Faire venir le médecin à la rencontre du malade. C'est ce qu'a réussi à faire, samedi après-midi, l'association Ibad Errahmane d'Arzew, de lutte contre le cancer, en réunissant une cinquantaine de patients atteints du cancer, avec une pléiade de spécialistes de cette maladie, au niveau du complexe. Les Dauphins d'Arzew, et ce, à l'occasion d'octobre rose. «Ce n'est pas tout à fait un séminaire, c'est plus une rencontre entre les patients et les spécialistes auxquels ils peuvent directement poser leurs questions et exposer leurs préoccupations», explique la présidente de l'association, Amel Neharia. A cet effet, une équipe du centre anticancer (CAC) Emir Abdelkader d'El Hassi (Oran), dont des radiothérapeutes, le Dr Brahmi Mohamed et le Dr Brahmi Zakia (née Aïd), accompagnée du directeur-adjoint du CAC, Merouani Lakhdar, ainsi que le chef du service Population, Mohammedi Miloud, de la direction de la santé et de la population de la wilaya d'Oran ont été sollicités pour répondre aux questions des patients qu'assiste cette association. Le Dr Brahmi a ouvert les débats par un exposé de vulgarisation sur les différents types de cancers, et c'est le cancer du sein qui a, en quelque sorte, pris la part du lion, d'autant plus que les malades étaient majoritairement des femmes. Le docteur, qui a révélé que le cancer du sein est très répandu, a beaucoup insisté sur le dépistage précoce qui permet d'éviter l'ablation complète du sein et a incité les patientes présentes à encourager leur entourage pour se faire examiner. «Le cancer est une maladie comme une autre et il n'y a pas de quoi en avoir honte. N'attendez pas qu'il soit trop tard. Il ne faut pas avoir peur parce que des personnes atteintes ont guéri et vivent normalement», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «Chez nous, il y a plus d'ablations complètes du sein que d'ablations partielles, justement à cause de cette crainte, alors qu'en Europe, c'est l'inverse parce qu'on n'hésite pas à faire le dépistage.» De son côté, le Dr. Brahmi Zakia a expliqué que le dépistage doit se faire à partir de 40 ans, voire à partir de 30 ans. «La femme doit, une fois par mois, après les menstrues, tâter ses seins et se palper pour voir s'il n'y a pas de kystes ou de ganglions. Le dépistage peut se faire par cette palpation, ensuite on passera à la mammographie ou à l'échographie pour connaître la nature de ce corps étranger», dit-elle. Abordant, l'autre type de cancer dont sont atteintes les femmes, celui du col de l'utérus, elle dira que c'est un des rares cancers dont on connaît l'origine : «un virus». «Mais il est en nette progression faute de dépistage précoce, alors que sa guérison peut être assurée à 100%. Il faut donc recourir au frottis (cervico-utérin) pour son dépistage pour toute femme après son mariage (c'est-à-dire qui a des relations sexuelles, ndlr)», recommande-t-elle. «Le cancer du poumon est le plus fréquent et le plus meurtrier, sa cause est le tabagisme dans 80% des cas», dira le Dr Brahmi, qui invita un des patients présents à parler de son cas. «Ce type de cancer touche majoritairement les hommes, mais augmente de façon inquiétante chez les femmes», révèle le radiothérapeute. Intervenant à son tour, le chef du service population de la DSP insistera beaucoup sur la prévention par le recours à un dépistage précoce du cancer du sein en expliquant les missions du service qu'il dirige. «Notre objectif est de faire changer la façon de voir cette maladie et d'aboutir à une participation au contrôle (dépistage) de l'ordre de 80 à 85%», dit-il. Pour cela, un programme spécial a été mis en place : «Dans toutes les salles de soins et les polycliniques, on a placé des sages-femmes formées spécialement pour procéder à un examen clinique.» La wilaya d'Oran a enregistré 767 nouveaux cas de cancer du sein au 1er semestre de l'année en cours, selon Mohammedi Miloud. Toutes ces données en termes simples, ces conseils et cette sensibilisation étaient entrecoupées par les questions des patients qui semblaient très à l'aise pour parler de leur cas parce que, quelque part, les médecins sont parvenus à instaurer une certaine confiance. Certains sont même parvenus à obtenir des rendez-vous avec les médecins qui ont animé cette rencontre. Une rencontre très instructive qu'a organisée cette association de bienfaisance qui porte assistance à quelque 130 patients atteints du cancer à Arzew et dans les localités avoisinantes et qui active en continu grâce à une présidente complètement dévouée et à ses deux chevilles ouvrières, le vice-président, Benantar Benyebka, et le 2e vice-président, Slimani Attou, ainsi qu'un bon nombre de bénévoles dont certains ont «vécu» cette maladie.