Les élèves du lycée Okba à Bab El Oued, accusés d'avoir porté « atteinte à l'emblème national », sont psychologiquement anéantis. « Nos enfants sont en train de souffrir. Ils sont toujours sur leurs gardes, même en sortant dans la rue. Ils craignent des lendemains incertains. Ils ne savaient pas la portée de leur geste, malheureux certes, mais qui n'appelle pas à une sanction aussi disproportionnée. » Les parents d'élèves des malheureux lycéens, qui nous ont rendu, hier, visite à la rédaction, contestent le rapport accablant rédigé par le directeur de cet établissement. Ces parents affirment que le « dessin a été fait par un ancien élève sur un carton représentant l'emblème national, qui n'a pas été enlevé ni même déchiré ou arraché. Sur ce même carton ont été dessinés des graffitis faisant penser que c'est le drapeau français ». Nos interlocuteurs sont catégoriques, en affirmant que les élèves n'ont « ni déchiré, ni remplacé, ni même voulu offenser l'emblème national ». Ces allégations sont confortées par un adjoint de l'éducation du même lycée qui affirme dans sa lettre, dont nous détenons une copie, avoir vu et constaté que l'emblème national est resté intact dans toute sa contexture. « Les emblèmes, que ce soit celui à l'intérieur de l'enceinte ou celui à l'extérieur de l'établissement, n'ont été ni déchirés, ni brûlés, ni remplacés par les cinq élèves », affirme-t-il. Par ailleurs, les parents d'élèves tiennent à dénoncer les anomalies relevées dans les procédures qui ont suivi l'acte répréhensible des lycéens. Ils précisent qu'ils n'ont reçu aucune convocation pour assister au conseil de discipline. Pis encore, ils indiquent qu'ils n'ont pu prendre connaissance du contenu du rapport, et qu'ils n'ont même pas été tenus au courant des griefs retenus à l'encontre de leurs enfants. « Le directeur a exercé un chantage sur les élèves en les incitant à signer une reconnaissance des faits, que lui-même a dictés pour soi-disant leur pardonner et les autoriser à reprendre les cours », soutiennent-ils en faisant remarquer que les élèves « ont été sévèrement réprimandés et se repentent de cet acte irréfléchi ». Pour cela, les parents des cinq élèves demandent l'indulgence du ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, afin de permettre à ces élèves de reprendre les cours : « Nos enfants sont en train de souffrir. Ils sont toujours sur leurs gardes, même dans la rue. »