. En application des instructions du wali de Tipasa de l'époque, le directeur des Domaines avait saisi l'inspection des Domaines de Cherchell par envoi référencié n°5886 signé le 2 octobre 1994 pour veiller à l'exécution des ordres du wali. La course vers l'argent avait engendré la destruction des plages d'El-Hamdania, y compris celles de Oued-Bellah et de Tizirine. Des citoyens avaient profité de l'aubaine pour faire illicitement fortune. Un P/APC de la wilaya de Tipasa avait réussi à passer entre les filets. Ces souvenirs traversent notre esprit, alors que nous empruntons à nouveau la route pour nous enquérir des destinations naturelles prisées par les familles algériennes en cette période de canicule. L'état de la route de la corniche du Chenoua (CW109) est acceptable grâce aux travaux d'aménagement et de réhabilitation engagés par le secteur des travaux publics au niveau de cette «veine» qui longe cette partie du littoral des communes de Cherchell et de Tipasa, le versant nord de l'imposant mont Chenoua. Ce qui attire l'attention, c'est l'incroyable prolifération des habitations le long de la corniche, sans doute sans permis de construire. L'impunité et les complicités des responsables locaux sont à l'origine de ces sauvages agressions contre le domaine public maritime et le patrimoine forestier. L'autre point noir qui saute aux yeux des visiteurs, c'est la présence des monticules d'ordures le long du chemin de wilaya 109. La pollution n'a jamais rimé avec le tourisme. La plage Benaouda, dissimulée par une falaise, s'avère un espace accueillant pour les familles. Une baie. Les nombreuses familles semblent savourer le plaisir en se rendant au milieu de cet endroit naturel attrayant. Les grandes plages d'El Beldj affichent complet. Depuis cette route perchée, nous observons une chorégraphie des embarcations au milieu de la mer face aux deux plages couvertes de petites tentes et de parasols. L'incessant mouvement des automobilistes demeure actif. Des plaques indiquent la location d'appartements et de locaux commerciaux. Au niveau des falaises du Chenoua, beaucoup de véhicules sont stationnés. Les tourtereaux prennent du plaisir en fixant leurs regards vers le bas lointain pour découvrir les couleurs du fond marin. D'autres prennent des selfies pour immortaliser leur halte entre le mont Chenoua et la mer, à l'ouest de la commune de Tipasa. L'unique tronçon qui traverse le Chenoua-village de Tipasa ne semble pas suffire pour accueillir les voitures et les motos à deux roues. Les véhicules circulent à pas de tortue. Des parkingueurs armés d'un long bâton exploitent des espaces de la commune de Tipasa, cet axe routier qui longe les habitations luxueuses pour nous emmener vers la plage. Les occupants des véhicules préfèrent s'acquitter du montant exigé par les jeunes qui se prennent pour des propriétaires des rues et des espaces, afin d'éviter les soucis. Le retour vers Tipasa est indiqué par des plaques. Sa livraison annoncée en grande pompe pour le 5 juillet 2018, les travaux du pont de la sortie ouest de Tipasa-ville demeurent en cours. La wilaya de Tipasa est désormais réputée dans le non-respect des délais de réalisation de ses projets, en dépit des «big» annonces faites par les responsables à travers le canal d'un média local. L'amère réalité du terrain dévoile les carences, en dépit de cette propagande mensongère qui ne sert personne, encore moins le développement local. La wilaya de Tipasa renferme des sites qui méritent une sérieuse prise en charge, incontournable dans la création des emplois et des ressources financières, dans l'intérêt de l'épanouissement de ce territoire. Les potentialités naturelles, culturelles, touristiques et humaines sont disponibles. L'absence d'une réelle volonté pour leur mise en valeur ne permet pas à ces potentialités de transformer ce territoire et de le hisser à un niveau meilleur, car il est victime des pratiques maffieuses. Mais où en est-on avec les investissements dans le secteur du tourisme? Où en est-on avec la location des terrains de camping ? Chaque responsable de la wilaya est parrainé par une tutelle au niveau central, ce qui explique la présence de plusieurs directeurs de wilaya à leurs postes respectifs depuis des décennies. L'impact de leur «hibernation» sur le terrain au niveau de toute la wilaya n'a pas abouti aux résultats escomptés, compte tenu des efforts financiers gigantesques fournis par les hautes autorités de l'Etat depuis des années.