Alors que les investisseurs français cherchent la « sécurité juridique » pour s'élancer davantage dans le marché algérien, les Allemands, eux, estiment que la nouvelle loi sur la concession « pourrait constituer un frein dans la mesure où certains investissements, à l'image des PME allemandes, nécessitent de grands terrains pour s'installer ». C'est ce que nous a déclaré hier le directeur général de la Chambre algéro-allemande du commerce et de l'industrie (AHK), Andreas Hengenrother, en marge d'une rencontre, « la bourse de coopération », regroupant une délégation d'entrepreneurs allemands des secteurs des transports et du BTP et des partenaires algériens. Pour étayer ses propos, M. Hengenrother a fait savoir qu'une « grosse cylindrée » de l'industrie allemande s'apprête à s'implanter en Algérie et les pourparlers sont en cours pour installer une grande usine en Algérie. L'annonce manque de détails. Notre interlocuteur se garde d'être plus précis de crainte d'« embarrasser » les négociateurs, nous a-t-il signifié. Il estime, néanmoins, que les choses seront beaucoup plus claires dans deux à trois mois, précisant à demi-mot que l'Algérie doit faire quelques concessions afin de permettre à ce projet de voir le jour. En d'autres termes, le foncier pose encore problème sous sa forme de concession, particulièrement pour les installations nécessitant les grands terrains. L'agriculture en fait partie. « Les prix proposés sont très élevés et la concession pour ce secteur précis constitue un véritable frein, car, les investisseurs veulent acquérir les terrains », explique le directeur général de l'AHK. Selon lui, plusieurs autres PME allemandes sont intéressées par des partenariats avec des entreprises algériennes, « mais ces partenariats doivent être lancés sur des perspectives concrètes à atteindre à terme », affirme aussi M. Hengenrother. Ce dernier a indiqué dans le même sillage qu'il faudra inclure la question de « l'acquisition des marchés dans ces perspectives ». En un mot, le foncier tel qu'il est proposé par la nouvelle politique arrange les « petits » investissements et sanctionne les grandes industries qui se font sur des assiettes plus ou moins larges qui répondent aux standards internationaux. L'on compte actuellement plus de 200 implantations de sociétés allemandes en Algérie. Bien avant les Allemands, les Français, par le biais de Michel de Caffarelli, président de la Chambre française de commerce et d'industrie à Alger (CFCIA), réclament quant à eux plus de « sécurité juridique » pour titiller les envies des investisseurs étrangers. Le président de la CFCIA a précisé que les nouvelles impositions fiscales « et toutes ces lois qui changent brutalement ne sont pas de nature à encourager les investisseurs ». Viendront s'ajouter à cela d'autres contraintes d'ordre bureaucratique, rendant l'implantation des entreprises étrangères encore plus difficile. Résultat : Abdelhamid Temmar, accablé de reproches d'une manière directe et/ou indirecte sur sa politique d'investissements directs étrangers, est appelé plus que jamais à éteindre le feu qui couve et qui menace l'avenir des investissements en Algérie. Sa politique est remise en cause à plus d'une reprise. La Coface (agence d'assurance crédit française) a maintenu hier le risque Algérie pour l'année 2009, selon l'APS. Pour la seconde année de suite, la notation de l'Algérie est A 4, c'est-à-dire au risque 4 sur une échelle de 7. A 4 correspond à un assez bon risque. Abordant le climat d'investissement en Algérie, la Coface relève que « la réglementation n'opère pas de discrimination entre les investisseurs nationaux et les investisseurs étrangers pour les projets réalisés dans les activités de production de biens et de services ». La Coface constate également que « la loi garantit le rapatriement des capitaux investis et de tous les revenus y afférents », omettant les nouvelles dispositions de la loi de finances 2009 qui imposent une taxe de 15% sur les bénéfices transférés. La Coface paraît aussi moins informée quant elle certifie l'ouverture à l'investissement privé du secteur des transports maritime et aérien.