Personne ne sait quand le président Bouteflika, qui brigue un troisième mandat, annoncera sa candidature. Plusieurs dates ont été avancées. Il y a eu d'abord le 29 janvier, puis le 2, le 3, le 4 et le 5 février. D'aucuns s'attendaient à ce que l'annonce officielle de la candidature de Bouteflika se fasse avant la réunion de la commission exécutive du FLN, programmée le 5 du mois en cours à 15h. Mais, selon les dernières nouvelles, même celle-ci a été reportée au 12 février. Derrière ce report, soupçonne-t-on, il y a encore un autre calcul qui se profile, que ce soit par rapport à l'annonce officielle de la candidature du Président ou à la convocation du corps électoral. S'agit-il en fait d'une véritable cacophonie au sommet ou d'une tendance bien établie, ces derniers temps, d'entretenir le suspense et de cultiver le secret sur une candidature rendue, pourtant, certaine par la grâce de la révision constitutionnelle du 12 novembre 2008 ? C'est le flou total qui amène d'autres questionnements. Bouteflika veut-il, comme en 2004, être le dernier à annoncer sa candidature ? Si alors l'effet d'annonce pouvait bien être intégré dans une stratégie de campagne, cette fois-ci les jeux sont tellement clairs et les dés jetés, qu'il est peu probable que les spins docteurs de la campagne présidentielle aient pensé à un quelconque dividende politique en retardant, si longtemps, l'annonce officielle de la candidature de Abdelaziz Bouteflika. On a donc peu de chance de trouver une réponse à nos interrogations et celles de l'opinion publique de ce côté-là. Comme il est impossible de percer le secret tant il n'existe aucun élément apparent susceptible d'éclairer la lanterne des citoyens, le domaine est réservé à quelques rares initiés, l'on doit se contenter de ce que présente l'activité présidentielle comme grille de lecture. Le premier fait qui saute ainsi aux yeux est incontestablement l'absence du président de la République depuis son retour de Doha où il a participé au sommet arabe. Beaucoup ont remarqué en fait l'éclipse médiatique du chef de l'Etat. Pourtant, son agenda diplomatique devait aussi le conduire à Addis-Abeba où se tient un sommet de l'Union africaine. En préférant déléguer son Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, au plus grand événement sur le plan africain, le président Bouteflika est-il retenu par quelques tâches domestiques, comme par exemple la préparation par lui-même de son acte de candidature à l'élection présidentielle ? Ou aurait-il quelques soucis de santé ? Toutes ses interrogations reviennent ces derniers jours de manière récurrente et pèsent lourdement sur le prochain scrutin dont on ignore également la date de sa tenue. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a, lors de la clôture de la session d'autonome du Parlement, évoqué deux probabilités : le scrutin se tiendra le 2 ou le 9 avril prochain. Au pays de l'approximatif, à deux mois de l'élection présidentielle, l'on ne connaît pas encore la date exacte de son déroulement, le Président qui veut briguer un troisième mandat n'a toujours pas fait acte de candidature, l'on ignore également les noms de ses dix-huit concurrents autour desquels on nourrit une sorte de secret. Mais pas seulement, le prochain rendez-vous électoral ne suscite aucun intérêt tant le résultat est connu d'avance…