Bonne nouvelle pour certains, mauvaise pour d'autres. L'annonce vendredi de Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et également chef du gouvernement, que la révision de la Constitution interviendrait dans les prochains jours, remet sur la table les divergences de vue des partis politiques sur le sujet. Pour le FLN, principal promoteur de cette révision, cette annonce était attendue. « Nous étions au courant de la programmation de cette révision pour le mois d'octobre. Ouyahia l'a confirmé hier. Le fait qu'il ait réitéré son soutien au président Bouteflika renforce la position de notre parti, qui était l'initiateur même de ce projet », souligne Saïd Bouhedja, chargé de la communication du FLN. Pour lui, la confirmation du soutien du RND à la révision de la loi fondamentale permettra « à l'Alliance présidentielle de se mobiliser davantage et de coordonner nos positions au niveau de la base. Cela afin de mettre en place le plus vite possible un programme d'actions communes en vue d'assurer le succès des échéances futures, dont l'élection présidentielle ». Le FLN est-il déjà en pré-campagne ? M. Bouhedja répond par la négative et précise que la campagne pour la présidentielle ne commencera qu'après la tenue du conseil national du parti. La session extraordinaire du conseil national interviendra, selon lui, au lendemain de la concrétisation du projet constitutionnel. Au MSP aussi, la machine est prête à être mise en marche. « On s'attendait à cela. C'est d'ailleurs pour cela qu'on a avancé la date de la tenue du madjliss echoura (conseil consultatif) au début du mois d'octobre, alors qu'il était initialement prévu en décembre », indique Mohamed Djemââ, porte-parole du parti de Bouguerra Soltani. « un troisième mandat, pourquoi pas ? » « La révision constitutionnelle est un projet des plus sérieux. La position du MSP sera tranchée lors de la prochaine réunion du conseil. C'est la procédure », précise-t-il sans pour autant afficher une quelconque désapprobation quant à ce projet. « Un troisième mandat pour Bouteflika, pourquoi pas », dit-il, jugeant que le bilan du programme quinquennal est positif. Mais c'est au conseil consultatif de décider de la ligne à suivre. « Il y a au sein du conseil différents points de vue. Cela donc nécessite un débat interne », relève-t-il. Le Parti des travailleurs préfère nuancer. S'il est fondamentalement pour un troisième mandat pour Bouteflika, il estime cependant que le projet de la révision constitutionnelle n'est « encore pas clair ». « On ne sait pas ce qui va changer. La Constitution de 1996 a été élaborée dans une conjoncture particulière et souffre de manquements et de failles. Notre formation a fait des propositions d'amendement qu'elle a adressées il y a plus de deux ans au président de la République. Ainsi, on attend d'abord de voir la nature et la teneur des amendements avant de se positionner », souligne Djelloul Djoudi, chargé de la communication au PT, qui affirme que son parti milite pour la liberté de candidature à toute élection. « Pour nous, chaque citoyen algérien a le droit de se porter candidat autant qu'il veut à n'importe quelle élection ; l'essentiel qu'elle soit transparente. C'est au peuple de choisir librement », indique-t-il, approuvant totalement l'idée du troisième mandat pour le président Bouteflika. Le RCD, quant à lui, reste constant dans sa position contre la révision de la loi fondamentale et le troisième mandat. « Notre position est claire. Nous sommes contre cette révision constitutionnelle et le 3e mandat pour Bouteflika », indique Mohamed Khendak, député de Cherchell et chargé de la communication du RCD, avant d'ajouter : « Comment un président qui reconnaît l'échec de sa politique va-t-il se présenter à un autre mandat ? » M. Khendak estime que deux mandats sont largement suffisants pour accomplir son programme, affirmant que le RCD reste convaincu que le seul but de cette révision est celui de permettre au président Bouteflika de briguer un troisième mandat. « Si son but est celui d'améliorer la Constitution, pourquoi ne l'a-t-il pas fait au début de son premier mandat en 1999 ? », se demande-t-il.