Le littoral de la wilaya de Tipasa est investi par des centaines de milliers d' estivants venus de tout le pays, et même de l'étranger, à la recherche de fraîcheur, de repos, d'évasion et de bons souvenirs. Le taux d'occupation est effrayant durant la saison estivale. Les autorités de la wilaya de Tipasa avaient épuisé «leurs gisements» de discours et de promesses. Aujourd'hui, au bord de la mer, les compatriotes font face à l'anarchie, à l'impunité et au diktat des hors-la-loi, qui sévissent le long de la côte. Etrange. Les discours officiels et les orientations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du ministre de l'Intérieur, Nourredine Bedoui, n'ont pas eu d'impact sur le terrain, comme l'avaient souhaité les décideurs du pays. Nous nous contenterons de citer seulement l'exemple de la commune du chef-lieu de la wilaya de Tipasa, qui dispose de plages très prisées par les familles. Inutile donc de s'étaler sur les autres, à l'image de celles de Douaouda, Fouka, Aïn Tagouraït, Cherchell, Sidi Ghilès et quelques-unes de la partie ouest de la wilaya de Tipasa. Au siège de l'APC de Tipasa, la nouvelle s'est répandue. Le président de l'APC vient d'être victime d'un grave malaise au siège de la daïra de Tipasa. Il a été évacué à l'hôpital pour subir des soins d'urgence. Le poids des pressions et des incohérences est devenu insupportable. Des employés de l'APC révoltés par le climat qui règne nous sollicitent pour dénoncer les agissements et les menaces des hors-la-loi impunis. «Nous ne sommes plus protégés dans nos lieux de travail et subissons des pressions, il est impossible de travailler et de mener nos missions dans ces conditions actuelles, nous vivons l'enfer et ne sommes pas soutenus, les responsables sont informés mais ne réagissent pas», nous indique ce fonctionnaire lassé par ce climat délétère qui pèse sur leur quotidien. Théoriquement, l'APC de Tipasa a loué de petits espaces qui serviront de dépôts aux tables, chaises et parasols, qu'on appelle les espaces de servitude. Le coût de la location est de 500 DA le mètre carré. Le nombre de jeunes «commerçants de l'été», qui souhaitent intégrer cette activité n'est pas limité par la commune. Ces loueurs devaient rester à l'intérieur du périmètre de leur surface louée et se mettre au service des estivants, afin d'assurer la prestation de service. La location de quatre chaises, une table et un parasol est de 1000 DA pour toute la journée. Mais sur le terrain, c'est autre chose. Les jeunes prestataires de service installent sur une grande superficie de la plage leurs tables, chaises et parasols. Une surface supérieure à celle louée. L'inconvénient, c'est que l'installation de ces équipements s'effectue tout près du rivage. Les familles munies de leur équipement de plage n'ont plus le choix pour s'installer sur un bout de plage, tout près de la mer. L'hypocrisie des fonctionnaires locaux de l'Etat à Tipasa, mis au courant de ces dépassements, ne se manifeste pas uniquement sur ce point. Officiellement, l'accès à la plage est gratuit. Or, sur le terrain, la réalité est toute autre. Toutes les plages sont «infiltrées» par des groupes de jeunes. L'accès au parking est fixé à 200 DA pour un véhicule de tourisme, 500 et 1000 DA pour les camionnettes, pour les minibus ou les fourgons, nous précisent deux jeunes au torse nu, «employés» du parking. «Vous pouvez voir avec le responsable, la personne qui a la sacoche et porte une casquette, il va venir», nous expliquent ces «employés» du parking. Au niveau de l'APC de Tipasa, on nous confirme qu'aucune autorisation n'a été délivrée pour l'exploitation des aires de stationnement sur les plages. Nos interlocuteurs reconnaissent que l'accès est payant. L'illicite. Pourquoi les autorités de notre pays décident de la gratuité du stationnement des véhicules et à la fois, ils n'ont pas mobilisé les moyens pour appliquer les instructions officielles ? Les familles qui refusent de payer sont expulsées manu militari par ces bandes de jeunes. Autrement, elles doivent se soumettre au diktat des hors-la-loi du littoral, qui bénéficient hélas de la complicité de ceux qui sont censés faire appliquer les instructions du gouvernement à l'échelle locale. L'autre point noir pour que les autorités de la wilaya affichent leur incapacité à résoudre, c'est le refus des concessionnaires des campings de la commune de Tipasa de payer la concession. Pourtant, ces campings n'ont jamais cessé leur activité. Leurs bungalows et leurs tentes sont loués à ce jour. L'APC de Tipasa avait délibéré et établi un PV relatif à la mise aux enchères de ces campings. La daïra avait approuvé la délibération. Une rentrée de ressources importantes pour les caisses de l'APC de Tipasa. Le chef de l'exécutif de la wilaya avait décidé l'annulation de la mise aux enchères de ces campings, dans la perspective de les intégrer dans des projets d'investissement au profit des promoteurs «chanceux». Un camping, qui devait fermer ses portes depuis le 31/12/2015, continue à travailler en se fichant