A Vitry-sur-Seine, le futur collège de la ZAC Seine-Gare s'appellera Collège Josette et Maurice Audin, du nom du mathématicien et militant communiste «disparu» en 1957 en Algérie à l'âge de 25 ans et de sa veuve. Ce sera le premier de France. A l'initiative du maire, Jean-Claude Kennedy, lors du conseil municipal du 17 octobre, les élus de Vitry-sur-Seine ont voté à l'unanimité le choix de donner le nom de Josette et Maurice Audin au futur collège de la ville en cours d'édification, qui ouvrira en 2019. L'appel à l'ordre du jour de cette délibération n'a amené aucune remarque particulière, nous a indiqué par téléphone le cabinet du maire. Il s'agit d'un simple vœu qui sera porté par la commune vers le conseil départemental du Val-de-Marne qui a la compétence de la construction des collèges et de leur dénomination. Selon le cabinet du maire, le président du conseil départemental, Christian Favier, communiste, comme la majorité municipale de Vitry, a jugé que c'était «une bonne idée». «Cette dénomination rend hommage autant à la détermination d'une femme pour faire triompher la justice et la vérité qu'à l'engagement d'un homme dans un combat pour la dignité humaine et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes», avait indiqué la mairie dans un communiqué. Ce sera le premier établissement d'enseignement dont le nom de baptême rappellera avec force et lucidité l'assassinat du mathématicien Maurice Audin, en 1957 à Alger, après son enlèvement par les parachutistes, devant sa femme et ses trois enfants. Son corps n'a jamais été retrouvé et sa mort est restée couverte depuis par la lourde chape du secret d'Etat. Le président Emmanuel Macron a levé le silence le 13 septembre dernier, après plusieurs épisodes médiatiques préparant cette annonce, notamment par le biais du député Cédric Villani, également mathématicien. Etapes qu'El Watan avait relevées au fur et à mesure. Le président de la République française a ainsi reconnu officiellement la responsabilité de l'Etat français dans la mort de Maurice Audin pendant la guerre d'Algérie en se rendant au domicile de sa veuve, Josette Audin. Le conseil municipal de Vitry, dans son exposé, écrit que «Maurice Audin était un militant algérien anticolonialiste luttant pour l'indépendance de l'Algérie et membre du Parti communiste algérien, mathématicien à la Faculté d'Alger. Il fut victime de la torture perpétrée par l'armée française. Pendant plus de 60 ans, sa femme, Josette Audin, se sera battue courageusement pour que triomphent la justice et la vérité». A partir du moment où l'Etat français, par la voix et le geste de son premier magistrat, a avancé sur l'éclosion de cette «vérité», il est apparu «naturel de prendre l'initiative de donner ce nom au nouveau collège, au regard de l'identité de la ville et de son histoire, de la relation avec ceux qui se sont battus pour l'indépendance de l'Algérie», nous a-t-on confié au cabinet du maire.