Les relations algéro-françaises restent à l'honneur. Michelle Alliot-Marie, ministre française de la Défense, est attendue demain à Alger pour une visite de trois jours. Qualifiée de « première » dans l'histoire des relations entre les deux pays, cette « visite politique » devrait ouvrir de nouvelles perspectives de coopération entre les armées des deux pays. Le déplacement de Mme Alliot-Marie en Algérie pourrait, selon les observateurs, déboucher sur la signature d'un accord de défense. Dans les faits, rien ne s'oppose à la réalisation d'un tel objectif puisque l'Algérie et la France prévoient de signer en 2005 un traité d'amitié consacrant un volet aux questions de défense et de sécurité. Quelle soit couronnée par la signature d'un accord de défense ou pas, la visite de Michelle Alliot-Marie, outre de nouer officiellement le dialogue entre les armées des deux pays, devrait permettre de dresser un inventaire des besoins d'Alger en matière de défense. A ce propos, les spécialistes n'écartent pas la possibilité que le déplacement de la ministre française de la Défense se solde par une vente d'armes ou de matériels de guerre. Si aucune infirmation concernant l'intention de l'armée algérienne d'acquérir des armes françaises n'a filtré, il est difficile d'imaginer que Mme Alliot-Marie ne fera pas de proposition dans ce sens. La raison peut s'expliquer par le souci de Paris de trouver des fonds nécessaires pour « étoffer » son budget de la Défense réduit à une peau de chagrin par Nicolas Sarkozy et de financer la modernisation de son coûteux programme nucléaire. Et objectivement, rien ne s'oppose, aujourd'hui, à ce que les Français vendent des armes à leur partenaire algérien. La levée de l'embargo de fait imposé à l'Algérie durant la dernière décennie a déjà amené d'autres grandes puissances à faire des appels du pied aux autorités algériennes. Cela pourrait être le cas de la France, soucieuse aussi de trouver de nouveaux marchés. Répondant justement à une question sur les perspectives des « exportations des matériels français », Michelle Alliot-Marie a, dans un entretien accordé le 12 juillet dernier à l'hebdomadaire L'Express, indiqué que la France devait « maintenir son effort de recherche pour rester concurrentielle ». L'idée que la venue de la ministre française de la Défense à Alger permettra d'ouvrir des possibilités de coopération entre l'ANP et l'armée française ne veut pas dire qu'il n'y a jamais eu d'échanges entre les deux camps. Mis à part les turbulences épisodiques, générées par la gestion du dossier de la crise algérienne, les deux armées ont à leur actif une riche tradition d'échanges. Peu médiatisés, ceux-ci ont concerné des domaines aussi divers que la formation, la vente de matériels et le renseignement. Ces échanges se sont, cependant, limités aux secteurs de l'aéronautique, des blindés et des armes de guerre légères. L'armée algérienne ayant pris l'habitude, depuis l'indépendance, de s'équiper en matériels russes et chinois, sur lesquels sont formés, à ce jour, les soldats. Fermé, le marché algérien des armes comprend aussi les Etats-Unis. Ce pays vend depuis les années 1980 des avions porteurs de troupes à l'ANP. Actuellement en pleine modernisation de son armée, l'Algérie enregistre, néanmoins, de nouveaux besoins en armement et en matériels.