allègrement de la loi, assuré par la complicité d'un individu qui découvre Tipasa et perpétue les traditions qui gangrènent le fonctionnement de la wilaya. Cet ex-loueur de camping avait résisté aux tentatives d'expulsion de deux ex-walis de Tipasa. Son impunité empêche l'exécution de la loi. A présent, il bénéficie du soutien qui lui trouve d'autres prétextes. Aucune autorité n'a osé le mettre hors du site, pourtant la validité de son bail est largement dépassée. L'APC de Tipasa est désarmée. Elle est affaiblie par ces intrusions. Elle a décidé de saisir les autres concessionnaires des campings concernés, en leur envoyant d'abord l'avenant de prolongation de l'actuel contrat de location qui a expiré en mai 2016. Cette prolongation est valable jusqu'au 31 décembre 2016. L'APC de Tipasa est soucieuse de l'encaissement de l'argent de la location des campings pour renflouer ses caisses. L'APC de Tipasa avait accompagné l'avenant par un autre document qui engage le locataire du camping à évacuer le site qu'il occupe au plus tard le 31 décembre 2016. Tous les responsables des campings destinataires des documents avaient refusé de signer l'engagement. Chaque camping peut compter sur les «actions» occultes et déroutantes de leur soutien qui gravite autour de la sphère administrative et bureaucratique locale, afin de faire durer cette situation. Ils sont encouragés par le laxisme des fonctionnaires responsables de Tipasa. Ils n'ont pas régularisé leur situation. Il y a un exemple devant eux. Ce responsable d'un camping a tenu tête à l'Etat sans rien payer. Il constitue un argument pour eux. L'APC de Tipasa n'avait qu'une seule solution dans cet incroyable univers du secteur du tourisme dans la wilaya de Tipasa, géré par une directrice depuis plus de 16 ans. L'APC de Tipasa avait saisi le trésorier communal pour qu'il prenne en charge le dossier de ces campings et encaisse éventuellement l'argent de la location pour augmenter ses ressources financières. Questionné sur le non-paiement de la location du camping, après sa décision d'annulation des enchères, Abdelkader Kadi, wali de Tipasa répond : «L'accès aux plages est gratuit, y compris pour les stationnements des véhicules, nous avons autorisé les jeunes à louer leurs parasols, tables et chaises aux citoyens qui veulent louer ces équipements. Nous avons mobilisé des campings pour recevoir les enfants et les familles du Sud.» «Mais on veut savoir comment les campings de la commune de Tipasa continuent à louer leurs chalets et tentes, en encaissant de l'argent, sachant que la wilaya avait annulé la délibération de l'APC de Tipasa relative aux enchères, pourtant c'est son bien», demande le journaliste d'El Watan. «L'Etat sait ce qu'il fait et prendra des mesures, ces gens peuvent faire ce qu'ils veulent. D'abord, je tiens à vous préciser que ces campings appartiennent à l'Etat, non pas à l'APC de Tipasa, allez vérifier les sommiers de consistance et vous allez voir à qui ils appartiennent», conclut-il. La directrice du tourisme de la wilaya avait promis de lancer incessamment une énième enquête publique sur la ZET du Chenoua (Tipasa). Une nouvelle parade. Les autorités de la wilaya souhaitent sacrifier les terres agricoles au profit des cubes de béton pour créer plusieurs gigantesques complexes touristiques. Dévoiler la liste des opérateurs au nom de la transparence, ces investissements créateurs de richesses, sera une louable initiative. En dépit de la prise de décision, le foncier agricole sur lequel doivent être érigés ces complexes touristiques n'a pas fait l'objet de déclassement de la part du CIM (Comité interministériel). Les élus de l'APW n'avaient même pas débattu, ni étudié le dossier relatif à l'aménagement de la ZET du Chenoua. Ils n'avaient pas été destinataires du dossier. Ils avaient été contraints de lever la main sur injonction du P/APW et du wali, pour approuver le dossier, sans connaître le détail sur ce qui va se passer à l'avenir dans cette partie fragile et sensible du territoire de la commune de Tipasa. Le volet juridique de ces terres prendra du temps. Alors pourquoi les responsables de la wilaya de Tipasa se sont-ils précipités pour annuler la délibération de l'APC de Tipasa, approuvée par la daïra, relative à la mise aux enchères des campings avec des prix revus à la hausse ? Un manque à gagner pour la commune de Tipasa. A qui profitent les rentrées d'argent de ces campings pour cette saison estivale 2016 ? Les membres du gouvernement, notamment les ministres du Tourisme, de l'Agriculture, de l'Intérieur, devront se pencher sérieusement sur ce qui se trame dans cette wilaya, un territoire qui a toujours fait l'objet de convoitises, de surcroît au moment où le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ne cesse de mettre en garde les décideurs sur l'absence d'une gestion transparente, rigoureuse des affaires publiques locales, de surcroît durant ces pénibles moments, afin de faire face aux difficultés qui résultent de la crise économique et financière que traverses notre pays.