Prénom berbère féminin qui fait allusion au phénix ou à la femelle de l'aigle, Tanina est considéré, selon la liste des prénoms berbères reconnus par l'Etat, comme tout à fait algérien. Mais pas sa prononciation en chaoui, où dans cette région de l'Est du pays, ce prénom est prononcé plutôt Tanila. Née le 23 janvier 2017 à l'hôpital de Annaba, Tanila Labidi, un nouveau-né prénommé Meriem-Tanila, n'a eu droit, selon sa famille, que de garder le prénom Meriem : «L'administration et la justice de Annaba refusent d'accepter le prénom Tanila qui, selon elles, n'est pas tout à fait algérien.» L'avocat de la famille Labidi, Kouceila Zerguine, affirme que l'affaire «est arrivée au niveau de la Cour suprême qui n'a pas encore statué sur ce cas». Tanila reste suspendue. Sa famille, qui se bat depuis plus d'une année et demie, ne compte pas lâcher l'affaire. Cette dernière ne comprend pas surtout, «pourquoi ce prénom chaoui refusé à Annaba a été accepté, par exemple, à Oum El Bouaghi». «Sommes-nous dans un même Etat et sous les mêmes lois de la même République ?», s'interroge maître Zerguine. Née le 27 mars 2017 à Oum El Bouaghi, la famille de la petite Tanila Djebbar, n'a, visiblement, pas eu les mêmes tracas que la famille Labidi à Annaba. Après plusieurs mois d'attente, Me Zerguine dit avoir été contraint de recourir «aux rapporteurs spéciaux de l'ONU à qui il a demandé d'intervenir afin de régler ce problème qui perdure». Dans une correspondance à Mutuma Ruteere, rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance, Me Zerguine explique qu'«il ne comprend le refus de l'état civil de Annaba d'inscrire le prénom Tanila, alors que la Constitution algérienne reconnaît expressément dans son préambule l'identité berbère comme l'une des composantes fondamentales de l'identité algérienne !» «La situation de la petite Tanila est à l'image de nombreux nouveaux nés qui vivent la même situation chaque année sans que les pouvoirs publics ne procèdent à la régularisation définitive de cette situation», regrette maître Zerguine. L'affaire est pendante.