Le gouvernement tente de se montrer « serein et pas du tout inquiet » par les défections des candidatures sérieuses à la prochaine présidentielle. Interrogé hier par les journalistes, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'éprouve aucune gêne à brocarder « les personnalités politiques qui tournent le dos à cette consultation populaire », en particulier Saïd Sadi et Abdallah Djaballah. « Est-ce qu'il y a quelqu'un qui leur a interdit de venir (...) », s'est-il interrogé en marge de la journée parlementaire sur la réconciliation nationale. Une journée organisée par les députés de l'Alliance présidentielle et qui a eu le parfum d'un meeting de campagne pour le président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Dans son intervention à l'ouverture des travaux de cette journée, Ahmed Ouyahia est allé plus loin dans sa critique en qualifiant « ceux qui boudent la présidentielle d'avril 2009 » de « politicards de salons ». « L'Algérie n'est pas constituée de salons politiques et elle n'est pas aussi un marché pour argent malsain. Si ces gens ont tendance à oublier, nous leur rappelons ce qui s'est passé en 2004. Le peuple est la base de la démocratie et le seul décideur », lance-t-il, comme pour dire que l'élection aura lieu et Bouteflika aura son troisième mandat. Quoiqu'il arrive, la caravane passera. En 2004, rappelons-le, de nombreuses personnalités politiques (candidats ou non à l'élection présidentielle) ont créé un front pour une élection transparente, mais sans pour autant être parvenus à influer sur le cours de l'élection. Revenant sur la réconciliation nationale, Ahmed Ouyahia infirme d'emblée l'existence de tout autre projet ou mesure visant à promouvoir encore cette politique. « Les dispositions de la charte ont été décidées par le peuple lors d'un référendum et s'il y a de nouvelles mesures, il doit être consulté encore une fois », soutient-il. Selon lui, le processus de réconciliation nationale « est très positif, du point de vue du traitement juridique des dossiers et de la prise en charge des cas sociaux ». « S'agissant de l'esprit et du corps de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qui permet de réconcilier les Algériens entre eux et avec le pays, le processus est encore long », ajoute-t-il. Cette journée parlementaire est organisée à l'effet, disent les mauvaises langues, de « blanchir » le bilan du président Bouteflika. Ainsi, les responsables de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) n'ont pas cessé, tout au long de cette rencontre, de louer les mérites de cette politique, initiée par leur candidat à la prochaine présidentielle. Tout en vantant cette politique, le président du MSP, Bouguerra Soltani, a formulé une série de propositions à prendre en charge après le prochain scrutin. Selon lui, les candidats doivent inclure dans leur programme un paragraphe mentionnant la promotion de la réconciliation et le prochain président doit activer l'article 47 de la charte pour la paix, portant sur la promotion de cette politique. Le président du MSP exige également la levée de l'Etat d'urgence en 2011 et tous les verrous qui entravent le champ politique en 2012. Le leader du MSP avoue ainsi que même au sein du gouvernement, on reconnaît le verrouillage du champ politique. Ce n'est pas tout. Bouguerra Soltani, qui projette de prendre le pouvoir en 2012, veut préparer le terrain pour y parvenir !