Tous les titres qui évoquent la question estiment que la coopération militaire est incontournable entre Alger et Paris. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la presse française, toutes tendances confondues, a suivie avec une extrême attention la visite à Alger de Madame Michèle Alliot-Marie. Bien plus que l'absence énigmatique du chef d'état-major algérien, c'est le souffle inédit qui en a été donné aux relations, désormais privilégiées entre Alger et Paris, qui ont le plus requis l'attention des médias hexagonaux et déchaîné leurs commentaires dans leurs éditions d'hier. Il apparaît ainsi que la nouvelle coopération militaire algéro-française constitue un maillon fort du processus de «refondation» des relations entre les deux pays. C'est ce qu'ont estimé hier de nombreux titres de la presse française traitant de cette visite, autant historique que stratégique. Pour Le Figaro, «le déplacement de Michèle Alliot-Marie à Alger, première visite officielle d'un ministre de la Défense français en Algérie depuis l'indépendance, revêt une indiscutable portée politique». Survenant quelques jours seulement après la venue du ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, précédant de peu la délégation conduite par Nicolas Sarkozy. «Ce déplacement démontre que les relations franco-algériennes, qui devraient ouvrir un nouveau chapitre en 2005, avec la conclusion d'un traité d'amitié, s'intensifient», ajoute le quotidien. A cet égard, nombre de journaux rappellent le processus d'une véritable volonté «pour un partenariat d'exception engagé depuis les visites d'Etat respectives du président Abdelaziz Bouteflika et de son homologue français Jacques Chirac». Selon Mme Alliot-Marie, qui a souligné la nécessité de tourner la page «et d'inscrire les relations algéro-françaises résolument dans l'avenir». L'Algérie attend de ce partenariat qu'il soit effectif et très concret notamment sur les points du dialogue, de la formation, des exercices en commun, de l'armement et de la réflexion stratégique», rapportent-ils. L'Algérie et la France veulent des résultats concrets. «Ainsi, le partenariat pour lequel Alger a donné son accord, pourrait déboucher à terme sur des exercices navals conjoints», notent les journaux et différents autres supports médiatiques. Selon eux, la ministre française a déclaré que «les deux pays ont jugé essentiel que (leurs) armées prennent l'habitude de s'entraîner parfois ensemble de façon à pouvoir ensuite mieux travailler ensemble sur les théâtres d'opérations extérieurs» de maintien de la paix. Ils précisent que la ministre française, a affirmé que «l'Algérie et la France envisagent également des accords d'armement dans l'idée de l'interopérabilité entre (leurs) forces». Concernant le terrorisme, les médias notent que Michèle Alliot-Marie a estimé que «dans la région méditerranéenne, l'Algérie et la France doivent être des modèles de coopération en faveur de la stabilité et du développement». La ministre française a souligné «la nécessité de consolider ce partenariat du fait que si le terrorisme est pour certains pays une nouveauté douloureuse, il est pour nous qui en avons été les victimes, l'Algérie comme la France, une tragédie». La fameuse rencontre des ministres de la défense des quatre+trois, à savoir la France, l'Espagne, l'Italie et le Portugal d'une part, et l'Algérie, le Maroc et la Tunisie d'autre part. Il ne fait aucun doute qu'une pareille rencontre, devant déboucher sur une coopération militaire harmonieuse et durable, ne saurait se faire avant que les relations entre Alger et Rabat ne se normalisent et que le processus d'édification de l'UMA ne soit de nouveau remis sur les rails. Il semble que la visite, aujourd'hui, du ministre de l'Intérieur marocain s'inscrive dans ce cadre. La presse de Sa Majesté, qui accorde de larges manchettes à cette visite, annonce en effet que la venue d'Al-Mustapha Sahel permettra à ce dernier de discuter avec son homologue algérien, Yazid Zerhouni, des questions relatives à l'ouverture des frontières entre les deux pays, la suppression des visas ainsi que la redynamisation des relations. Il s'agira de l'étape préparatoire de la venue prochaine du chef de la diplomatie marocaine, Mohamed Benaïssa, puis du chef du gouvernement, Driss Jettou. Rabat, comme le soulignent ses journaux, ainsi que la plupart de ses partis politiques, espère tirer profit des pressions françaises et espagnoles relatives à la question du Sahara occidental. Rien n'est moins sûr pourtant, attendu que l'opinion publique ibérique a adressé un sérieux «avertissement» à Zapatero, lui signifiant qu'il pourrait subir le même sort que celui d'Aznar s'il persiste dans cette démarche contraire au droit international, aux accords de Houston et aux résolutions du conseil de sécurité de l'ONU.