Le littoral de la wilaya de Tipasa, autrefois très fréquenté durant la saison estivale, ne l'est plus malheureusement. Chaque institution, en l'occurrence la Sûreté et la Gendarmerie nationales, la Protection civile, dévoile son bilan. En réalité, le bilan d'une wilaya en dégénérescence ne peut pas être positif. La saison estivale avait été devancée par un long feuilleton de «rencontres» au siège de la wilaya, ayant regroupé les élus locaux (APC et APW), fonctionnaires et services techniques. La recette des conclaves n'a pas changé depuis des années. Il suffit de le demander à la directrice du tourisme de la wilaya de Tipasa, installée depuis 18 années à son poste, pour se rendre compte des secrets des préparatifs des saisons estivales à Tipasa. Sur une instruction verbale étrange du chef de l'exécutif de la wilaya, le P/APC de Tipasa réunit les membres de son APC afin de céder des terrains de camping implantés dans la ZET de Chenoua aux œuvres sociales du ministère de la Justice et celles de la DGSN, cette dernière alors dirigée par le général-major Hamel Abdelghani. Les délibérations sont signées. L'accès avait été interdit au journaliste d'El Watan lors de la tenue de l'assemblée communale, alors qu'elle devait être publique. Plus grave encore, le P/APC a décidé du report des enchères des adjudications. Un mystère. L'enquête sur l'exploitation des terrains de camping et l'impact sur l'APC s'avère nul : aucune rentrée d'argent dans les caisses de l'APC de Tipasa. Un acte contraire aux instructions fermes du ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui. L'omerta est respectée. Il n'en demeure pas moins que les campings concernés avaient été exploités par des privés sans qu'ils soient inquiétés durant l'été dernier. En dépit de toutes les mesures prises lors «des regroupements» animés par le wali, beaucoup de travaux prévus n'ont pas vu le jour le long du littoral de la wilaya. Retard La saison estivale a donc été entamée par un premier scandale. Il s'agit du diktat des parkingueurs. Tous les discours officiels relatifs à l'accès gratuit aux plages n'ont pas été traduits sur le terrain. Laxisme local. Les éléments du Darak ont procédé à l'arrestation de quelques voyous, sans pour autant permettre un accès gratuit à toutes les plages. Des plaques indiquant que l'accès était libre à la plage, mais la mention «gratuit» a été effacée. Par ailleurs, des enfants de puissants généraux-majors dont certains ont été écartés dernièrement par le président de la République, d'une part, et des «illustres» inconnus, d'autre part, ont tous bénéficié des largesses du wali de Tipasa. Le Conseil d'Etat n'a pas encore tranché à propos de ces scandaleuses réattributions du foncier signées par le wali, malgré leur annulation auparavant par la chambre administrative de Blida. En effet, chanceux ces enfants privilégiés du système qui ont bénéficié d'arrêtés de réattribution de milliers de m2 de terrain à proximité d'Alger et de Tipasa, au moment où certains projets de logements inscrits depuis des années n'ont pas été entamés à cause de l'absence du foncier. Enigme ! Des investisseurs avaient sollicité l'influente «Madame Dalila» pour acquérir des terrains et des logements promotionnels. La saleté et les odeurs nauséabondes propagées dans les villes côtières n'ont pas fait réagir les décideurs locaux, hormis la commune de Hadjret Ennous qui tente de se maintenir à un niveau acceptable. Pour ne citer que le cas de l'ex-capitale Césarée, devenue aujourd'hui la définition de l'anarchie, de l'insalubrité et de l'illicite. L'éclairage public fait terriblement défaut. Les espaces publics qui inspiraient par le passé les poètes sont clochardisés à présent. Les commerces illégaux prolifèrent dans cette localité côtière, alors qu'elle fut l'une des destinations touristiques du pays. Les services de sécurité et les responsables locaux contemplent la déliquescence de leur localité, encouragée certes par la passivité de ses habitants. La lutte contre les moustiques, les