L'année 2009 sera, sur le plan politique, celle de la présidentielle qui verra vraisemblablement Abdelaziz Bouteflika briguer un troisième mandat. L'annonce de sa candidature n'est plus qu'une question de timing, après la révision constitutionnelle. L'Algérie s'apprête à vivre un événement politique majeur avec la tenue au printemps 2009 de la 4e élection présidentielle depuis l'instauration du multipartisme en 1989. Mais paradoxe des paradoxes, rien n'indique, à l'orée de la nouvelle année, que la date de la tenue de cette échéance capitale est dans moins de 4 mois. La scène politique algérienne est tombée dans une étrange apathie que n'arrivent à déranger ni les chutes drastiques des cours du pétrole ni les appels assourdissants lancés à l'actuel chef de l'Etat à briguer un troisième mandat. Sous d'autres cieux — démocratiques, s'entend —, un tel rendez-vous électoral aurait donné cours à des débats passionnés et passionnants, et les différents postulants se seraient livré, plusieurs mois avant le jour J, une bataille sans merci. Parce que leur issue était perçue incertaine, les présidentielles algériennes de 1999 et 2004 avaient, elles aussi, été marquées par de belles empoignades suivies avec grand intérêt aussi bien par les observateurs nationaux et étrangers que par les simples citoyens. Ce qui n'est pas le cas de l'échéance électorale du printemps prochain qui, à l'évidence, n'emballe pas grand monde. C'est comme si elle est dénuée de tout enjeu. D'ailleurs, depuis la suppression du verrou constitutionnel limitant les mandats présidentiels à deux, bon nombre d'acteurs et d'analystes politiques estiment, à tort ou à raison, que la candidature du président Bouteflika et sa réélection à la tête de l'Etat sont chose certaine. Aussi, à quelques encablures du jour J, pas un seul poids lourd de la politique nationale n'a manifesté sa volonté de prendre part aux prochaines joutes électorales. Seuls Moussa Touati du Front national algérien (FNA), Faouzi Rebaïne de Ahd 54 et Omar Bouacha du mouvement El Infitah ont, pour le moment, annoncé leur candidature en attendant, bien sûr, celle de Louisa Hanoune qui ne tardera pas à se déterminer. Peu consistants et totalement absents de la scène politique depuis plusieurs années (certains d'entre eux au moins), ces candidats ne semblent pas trop satisfaire l'entourage immédiat du président Bouteflika qui, soucieux de crédibiliser le prochain scrutin, serait en quête de compétiteurs de plus grande envergure pour croiser le fer avec son mentor. Qui mordra à l'appât en acceptant de jouer le rôle de simple figurant ? Les têtes pensantes du clan présidentiel semblent privilégier la piste islamiste. On ébruite çà et là que le secrétaire Abdelaziz Belkhadem, un conservateur qui a très bonne presse auprès des islamistes, est investi de la mission de démarcher Abdellah Djaballah, islamiste et opposant au président Bouteflika, pour le convaincre de se lancer dans la course. En contrepartie de quoi ? Dépossédé de ses deux partis (Ennahda et El Islah), celui-ci serait tenté, insiste la rumeur, de saisir la perche qui lui est tendue pour reconquérir sa place sur l'échiquier politique. Reste à connaître, bien sûr, la position officielle du rigoriste enfant de Skikda. Pour Bouteflika et ses partisans, une candidature islamiste crédible a l'avantage de servir d'épouvantail — le péril vert — pour mieux vendre sa réélection aux puissances étrangères. Le président français a, d'ailleurs, ouvertement assuré, en janvier 2008, son ami Bouteflika de son soutien “de peur qu'un régime de talibans s'installe en Algérie”. Quid d'une candidature démocrate ? Il est fort à parier que la prochaine élection présidentielle ne verrait pas la participation d'une quelconque figure de l'opposition démocratique (FD, FFS, MDS, RCD). Le bilan que ces partis font du règne de Bouteflika à la tête du pays et leur position sur la question du 3e mandat plaident pour leur absence aux prochaines joutes. Reste à connaître les intentions de Mouloud Hamrouche qui n'a jamais fait mystère de son ambition de présider au destin de la nation. Mais l'éjection du gouvernement de Abderrached Boukerzaza, considéré comme un homme à lui, rend sa candidature sinon caduque, du moins improbable. Ceci dit, avec la crise économique mondiale et la baisse drastique du prix du baril du pétrole cédé aujourd'hui à 40 dollars, alors qu'il était de 140 il y a à peine 4 mois, la première année du prochain mandat présidentiel risque d'être difficile même si les autorités prêchent le contraire à tout-va, histoire de rassurer les Algériens sur leur devenir. D'ores et déjà, on fait l'annonce du lancement courant 2009 d'un autre plan quinquennal doté d'une enveloppe financière variant entre 110 et 150 milliards de dollars. D'où sera puisée cette masse d'argent ? Motus et bouche cousue. A. C.