Abdellah Djaballah a tranché. Il ne participera pas à l'élection présidentielle d'avril prochain. Mettant ainsi fin au suspense, le chef islamiste n'a pas été loin pour chercher des arguments à sa démarche. Dans une déclaration qu'il a faite à l'issue de la session du majliss echoura, tenue ce week-end, du Mouvement El Islah, il a d'abord insisté sur le fait qu'« il ne sert à rien de prendre part à un rendez-vous électoral dont le résultat est connu d'avance ». Les élections présidentielles, selon lui, ont été « fermées en novembre 2008 avec la révision de la Constitution qui autorise le président Bouteflika à briguer un troisième mandat ». Adoptée, dira-t-il, par un Parlement « n'ayant aucune légitimité, la révision constitutionnelle a mis à nu les visées du pouvoir, et participer aux présidentielles ne serait qu'une manière de cautionner l'opération et blanchir les résultats décidés à l'avance ». Abdellah Djaballah, qui travaille pour la reconstruction des partis politiques qu'il a fondés, El Islah et Ennahdha, ne compte cependant pas rester inactif face à une telle situation. Il laisse entendre qu'il ne rentrera pas à la maison mais militera, au contraire, en faveur du boycott. « Il ne reste devant le peuple qu'à rééditer l'abstention du 17 mai 2007 en refusant de jouer lors de la prochaine comédie présidentielle pour que le pouvoir comprenne qu'il rejette ses politiques », indiquera le leader islamiste, qui n'y est pas allé de main morte dans un réquisitoire sans complaisance envers le système. « Nous avons assisté, au long de deux mandats, à une multiplication inquiétante des scandales financiers et à une horrible dégradation de la situation économique et sociale dans le pays », a souligné Djaballah, en ajoutant : « Jamais le champ politique n'a été aussi fermé et jamais les médias lourds n'ont été aussi monopolisés. » Le principal fondateur des mouvements Ennahdha et El Islah a rejoint, dans son analyse sur la situation politique nationale, beaucoup de personnalités et de partis qui se sont déjà prononcés en faveur du boycott des prochaines joutes électorales. Pour lui, « les partis, la presse et les élections ont été vidés de leur sens pour ne servir que de façade démocratique à un pouvoir qui refuse de donner la parole au peuple ». Les formations politiques qu'« on qualifie de grandes ne sont, selon lui, que le résultat des fraudes électorales et le mauvais usage des deniers publics ». Abdellah Djaballah, qui compte fédérer les courants islamistes, affirme que « la non-participation est le seul moyen de lutte qui reste ». Et ce faisant, il n'a pas l'intention de demeurer inactif tant il laisse entendre que l'appel au boycott sera suivi d'actions sur le terrain.