Les deux Corées ont ouvert hier un bureau de liaison conjoint dans la localité nord-coréenne de Kaesong, rapportent des médias. Il est destiné à faciliter les échanges transfrontaliers, améliorer les relations entre le Nord et les Etats-Unis et apaiser les tensions militaires. La localité de Kaesong fait partie du côté nord de la péninsule depuis la guerre de Corée (1950-53) qui s'est achevée sur un armistice et non un traité de paix. Ce nouveau signe de rapprochement intervient alors que le président sud-coréen, Moon Jae-in, est attendu à Pyongyang, mardi, pour le troisième sommet entre les deux pays. Depuis la fin avril et le premier sommet intercoréen de Panmunjom, village de la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule, les deux pays cherchent à multiplier les projets conjoints dans de nombreux domaines. Le président sud-coréen a joué un rôle important dans la politique de dégel sur la péninsule, qui a abouti à une rencontre, en juin à Singapour, entre le dirigeant du Nord, Kim Jong-un, et le président américain, Donald Trump. Le Nord a «la volonté de mener sa dénucléarisation» et les Etats-Unis sont prêts à tourner la page des relations hostiles et fournir des garanties de sécurité, a indiqué jeudi le président Moon. «Mais il y a des blocages, car chaque camp demande à l'autre d'agir en premier», a-t-il relevé. Au cours du sommet du 12 juin à Singapour, le président Trump et le dirigeant Kim Jong-un étaient parvenus à un vague compromis en faveur d'une «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne». Déclaration sans calendrier ni modalité, bien loin de la dénucléarisation «complète, vérifiable et irréversible» exigée par les Etats-Unis. Inertie et incertitude Le processus de dénucléarisation du Nord demeure jusque-là au point mort. Début août, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a appelé, lors du forum de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), à Singapour, à «maintenir la pression diplomatique et économique» sur Pyongyang. Cela «afin d'arriver à une dénucléarisation définitive et totalement vérifiée à laquelle la Corée du Nord s'est engagée». Il a fustigé la Russie, évoquant des informations selon lesquelles elle continue de faire affaire avec des Nord-Coréens et d'offrir du travail aux expatriés nord-coréens, source importante de revenus pour le régime de Pyongyang. «Ce serait une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies», et «toute violation» sera «prise très au sérieux par les Etats-Unis», a-t-il indiqué, promettant d'en parler avec Moscou. «Le président Kim a pris un engagement», a observé le chef de la diplomatie américaine, celui «de dénucléariser son pays». Mais «nous savons tous que cela prendra du temps», a-t-il ajouté. Interrogé par Channel NewsAsia, il a dû admettre que «le calendrier final pour la dénucléarisation sera fixé par le président Kim, au moins en partie». Pyongyang n'a pas apprécié les déclarations du chef de la diplomatie américaine. Malgré les «mesures de bonne volonté» prises par la Corée du Nord, Washington «donne de la voix pour maintenir les sanctions», trahissant «des mouvements aux Etats-Unis voulant revenir en arrière, loin des intentions de leur dirigeant», a réagi le ministre des Affaires étrangères nord-coréen, Ri Yong Ho, à Singapour, après le départ du secrétaire d'Etat américain. «L'impatience n'aide pas du tout à construire la confiance. Surtout quand on avance des exigences unilatérales», a-t-il ajouté. Et de prévenir : «Tant que les Etats-Unis ne montreront pas dans la pratique leur volonté d'éliminer ce qui nous pose problème, il n'y aura aucune possibilité que nous avancions de notre côté.» Fin août, le président Trump a annulé la visite de son secrétaire d'Etat en Corée du Nord. «J'ai demandé au secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, de ne pas aller en Corée du Nord à ce stade, car j'ai le sentiment que nous ne faisons pas suffisamment de progrès en matière de dénucléarisation de la péninsule coréenne»,a tweeté le président des Etats-Unis. Amnay Idir