Aujourd'hui, le dilemme se pose pour le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Les dernières «confidences sous forme de conseils» du Président Bouteflika faites à Belkhadem et à Ouyahia, dans lesquelles il leur laisse clairement entendre qu'ils doivent choisir entre rester au gouvernement ou s'occuper de leurs partis respectifs ont commencé à produire leurs effets. Auparavant, le ton avait été donné avec la démission du président du MSP, Bouguerra Soltani, de son poste de ministre d'Etat, une exigence longtemps revendiquée par ses adversaires au sein du parti. Aujourd'hui, le dilemme se pose pour le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, qui a affirmé, avant-hier, dans nos colonnes, qu'il était disposé à laisser son portefeuille de ministre d'Etat: «Je suis prêt à quitter le gouvernement et à opter pour le parti», a-t-il répondu sans fioritures. Ce sera ensuite au tour de l'actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de répondre à cette interrogation même si la question est maintenant ouvertement posée. Le Premier ministre continuera-t-il à exercer sa fonction au sein du gouvernement ou devra-t-il quitter lui aussi la chefferie du gouvernement pour se consacrer exclusivement aux affaires de son parti, le RND, dans l'optique des prochaines élections générales prévues en 2012? Choix cornélien, en effet, pour le commis de l'Etat comme aime-t-il souvent à le rappeler. Le n°2 du RND, Miloud Chorfi, contacté à ce sujet, préfère ne pas trop s'aventurer sur cette question: «Je n'ai aucun commentaire à faire» dira-t-il avant d'ajouter: «Je ne suis pas habilité à répondre à la place de M.Ouyahia (...) posez-lui la question aujourd'hui lors du sommet de l'Alliance.» Mais connaissant la personnalité du secrétaire général du RND, la réponse coule de source. Il continuera à exercer sa fonction de Premier ministre quitte à sacrifier son parti pendant un moment. Certes, il y va peut-être de l'intérêt supérieur de la Nation, mais le Premier ministre est la personne qui sait au mieux que la démission serait finalement pire que le maintien en place. En attendant d'avoir une réponse précise, se dirige-t-on vers la nomination d'un homme du Président pour le reste du mandat présidentiel? Généralement, un mandat présidentiel comporte deux Premiers ministres différents. Si le premier est plutôt un représentant politique de la majorité, le second est plus un homme du Président, parfois un haut fonctionnaire, avec une allégeance plus grande vis-à-vis d'El Mouradia. Le chef de l'Etat a «consommé» pas moins de cinq chefs de gouvernement et un Premier ministre depuis son accession à la magistrature suprême du pays en 1999. Dans l'hypothèse d'un départ du gouvernement de Ouyahia, le chef de l'Etat nommera-t-il un Premier ministre non partisan et ayant les caractéristiques développées plus haut, c'est-à-dire un homme proche de lui et haut fonctionnaire? Or, un maintien du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, montrerait qu'il est bel est bien soutenu par le Président Bouteflika qui lui aura, pour ainsi dire, entièrement renouvelé sa confiance. Ahmed Ouyahia est devenu, à son corps défendant, l'un des rares, pour ne pas dire le seul chef de gouvernement depuis l'Indépendance à s'être succédé trois fois à lui-même. Si Abdelaziz Belkhadem part de sa propre volonté, car un long et difficile travail de reconstruction du FLN l'attend, il n'en est pas de même pour l'ex-ministre d'Etat, Bouguerra Soltani, qui paie de sa personne pour tenter de sauver le bateau MSP qui a commencé à prendre eau de toutes parts.