Il va déposer sa démission dans les prochaines 24 heures, au plus tard dans les 36 heures qui viennent. Saïd Bouhadja s'est enfin résolu à démissionner, estimant qu'il ne peut plus travailler dans de telles conditions. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) jette l'éponge. Après près d'une semaine de suspense et de confusion ayant entouré l'avenir de l'institution législative, la majorité parlementaire a fini par convaincre, sous la pression, le troisième homme du pouvoir à quitter son poste. «Nous attendons qu'il démissionne dans 24 heures, au plus tard dans les prochaines 36 heures», a déclaré, hier à la presse, Mourad Bouchareb, chef du groupe parlementaire du parti du Front de libération nationale (FLN), au sortir d'une réunion l'ayant regroupé avec Saïd Bouhadja et les quatre chefs des groupes parlementaires du RND, du MPA, de TAJ et des Indépendants. Au cours de cette réunion décisive, le président de l'APN s'est montré «compréhensif» de la situation d'impasse dans sa relation avec la majorité qui l'a pourtant élu il y a un peu plus d'une année. «Il (Bouhadja, Ndlr) nous a clairement fait savoir, en toute responsabilité, qu'il ne peut continuer à travailler dans ces conditions», explique Bouchareb, décrivant le climat serein dans lequel s'est déroulée la rencontre. Ce que va confirmer d'ailleurs Cheikh Berbara, chef du groupe parlementaire du Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Benyounès. «Nous avons parlé dans le calme, la sérénité et en toute responsabilité. Nous avons évoqué la pétition signée par 320 députés et sur ce, M. Bouhadja nous a promis de démissionner dans les prochaines 36 heures», a-t-il déclaré, non sans saluer «la compréhension» trouvée chez le président de la Chambre basse du Parlement, «un moudjahid et un homme qui a la culture de l'Etat». Ainsi, le président de l'APN aura facilité la tâche à la majorité afin d'entamer les tractations pour choisir et élire son remplaçant, moins d'une semaine après l'éclatement de l'affaire. En fin de semaine dernière et durant tout le week-end, Bouhadja a maintenu le suspense autour de son avenir, espérant un signal de la présidence de la république et refusant «le chantage» des signatures, d'autant plus qu'il se savait intouchable à travers cette option n'ayant aucune valeur juridique. La Constitution (Article 131) et le Règlement intérieur de la Chambre basse du Parlement (Article 10) lui confèrent un mandat législatif complet et déterminent la vacance seulement dans les cas d'incompatibilité, d'incapacité, de décès ou de démission. Mais avait-il vraiment le choix ? Il faut dire que politiquement, il aurait gagné plus en s'offrant une sortie honorable que de s'exposer à la confrontation sur la place publique. Son lâchage en public par le secrétaire général du parti l'a sûrement poussé à changer de position. S'exprimant avant-hier en marge d'une rencontre avec les militants à Médéa, Djamel Ould Abbès dira que «si M. Bouhadja refuse de démissionner, cela induira un blocage des activités du Parlement». Et ce sera donc sans l'intervention directe du Palais d'El-Mouradia que le troisième homme du pouvoir jette l'éponge, après avoir compris qu'il ne fait plus l'unanimité. Le chef du groupe parlementaire du parti FLN a tenu à le signaler : «C'est une question qui concerne les députés et les partis. On ne veut pas impliquer une quelconque institution». Mais, en fin de compte, il faut admettre que Saïd Bouhadja a bel et bien été poussé à la démission. Un limogeage maquillé en démission…