Après presque cinq mois de vacance du poste, d'incertitudes et de tâtonnements, la wilaya de Béjaïa a son nouveau chef d'exécutif en la personne de Ahmed Maabed, un énarque qui reprend sa fonction de wali, après 38 mois de «mise en réserve». Sa nomination met fin à une situation d'intérim assurée par le SG Toufik Mezhoud, qui a réussi à arracher son ticket gagnant au prix d'une visibilité soutenue, pendant ces cinq mois, ce qui lui a finalement valu le poste de wali d'Annaba. Comme à chaque mouvement de walis, l'opinion bougiote s'interroge sur le profil du nouveau fonctionnaire de l'Etat que l'on charge de prendre les rênes d'une wilaya qui, jusque-là, n'est pas satisfaite des bilans de ses responsables. Que pourra faire Ahmed Maabed ? Quelle est son approche ? Quelle rythme imprimera t-il ? Quelle feuille de route ? Ahmed Maabed a été, pendant un peu moins de deux ans, wali de Mostaganem, qu'il a quittée en juillet 2015, pour être remplacé par Temmar Abdelwahid, promu ministre de l'Habitat deux ans plus tard. M. Maabed n'a pas encore cette «chance» d'être dans les bonnes grâces des décideurs des remaniements ministériels. Il a disparu de la scène depuis le mouvement partiel de l'été 2015. Remplacé à Mosta par un ex-futur ministre, Ahmed Maabed se trouve à Béjaïa, encore une fois sur la voie d'un autre wali promu, puisqu'il prend le siège laissé vacant par Mohamed Hattab, promu en avril dernier ministre de la Jeunesse et des Sports, le seul parmi les walis de Béjaïa qui a rejoint l'équipe gouvernementale. Avant Mostaganem, Ahmed Maabed a croisé à Jijel, où il a été premier responsable six ans durant, le destin d'un autre wali de la wilaya de Béjaïa, Ali Bedrici, en l'occurrence, qui l'a remplacé dans son poste en 2010. La carrière du nouveau chef de l'exécutif wilayal a débuté avec le premier mandat de Bouteflika. En 2000, il a été désigné wali délégué de Hussein Dey et en 2010 à la tête de la wilaya d'El Tarf. En 15 ans d'exercice de cette haute fonction, l'on n'a pas entendu parler de coups de gueule d'Ahmed Maabed à la manière, par exemple, de Ouled Salah Zitouni, dont il a été mis fin à ses fonctions en décembre 2016. Insalubrité et bureaucratie Une partie de la population de Béjaïa s'est montrée nostalgique d'une la manière forte, impulsive et secouant publiquement les fonctionnaires de l'administration de Zitouni, jusqu'à faire circuler la rumeur de son retour à la tête de la wilaya. Les raisons du départ de Zitouni, qui a été fortement assimilé à un limogeage, sont demeurées floues, bien qu'officiellement il ait été dit qu'il est appelé à d'autres fonctions. Mais ni retour ni promotion gouvernementale, pour celui que l'on surnomme le «bombardier». Ahmed Maabed arrive à Béjaïa avec une méthode de travail sans extravagance. Ceux qui l'ont côtoyé ou qui l'on connu dans la besogne le présentent comme un homme calme, mais qui ne maîtrise pas à tous les coups ses colères. En décembre 2013, le maire de l'APC de Mostaganem l'a appris à ses dépens, pour avoir été sermonné par le wali qui n'a pas apprécié que les caniveaux se trouvant devant le siège de la wilaya soient encombrés de saletés. Il y a tout de même un peu de Zitouni dans la manière. Rien ne garantit qu'on ne réveiller pas de telles colères dans une wilaya où tous les «caniveaux» sont encombrés. Ahmed Maabed prendra ses fonctions ces jours-ci, dans une wilaya qui n'avance pas à un rythme respectable, qui puisse rattraper son grand retard de développement, une wilaya qui manque de tout, y compris de l'élémentaire hygiène. A Mostaganem, Maabed avait souligné deux urgences : l'insalubrité et la bureaucratie. Il y a de ces coïncidences heureuses et qui sont les bienvenues : c'est exactement les grands maux de Béjaïa. Un Epic de wilaya devait être créé pour prendre en charge l'épineux problème des déchets ménagers. Le projet est toujours bloqué malgré les promesses et la bureaucratie n'y est pas pour rien. A Mostaganem, un Epic similaire a été créé, avec mission supplémentaire de s'occuper de l'éclairage public, qui fait aussi grandement défaut à Béjaïa. Il est attendu du nouveau wali de faire de même, de débloquer l'Epic, de relancer les projets bloqués, mais surtout de délier les mains croisées.