Comment peut-on transformer un événement anodin en une affaire politique ? A quelle fin les responsables du lycée Okba d'Alger ont ils monté une cabale mensongère contre des élèves qui sont en fin de cursus ? », s'est interrogé hier le père d'un des cinq élèves du lycée Okba, accusés d'avoir porté atteinte à l'emblème national, voulu nuire à la conscience et à l'éducation nationales. Ce père admet que l'acte commis par les élèves est irréfléchi, certes punissable, mais pas condamnable. Néanmoins, les parents des lycéens envisagent, après le dénouement de cette affaire, de poursuivre en justice le directeur de cet établissement scolaire qui a tenté de compromettre l'avenir de leurs enfants afin de camoufler une défaillance imputable au service pédagogique de son école. Très touchés et inquiets par la tournure prise par cette affaire, les parents demandent aux autorités de faire preuve de sagesse, de compréhension et de clémence envers leurs enfants et de ne pas les priver de la poursuite de leurs études. « Nos enfants passent le bac science cette année, on ne peut pas les sanctionner et les exclure de l'école pour un geste, certes malheureux, mais qui n'appelle pas à une sanction aussi disproportionnée », ont soutenu les parents qui se sont rendus hier au tribunal de Bainem pour assister à l'audience prévue entre les élèves et le juge. Une séance reportée à la semaine prochaine. Craignant des lendemains incertains, les parents interpellent les pouvoirs publics. Dans une lettre adressée au ministre et aux différentes parties concernées, les parents de ces élèves ont remis en cause le rapport accablant élaboré par le directeur de cette école. « Ce directeur, de mauvaise foi, a visiblement éprouvé un malin plaisir à créer une hystérie sur ces faits et d'inscrire nos enfants en faux contre ces accusations gravissimes », a souligné un parent d'élève. Les élèves en question n'ont ni déchiré l'emblème national ni hissé le drapeau français, selon les parents. Les lycéens sont sortis de leur cours de maths pour aller dans une autre classe vide dans un moment de folie ils ont pris un tableau (dessin) accroché au mur où étaient mis en valeur l'emblème national à côté d'un extrait de Qassaman. Ces parents affirment que ce « dessin a été fait par un ancien élève sur un carton représentant l'emblème national, qui n'a pas été enlevé ni même déchiré ou arraché. Seulement sur ce même carton, les élèves ont dessiné des graffitis faisant penser que c'est le drapeau français ». Nos interlocuteurs sont catégoriques en affirmant que les élèves n'ont « ni déchiré, ni remplacé, ni même voulu offenser l'emblème national ». Toutefois, les parents insistent sur le fait que le directeur a opéré un chantage sur les élèves en les incitant à signer une reconnaissance des faits que lui-même a dicté pour, soi-disant, leur pardonner et les autoriser à reprendre leurs cours. Les parents des lycéens tiennent, à cet effet, à dénoncer les anomalies relevées dans les procédures qui ont suivi l'acte répréhensible des lycéens. Ils précisent qu'ils n'ont reçu aucune convocation pour assister au conseil de discipline. Pis encore, ils indiquent qu'ils n'ont pu prendre connaissance du contenu du rapport et qu'ils n'ont même pas été tenus au courant des griefs retenus à l'encontre de leurs enfants et regrettent que le directeur n'ait pas cherché à comprendre les motivations ayant conduit à cet acte. « Nous tenons à préciser que les motivations des lycéens ne sont ni d'ordre politique ni religieuse et ne s'agit nullement d'une offense à la nation. Nos enfants ont été sévèrement réprimandés et se repentent de cet acte inconscient, mais nous refusons que nos élèves et nous parents subissent cette instrumentalisation », a souligné un père qui espère que la commission d'enquête mise en place par le ministère fera la lumière sur cette affaire qui peut provoquer, de l'avis des parents, des réactions contre- productives.