La remontée des prix du pétrole et l'échéance électorale de 2019 donnent à la mouture budgétaire concoctée par le gouvernement pour l'année prochaine «un contour social» qui semblait en voie d'être petit à petit gommé, depuis 2016, par l'Exécutif, dans le sillage de la chute des cours du pétrole. Pas de nouvelles taxes en 2019 dans l'avant-projet de loi de finances pour l'année prochaine (PLF-2019) et maintien des subventions, contrairement à ce qui avait été longuement prédit, il y a quelques mois, par les membres du gouvernement dans un fouillis de déclarations et de contre-déclarations, quant à la nécessaire poursuite de la politique entamée en vue d'établir progressivement la vérité des prix des produits énergétiques notamment. «Aucune nouvelle taxe ou augmentation des prestations publiques n'est proposée dans le projet de loi de finances pour 2019», peut-on lire dans le communiqué du Conseil des ministres, tenu sous la présidence du chef de l'Etat, mercredi. Le gouvernement, qui augmente sensiblement – élection oblige – le budget de fonctionnement – incluant notamment le montant des transferts sociaux –, change-t-il de stratégie ou fait-il simplement une halte pour reprendre le fil des augmentations de taxes et la révision du système des subventions après le passage du gué électoral ? Il est sûr en tout cas que l'Exécutif Ouyahia, ayant fort à faire pour passer l'imbroglio politique de 2019, préfère jouer l'apaisement social, une carte plus en adéquation avec l'échéance présidentielle qui se rapproche. Il remise ainsi ses innombrables professions de foi sur le nécessaire retour à une orthodoxie financière, dans un contexte de crise financière subie par le pays depuis la dégringolade des prix du pétrole. En attendant des auspices meilleurs, le gouvernement module aussi son langage, soulignant, selon le communiqué du Conseil des ministres, que le projet de loi qui a été élaboré sur la base d'un cadrage macroéconomique «prudent» avec un prix du pétrole à 50 dollars le baril, un taux de croissance de 2,6% et un taux d'inflation de 4,5%, prévoit une augmentation en 2019 de l'enveloppe budgétaire allouée aux transferts sociaux par rapport à l'année 2018, avec un montant de 1763 milliards de dinars contre 1760 milliards. Les transferts sociaux représentent 21% du budget Un montant qui représente près de 21% de la totalité du budget de l'Etat de l'année 2019, qui est près de 8560 milliards de dinars. Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux couvriront notamment plus de 445 milliards de dinars destinés au soutien aux familles, tandis que près de 290 milliards sont destinés aux retraites, auxquels s'ajoutera une dotation d'appui de 500 milliards de dinars à la Caisse nationale des retraites (CNR). Ces transferts sociaux comportent également près de 336 milliards de dinars pour la politique publique de santé et plus de 350 milliards pour la politique publique de l'habitat, auxquels s'ajouteront près de 300 milliards mobilisés pour ce secteur par le Fonds national d'investissement (FNI). A travers ces transferts sociaux, il s'agit, tient à souligner le gouvernement, «de continuer à soutenir la politique sociale de l'Etat, notamment par le soutien aux familles, à travers la subvention des produits de base, l'éducation et l'accès à l'eau et l'énergie, la santé, le logement, les retraites et l'accompagnement des faibles revenus, des démunis et des handicapés». Dans sa partie budgétaire, le texte prévoit des recettes de 6508 milliards de dinars en légère hausse par rapport à celles de 2018, dont 2714 milliards de fiscalité pétrolière. Quant aux dépenses budgétaires, elles s'élèveront, selon le communiqué du Conseil des ministres, à 8557 milliards, en légère baisse par rapport à celles de 2018. Concernant le budget de fonctionnement, il est estimé à 4954 milliards de dinars «avec une légère hausse découlant de la situation sécuritaire aux frontières ainsi que du relèvement des transferts sociaux. Le budget d'équipement s'élèvera à 3602 milliards de dinars de crédits de paiements et de 2600 milliards d'autorisations de programme destinées à de nouveaux projets ou à des réévaluations». La légère baisse nominale du budget d'équipement, tient à mettre en relief l'Exécutif, «ne correspond pas à un recul de la politique publique d'investissement, mais elle découle notamment d'une baisse de près de 300 milliards de dinars des crédits consacrés l'année dernière à l'assainissement des créances détenues sur l'Etat», précise le communiqué du Conseil des ministres. Le gouvernement plaide malgré tout pour «la consistance du budget d'équipement pour 2019» qui confirme, selon lui, «la poursuite de l'engagement de l'Etat en faveur du développement économique et social» avec notamment des dotations de 625 milliards de dinars pour l'appui au développement humain, près de 1000 milliards de soutien multiforme au développement économique et 100 milliards de dinars de concours au développement local.