Fière de sa vieille ville, classée patrimoine protégé, la commune de Mila a procédé, dernièrement, à la réhabilitation de plusieurs fontaines publiques qui ornaient ses ruelles et ses places. Il est question, notamment, de restauration et de reconstruction en maçonnerie de vieilles fontaines dégradées datant de différentes époques plus ou moins lointaines, dont l'objectif simple est de sauver une partie du patrimoine, témoin de l'histoire de cette ville et, pourquoi pas, mettre un peu d'eau potable à la disposition du commun des passants, explique le P/APC. Les deux fontaines les plus connues de l'antique Milev, en l'occurrence Aïn el Balad et la Fontaine romaine, sont millénaires et continuent d'étancher la soif de générations de Miléviens depuis leurs sources qui se perdent sous le mont Marcho, sans que personne ne connaisse le tracé exact des canalisations qui transportent cette eau claire et bienfaisante. Les eaux abondantes que déverse, depuis la nuit des temps, la Fontaine romaine, une gargouille sculptée dans la pierre, ont irrigué les fameux jardins de Mila, aujourd'hui dévorés, hélas, par le béton. Cette source d'« or bleu » constituait pour Mila le repère symbolique de la ville, aussi fort que peut l'être Aïn Fouara pour Sétif, se souviennent, nostalgiques, les plus anciens des Miléviens. Les artistes locaux, ceux-là mêmes qui rivalisaient avec les grands maîtres constantinois du malouf, n'ont d'ailleurs pas manqué de chanter abondamment les célèbres grenadiers des jardins de Mila. L'artisanat millénaire vivait également à l'ombre des vieilles fontaines de la ville, comme ce fut le cas des « M'nachrya », nom que l'on donnait à la corporation des briquetiers qui façonnaient les tuiles dites romaines et qui faisaient le charme des vieilles médinas. La ville de Mila, qui fête chaque année son couscous le fameux « m'haouer », est réputée aussi pour ses cordons bleus, spécialistes en couscous à la traditionnelle, qui la peuplent. Centre urbain marqué par plusieurs civilisations successives, depuis les Aguellids berbères et les Romains, l'antique Milev s'enorgueillit de sites et de monuments de diverses époques. On y dénombre les inscriptions berbères découvertes au col de F'doulès, la mosquée Sidi Ghanem datant de l'époque d'un compagnon du prophète Aboudinar El Mouhadjer, les légendes datant de la période ottomane, encore vivaces dans les mémoires, jusqu'à la Révolution algérienne. Il y a quelques décennies encore, la majeure partie de la ville de Mila était riche de ses jardins et de ses vastes espaces verts, de ses élégantes fontaines, mais dont le débit, en s'amenuisant, a provoqué la dégradation de la vieille ville ainsi que la disparition de ses vergers verdoyants et, par-là même, de tous ses anciens artisans. L'effet positif de la réhabilitation des vieilles fontaines entraîne dans son sillage celle de la pierre taillée, matériau noble disponible en abondance à proximité de la ville, mais quelque peu « déclassé » par le très controversé béton. Le tout est salué à Mila comme une action salvatrice, et surtout un travail susceptible de redonner du caractère à cette cité millénaire.