Photo : Riad Par Amar Rafa Abdallah Djaballah ne participera pas à la présidentielle de 2009. En faisant état de cette décision du conseil consultatif national (madjliss echoura), lors d'une conférence de presse hier au siège de Bir Mourad Raïs, le leader islamiste a précisé que «la question a été tranchée par le régime lors de la révision de la Constitution, qui lève la limitation des mandats présidentiels». En estimant que les prochaines élections seront «à sens unique», il expliquera que «dans un climat normal, comme cela est le cas dans les pays démocratiques, la participation aurait été nécessaire, mais, en Algérie, des élites ont démontré qu'elles ne veulent pas de la démocratie, que le triumvirat de partis qui compose l'Alliance présidentielle n'est intéressé que par ses propres intérêts». «Le pays vit une impasse politique et une agression criante sur la liberté de partis, sans tirer les leçons de l'abstention du 17 mai 2007», selon lui. Dans ce cadre, il considère que «l'administration a continué de verser dans le monopole et de l'alignement en faveur des détenteurs de la décision dans le pays», cela qui «ne laisserait le choix au peuple que d'administrer la même leçon qui exprime le refus des politiques suivies», a-t-il ajouté. Selon M. Djaballah, le climat dans lequel se sont déroulées les élections de 2004 «a beaucoup changé», en ajoutant qu'elles étaient une occasion pour concrétiser l'alternance au pouvoir, d'inaugurer la pratique démocratique, et de semer l'espoir à tous les niveaux socio-économiques et politiques, notamment. Toutefois, a-t-il affirmé, «il y a eu non seulement régression dans le domaine des libertés collectives, mais le pouvoir pratique les complots et coups fourrés, dont nous en sommes les plus touchés». Lors de la prochaine présidentielle, «il est essentiel que le régime tire les enseignements nécessaires de cette abstention et corrige les politiques suivies jusque-là», en mettant en garde contre le phénomène dangereux de «rupture de confiance», qui «agrandit le fossé entre gouvernant et gouvernés». Interrogé sur la forme que prendra son abstention, Abdallah Djaballah indiquera que sa position évoluera avec les événements. Elle pourrait soit se limiter à une participation, où prendrait la forme d'un appel au boycott. S'agissant de la réunification du courant islamiste, Abdallah Djaballah indiquera que cette démarche commune entre El Islah «légitime» et le mouvement Ennahda «historique» de réunification du courant islamiste a été entérinée par le conseil national (Madjliss echoura) réuni jeudi dernier. Il expliquera que la démarche commune concerne, en premier lieu, l'aile d'El Islah qui lui est restée fidèle et le mouvement Ennahda historique, qui comprend les cadres et les militants restés en dehors du champ politique, «las des divisions, mais favorable à la reconstruction du courant islamiste». Cette démarche pourrait concerner dans une seconde étape tout le courant islamiste, pour s'étendre, ensuite, aux partis nationalistes qui croient à la nécessité de changement de la politique actuelle. Toutefois, il a affirmé n'avoir reçu aucune réponse de l'autre aile d'El Islah, dirigée par Boulahia. Avec le pouvoir, Djaballah a indiqué qu'il n'y a pas eu de démarches réelles mais des contacts indirects mais ils n'étaient pas sérieux. «L'offre n'était pas claire», a-t-il dit en précisant, que «ma participation était souhaitée, mais celui qui connaît mon cursus sait que je n'y prendrai pas part». En affirmant que la démarche Islah-Ennahda sera consolidée lors d'un congrès qui aura lieu prochainement, dont l'objectif de l'étape, concerne la reconstruction du parti Ennahda historique, Djaballah n'a pas exclu que cette réunification ait lieu sous une nouvelle dénomination, mais que «cette question sera décidée en son temps». En soulignant la nécessité de soumettre toutes les questions à la référence idéologique, Djaballah a dit que «l'essentiel pour nous est la ligne politique, l'indépendance des décisions du parti». Des questions qui, a-t-il précisé, ont fait l'objet d'un consensus et qui pourraient donner lieu à une commission mixte entre les deux parties susmentionnées.