Les mesures encadrant l'investissement étranger en Algérie ne cessent de semer la zizanie dans les milieux d'affaires étrangers. Il s'agit plus particulièrement des instructions signées par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le 22 décembre 2008 obligeant ainsi les groupes étrangers à s'associer avec des entreprises algériennes pour investir en Algérie, tout en laissant l'actionnariat majoritaire pour la partie algérienne. L'instruction oblige également les investisseurs étrangers à recourir uniquement au financement local. En contrepartie, des avantages fiscaux seront accordés aux éventuels investisseurs. En outre, les sociétés importatrices étrangères présentes en Algérie vont devoir faire entrer dans leur capital des entreprises algériennes à hauteur de 30 % au minimum. La mesure est entrée en vigueur le 1er mars. Les firmes étrangères déjà présentes dans le pays devront se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation d'ici au 31 décembre 2009. Il est vrai que ce recadrage des investissements directs étrangers illustre parfaitement les intentions des pouvoirs publics de mettre l'entreprise et la production nationale au-devant de la scène. Cependant, les investisseurs étrangers ne le conçoivent pas de la même manière. Selon eux, ce recadrage constitue un frein aux initiatives d'investissement dans le champ économique national. " La sécurité juridique est la condition préalable pour les investisseurs étrangers qui ont l'intention de s'engager durablement sur le marché algérien ". C'est ce qu'ont déclaré l'ambassadeur d'Allemagne en Algérie, Johannes Westerhoff, ainsi que le directeur général de la Chambre algéro-allemande du commerce et de l'industrie (AHK), Andreas Hengenrother, lors d'une conférence de presse animée, hier, à la résidence de l'ambassadeur. Les deux conférenciers estiment que l'Algérie représente un marché intéressant pour beaucoup d'investisseurs allemands. Les entreprises reconnaissent le potentiel énorme de l'économie algérienne et cherchent à établir un partenariat gagnant-gagnant avec les acteurs économiques algériens, incluant le transfert de savoir- faire et la formation professionnelle. Néanmoins, " les mesures concernant les investissements étrangers rapportées dans la presse nationale ont entraîné un climat d'incertitude parmi les entreprises internationales et allemandes ", ont-ils soutenu. " Des investisseurs étrangers sont énormément préoccupés par le règlement concernant la majorité obligatoire du partenaire algérien et surtout par l'application des mesures de manière rétroactive ", ont-ils ajouté. " Du côté européen on a fait part de la préoccupation et de l'inquiétude de nombreux investisseurs européens suite à ces changements intervenus depuis décembre 2008 dans le régime des investissements étrangers ", a déclaré SE l'ambassadeur. Par ailleurs, le diplomate a saisi cette occasion pour établir un petit bilan concernant les relations économiques algéro-allemandes. Selon les deux conférenciers, celles-ci ont connu un développement très positif et dynamique au cours des années précédentes. Et pour cause, le nombre d'entreprises représentées en Algérie ne cesse d'augmenter. Ainsi, à l'heure actuelle, on en dénombre environ 200 entreprises. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu une hausse de 30% en 2008 par rapport à l'année 2007. Aux dires de M. Hergenröther, " les exportations de l'Algérie vers l'Allemagne ont surpassé celles de l'Allemagne vers l'Algérie, soulignant ainsi notre partenariat gagnant-gagnant ". En 2008, les exportations de l'Allemagne vers notre pays se sont chiffrées à 1,49 milliard d'euros. Par ailleurs, les produits fournis par l'Allemagne à l'Algérie sont dans leur majorité des machines, véhicules, produits électrotechniques et chimiques. Pendant la même période, les importations de l'Allemagne en provenance de l'Algérie se sont élevées à 1,73 milliard d'euros. Comme dans les années précédentes, la majorité des marchandises importées proviennent du secteur pétrolier (98%). A noter que l'Allemagne participera, pour la 10ème fois consécutive, à la Foire internationale d'Alger (FIA) avec une quarantaine d'entreprises. Hamid M.