Le niveau actuel des prix du pétrole, même s'il se maintient l'année prochaine, n'est pas suffisant, selon les rédacteurs du projet de loi de finances 2019 – dont nous avons obtenu une copie – pour équilibrer la balance des paiements de l'Algérie. Le constat est établi au vu de la forte dépendance du pays aux importations, qui restent à un niveau élevé, malgré les mesures prises par le gouvernement, ajoutée au déclin des recettes d'exportation des hydrocarbures et au faible niveau des exportations hors hydrocarbures. Pour le ministère des Finances, il faudrait un baril coté à 92 dollars en moyenne pour équilibrer la balance des paiements en 2019. «Au plan financier, la détérioration des cours du pétrole, dont le niveau fluctue actuellement autour des 70 dollars le baril, limite nos ressources internes et externes et met sous tension nos équilibres macroéconomiques et financiers sur la période 2019-2021», énonce le ministère des Finances qui note, selon le texte envoyé aux députés, que «compte tenu (…) des différentes contraintes énoncées et du profil de notre commerce extérieur, la balance des paiements nécessiterait, pour qu'elle soit équilibrée en 2019, un prix du baril de pétrole de 92 dollars». Les prévisions révisées à la baisse des exportations d'hydrocarbures en 2019 sont corroborées, selon le texte, par les réalisations en baisse, au cours du premier semestre 2018 (-6%) en volume exporté. Dans un tel contexte de baisse des quantités exportées, la valeur des exportations d'hydrocarbures s'élèverait en prévision 2019, selon le PLF-2019, à 33,2 milliards de dollars, calculé sur la base d'un prix du marché de baril prévu à 60 dollars en 2019, contre une prévision de clôture de 33,5 milliards de dollars en 2018. «Avec un profil de la balance des paiements qui se caractérise par un repli des exportations d'hydrocarbures, un niveau marginal des exportations hors hydrocarbures, des importations de marchandises en réduction mais restant néanmoins élevées, et un déficit structurel de la balance des services, le compte extérieur continuera d'enregistrer des déficits, ce qui réduira les réserves de change», peut-on lire dans le rapport de présentation du PLF-2019. Le matelas de réserves devrait se contracter à 62 milliards de dollars en 2019, à 47,8 milliards de dollars en 2020 et 33,8 milliards de dollars en 2021. Le département de Raouia souligne en outre qu'au plan économique, le ralentissement en 2019 des activités du BTP (+5%) et des services marchands (+4,5%), combiné à la stagnation de l'activité du secteur des hydrocarbures, confinera la croissance à un niveau proche de 2,5% légèrement supérieur à 2017 (+1,4%) et 2018 (+2,3%). Le taux d'inflation retenu dans le cadre du PLF est de 4,5% en 2019, puis 3,9% pour 2020 et 3,5% pour 2021. Le Fonds de régulation des recettes (FRR) devrait afficher, selon le PLF-2019, un solde nul sur toute la période 2018-2019. Dans ce contexte, le budget de l'Etat pour 2019 s'inscrit dans la démarche qui consiste à maîtriser les dépenses publiques en vue d'une soutenabilité budgétaire permettant de réduire les tensions sur la trésorerie de l'Etat. Le profil des équilibres budgétaires projeté pour 2019 induirait, selon le texte, un déficit budgétaire de -10,4% par rapport au PIB, contre -10,9% en prévision de clôture de l'année 2018. Cette légère atténuation du déficit est liée, selon le projet de loi, aux évolutions baissières différenciées des recettes budgétaires (-0,2%) et des dépenses budgétaires (-0,8%) comparativement aux prévisions de clôture de 2018.