Riyad a rejeté hier toute menace de sanctions liées à la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, et promis de contre-attaquer en cas de mesures hostiles à son égard, rapportent des médias. «Le royaume affirme qu'il rejette entièrement toute menace ou tentative de l'affaiblir, que ce soit via des menaces d'imposer des sanctions économiques ou l'usage de pression politique», a déclaré un haut responsable sous couvert de l'anonymat, cité par l'agence officielle SPA, relayée par des médias. Cette déclaration intervient alors que Donald Trump a promis samedi un «châtiment sévère» à Riyad s'il a ordonné le meurtre de Jamal Khashoggi. Un peu plus tard dans la journée, l'Arabie Saoudite dément toute intention de «tuer» le journaliste Jamal. «Ce qui a été rapporté au sujet d'ordres de le tuer est un mensonge et une allégation infondée», a déclaré le ministre saoudien de l'Intérieur, Abdel Aziz Ben Saoud Ben Nayef. Il s'agit, a-t-il affirmé, de «fausses accusations contre l'Arabie Saoudite (…) au sujet de l'affaire de la disparition du citoyen Khashoggi». En mai 2017, Donald Trump a choisi l'Arabie Saoudite pour son premier déplacement à l'étranger. Washington annonce 110 milliards de dollars de contrats pour des ventes d'armements à l'Arabie visant à contrer les «menaces iraniennes» et combattre les islamistes radicaux. Quelques jours plus tard, l'Arabie Saoudite et plusieurs de ses alliés rompent leurs relations avec le Qatar, l'accusant de soutenir des groupes «terroristes» et lui reprochant ses liens avec l'Iran. Ce que dément Doha. Le royaume interrompt les liaisons aériennes et maritimes avec le Qatar et ferme la seule frontière terrestre de l'émirat. Au Yémen, Riyad engage, en mars 2015, le combat contre les rebelles houthis qui contrôlent la capitale Sanaa. Ces derniers résistent toujours à la coalition internationale menée par l'Arabie Saoudite et soutenue par les Emiratis. Jamal Khashoggi, journaliste collaborant notamment avec le Washington Post, a été vu pour la dernière fois le 2 octobre en train d'entrer dans le consulat saoudien d'Istanbul, où il était venu obtenir un document nécessaire à son futur mariage. Quatre jours plus tard, des responsables turcs cités par les médias ont affirmé qu'il a été tué dans le bâtiment, des allégations aussitôt jugées «infondées» par Riyad. La police turque a par la suite indiqué qu'une équipe de 15 Saoudiens était arrivée à Istanbul par avion le 2 octobre. Selon des médias turcs, ces hommes sont venus tuer le journaliste et ont récupéré des images de vidéo surveillance, avant de quitter le pays. De leur côté, Londres, Paris et Berlin ont publié hier une déclaration commune adressée aux autorités saoudiennes demandant à ce que «la lumière soit faite» sur la disparition. «Défendre la liberté d'expression et une presse libre, et assurer la protection des journalistes sont des priorités essentielles pour l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France», ont déclaré dans un communiqué commun les ministres des Affaires étrangères des trois pays, Heiko Mass, Jeremy Hunt et Jean-Yves Le Drian. «Dans cet esprit, la lumière doit être faite sur la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi», ont exigé les trois dirigeants, qui réclament une «enquête crédible» pour «le cas échéant, identifier les responsables» et «s'assurer qu'ils rendent des comptes».