Du côté des Hauts-Plateaux sétifiens, le secteur de la culture navigue à vue. L'absence d'un directeur attitré en est la cause. Le ministère de la Culture n'a pas jugé utile de remplacer à temps l'ex-directeur, parti à Constantine. Le pénalisant «vide» perdure depuis presque deux ans. Le forfait sidéral donne le coup de grâce à un secteur se morfondant, ces dernières années, dans un spleen des plus affligeants. Ne restant pas indifférent face à un bateau prenant l'eau, Toufik Mezaâche, un comédien ayant fait ses preuves ici et ailleurs, fustige la manière de faire des chargés d'un secteur agonisant. A travers un coup de gueule, il lance un SOS. Sans complaisance aucune, l'interprète de la grande et inoubliable pièce Le retard met le doigt sur une plaie, non seulement béante, mais gangrenée. En ayant gros sur le cœur, le comédien pointe du doigt les dégâts occasionnés par un intérim qui n'en finit plus : «A Sétif, la situation de la culture frôle la catastrophe. Je n'attends pas la fin de l'année pour dénoncer les blocages. Pour l'illustration, la direction de la culture n'a pas jugé utile d'honorer l'artiste, le 8 juin, coïncidant avec la journée nationale de l'artiste. Prévues du 17 au 21 août dernier, les journées du rire ont été sabordées par l'intérimaire. Dire que le projet dont le coût est de 80 millions de centimes a été approuvé et financé par le wali, un homme de culture. On a essayé de discuter avec le premier responsable, en vain. Par une telle attitude, le ‘‘directeur'' a privé le grand public de grands moments de rire et de divertissement. Il a en outre empêché des comédiens de travailler», souligne en préambule notre interlocuteur. «Les artistes qui ont animé les soirées du mois de Ramadhan ne sont toujours pas payés. La modique somme de 40 000 DA se fait désirer, quatre mois après. Pour ne pas fâcher le chef, on n'a pas le droit de réclamer notre maigre pécule. On peut en outre dire beaucoup de choses à propos de la khaïma (tente) culturelle installée à Djemila lors du dernier Festival de la chanson arabe. Les principaux acteurs de la vie culturelle sétifienne n'y ont pas été conviés. Il est inconcevable de lancer en plein été l'activité à partir de 17h. L'inertie d'une direction se distinguant par un énorme déficit d'initiatives et de communication achève bien des chevaux pur-sang arabes. Les innombrables blocages découragent les bonnes volontés. Il est anormal qu'une ville comme Sétif ne dispose pas d'un Café littéraire, de journées dédiées au livre et à la lecture. Ceci n'est que la partie émergée de l'iceberg», précise le comédien qui a bien voulu parler de ses futurs projets : «En dépit des entraves et coups bas, on ne lâche pas prise. Je finalise un nouveau one-man-show, El Mamnouate El-Achre (les 10 interdits). Le spectacle d'une heure met à nu l'individu et son comportement. La générale de la nouvelle pièce est programmée pour mars 2019. Je dois en outre concrétiser la pièce interprétée par des jeunes infirmes moteurs cérébraux (IMC) disposant d'un talent fou», résume Toufik Mezaâche, ne perdant ni le nord ni son légendaire sourire. Bref, la culture est, le moins que l'on puisse dire, «sinistrée» à Sétif, où l'on attend le nouveau directeur officiant actuellement à Guelma. Devant hériter d'un véritable cadeau empoisonné, le futur responsable du secteur aura la lourde tâche de redresser la barre, de dépoussiérer les dossiers du Salon du livre, en «veilleuse» depuis deux ans, et de la fameuse bibliothèque principale, dont l'inscription remonte à 2009. Pour conclure, Sétif attend donc depuis presque dix ans, le lancement d'une bibliothèque principale. Sa concrétisation est donc «victime» de burlesques faux problèmes.