chiens errants, et bien d'autres maux ne font plus partie des préoccupations des gestionnaires locaux. Lors de leurs mandats, de surcroît durant la saison chaude, les responsables locaux ont appris à voyager hors du pays pour découvrir les territoires des gens civilisés. Inutile de s'étaler sur les souffrances du reste des communes de la wilaya. Des exploitations agricoles sont irriguées avec des eaux usées. Les fonctionnaires de la wilaya ne veulent pas dévoiler cette autre tare qui foudroie les paysages. Les BRQ locaux existent. La pollution n'a pas épargné la mer, le littoral, les villes, les axes routiers, les forêts, y compris les cimetières. Profitant d'un environnement favorable, le choléra à son tour s'est invité en cette saison estivale pour enfoncer encore la wilaya vers les profondeurs. Quant aux eaux polluées, elles continuent à se déverser dans la mer, après avoir traversé des douars et des habitations urbaines. Les responsables des APC ont du mal à exécuter dans leurs territoires respectifs les décisions de justice relatives aux constructions illicites à cause de leurs liens forts avec les «délinquants» qui défient les lois du pays. Des commerçants exercent leurs activités selon leur humeur, sans registre de commerce ni identification fiscale au vu et au su des fonctionnaires de l'administration du commerce. Les voies publiques sont squattées. La police se montre impuissante. L'institution dirigée par le colonel Lahbiri ne se sent pas concernée par cette dégradation des espaces urbains. Les hommes en bleu sont parfois invisibles dans les villes. S'agit-il d'un problème d'effectifs ? Des jeunes occupent les rues pour racketter les automobilistes. Diktat de la voyoucratie La rentrée scolaire a commencé, hélas, par des couacs dans certains établissements scolaires. Des enseignants d'un établissement scolaire du cycle moyen n'ont pas trouvé mieux que d'observer un arrêt de travail dès le premier jour. Le nombre des élèves dans chaque classe est impressionnant. A Douaouda Marine, dans un établissement du cycle primaire, la wilaya de Tipasa n'a pas équipé les classes. En effet, les responsables de l'école ont placé quatre (04) écoliers par pupitre. Toutes les réunions sur les préparatifs de la rentrée scolaire 2018/2019 ont abouti à ce flop. Des libraires sont écœurés par la multiplication des vendeurs de fournitures scolaires en ce début du mois de septembre. Des locaux commerciaux, des cybercafés, des vendeurs de téléphones portables, tous se sont transformés par magie pour s'adapter au commerce de la rentrée scolaire. En outre, le scandale du sénateur de Tipasa (corruption, ndlr) est devenu une histoire ancienne. L'acte anormal de solidarité affiché par ses copains sénateurs a fait couler beaucoup d'encre. La cour de Tipasa a confirmé le verdict du tribunal à l'encontre de deux fonctionnaires de la Conservation foncière pris en flagrant délit de corruption. Pour une affaire de mœurs, un directeur de l'exécutif de la wilaya avait été écroué par la justice. Après un séjour en prison, il a bénéficié de la grâce du président de la République. Heureusement pour la wilaya de Tipasa, la présence d'un canal local de propagande distille des nouvelles locales optimistes pour donner de bonnes couleurs à la gestion chaotique des affaires publiques locales. La justice continue à explorer et à étudier les sombres dossiers des scandales qui ont éclaté depuis le début de l'année 2018 à Tipasa. Certains individus convoqués par le juge d'instruction sont déjà surpris par «ces invitations» du magistrat. Tipasa vit au rythme des fiascos et des scandales inadmissibles. Le ministre Tayeb Louh ne cesse de réitérer la volonté de l'Etat d'instaurer la transparence à tous les niveaux. Les commentaires des citoyens continuent à être alimentés par ces scabreuses affaires à Tipasa. L'échéance du mois d'avril 2019 se profile à l'horizon. L'immobilisme et l'impunité observés dans ce petit territoire méditerranéen risquent de produire des dégâts imprévisibles.