Baptisé «1,2,3 Kabylie», le méga concert de Bercy sera animé par Lounis Aït Menguellet, Idir et Allaoua. Trois maîtres de la chanson kabyle et algérienne, représentant trois styles musicaux différents et trois générations de mélomanes. Le concert aura lieu le 12 janvier prochain à l'occasion du Nouvel An berbère. Une date historique reconnue officiellement par le régime algérien après plusieurs années de lutte politique et de combat démocratique en Algérie et en Europe. C'est la première fois qu'un tel événement aura lieu dans une salle prestigieuse comme le Bercy. Pour Idir, il s'agit bel et bien d'un nouveau palier que la chanson kabyle s'apprête désormais à franchir. «Ma génération a fait sortir la chanson kabyle des cafés et des bars parisiens en l'installant dans de grandes salles comme le Zénith, le Palais des Congrès ou l'Olympia. L'année prochaine, le chant kabyle va résonner entre les murs d'une grande salle qu'est le Bercy», a-t-il déclaré. Hommage à Matoub Lounès Pour l'interprète de la célèbre chanson Avava inouva, le concert du 12 janvier sera «un événement peu commun de par la qualité des artistes qui l'animeront, mais aussi par les moyens qui seront dégagés pour sa réalisation». Et d'ajouter : «C'est une joie de participer à un tel événement, en plus avec Mohamed Allaoua et Lounis Aït Menguellet. Auparavant, dans les années 70', nous organisions des concerts baptisés ‘‘la Kabylie chantée'', avec Lounis, dans de très grandes salles, comme celle de Saint Ouen, ou le Pavillon de Paris. Aujourd'hui, avec les nouveaux moyens et beaucoup d'audace, ils (les organisateurs NDLR) essayent de porter la chanson kabyle dans un temple de la musique. C'est quelque chose d'extraordinaire.» En plus des trois artistes qui vont se relayer et chanter aussi ensemble, d'autres invités surprise viendront apporter leur pierre à l'édifice. Un show exceptionnel, qui sera rehaussé par des décors scéniques somptueux, des jeux de lumière et des effets spéciaux à faire tourner la tête. Organisé dans le cadre d'une date symbolique qui est le Nouvel an berbère, le concert rendra hommage à un autre artiste qui a porté haut et fort les couleurs de l'Algérie et la chanson kabyle. Pour Idir, un tel hommage va de soi. «A partir du moment où on prend la responsabilité de nommer le concert ‘‘1,2,3 Kabylie'', on ne peut pas faire de la Kabylie sans rendre hommage à Matoub Lounès. Il fait partie de notre histoire. Il est partie intégrante de son destin. Donc effectivement, ça sera bien de lui rendre un hommage et dire à travers un clin petit d'œil, tiens celui-là, on ne l'oublie pas». Chanter à Bercy est «tout simplement un rêve» pour Allaoua De son côté, tout en admettant qu'il y aura beaucoup de choses qui vont se greffer à ce concert, l'organisateur, M. Alliche, veut laisser aux artistes la liberté de concocter entre eux des surprises qui feront plaisir à ceux qui viendront les voir et les écouter. «Je ne peux pas tout dévoiler. En tant qu'organisateurs, nous laisserons les artistes faire leur travail, se rencontrer et décider de ce qu'ils veulent proposer. Je sais une seule chose, ce jour-là (le 12 janvier 2019 NDLR) vous allez tous repartir avec des sourires et de beaux souvenir plein la tête». Pour Allaoua, chanter à Bercy est «tout simplement un rêve. Une nouvelle étape dans ma carrière artistique, car faire le Bercy est un défi que tout chanteur souhaite relever». Né en 1980 à Alger d'un père Kabyle et d'une mère algéroise, Allaoua ne maîtrisait pas au départ la langue kabyle. C'est en écoutant des chanteurs comme Aït Menguellet et Idir qu'il a réussi à se perfectionner. «C'est grâce à M. Aït Menguellet et à M. Idir que j'ai appris à chanter et à parler en langue kabyle avec maîtrise». Et d'ajouter : «C'était pour moi un rêve que de voir ces deux artistes. Aujourd'hui je suis parmi eux, je vais chanter avec eux. Certes, je me sens petit lorsque je me compare à eux, mais j'espère qu'un jour devenir comme eux.» La musique kabyle doit s'ouvrir à d'autres cultures A la question de savoir comment ce spectacle pourrait-il donner une meilleure visibilité à la chanson kabyle dans le monde, Idir a reconnu que peut-être que celle-ci (chanson kabyle NDLR) s'accroche un petit peu trop à sa «kabylité». «Il y a parfois des moments où il faut se dire la ‘‘kabylité'' c'est bien, mais il faut peut-être aller un peu plus loin, voir autre chose et ce qui se fait ailleurs. Moi, par exemple, j'ai fait des duos comme la France des couleurs ou Identités. Même s'ils n'ont rien de kabyle, ils (les duos NDLR) m'ont donné une visibilité qui était nécessaire et ont permis aux gens qui m'écoutent de se demander qui je suis, en quoi je chante et quelle est mon origine…? C'est donc tout positif pour nous. Par contre, si on s'échine à maintenir la musique dans les cafés ou dans des endroits où elle ne s'épanouit pas, on ne pourra pas avancer». Chanter dans la prestigieuse salle de Bercy, la plus grande d'Europe, est un rêve que tout artiste dans le monde caresse. Le rêve est donc permis à trois grands de la chanson kabyle, à condition que les amoureux de cette chanson viennent en masse fêter Yennayer en communion et prouver que la musique kabyle peut transcender les frontières et peut donner à rêver même à ceux qui ne la parlent pas.