Il y a un an, toute l'Europe avait les yeux braqués sur l'Espagne. Une région d'un pays de l'Union européenne déclarait unilatéralement son indépendance. Le 1er octobre 2017, plus de deux millions de Catalans se sont rendus aux urnes pour participer au référendum sur l'indépendance de la région, malgré les interventions des forces de l'ordre pour empêcher le déroulement de ce scrutin. Malgré toutes les contraintes, le «oui» l'avait alors emporté avec 90% des voix. Le 27 octobre 2017. «En ce jour d'espoir et de souffrances, les citoyens catalans ont gagné le droit d'avoir un Etat indépendant sous la forme d'une République», lançait, l'ex-chef du gouvernement catalan, Carles Puigdemont. A Madrid, Mariano Rajoy, alors Premier ministre, soutenu par la communauté internationale, a mis tout de suite en œuvre l'article 155 de la Constitution qui lui a permis de mettre la région sous tutelle. Mais un an après le vote, où en est aujourd'hui le mouvement indépendantiste en Catalogne ? «L'année qui nous sépare de cette date historique ne s'est pas déroulée comme nous le voulions», a déclaré l'actuel président catalan, l'indépendantiste Quim Torra, dans une allocution télévisée. Fidèle de Carles Puigdemont, il le rencontre régulièrement pour prendre conseil auprès de lui à Waterloo, dans la banlieue de Bruxelles. Option unique Le chef du gouvernement espagnol a proposé, début septembre, l'organisation d'un référendum sur un nouveau statut de la région, qui leur octroierait plus d'autonomie. Une proposition rapidement rejetée par les dirigeants catalans. «Le processus d'indépendance est irrévocable», a répondu Quim Torra. «Seul un référendum d'autodétermination accepté et reconnu internationalement» serait valable à ses yeux. Si le nouveau président de la Catalogne a pris soin de ne pas pointer Madrid depuis son entrée en fonction, il a rappelé, samedi, que «revenir en arrière n'est pas une option». La prochaine échéance électorale : les municipales qui se dérouleront en mai 2019. Au-delà de la candidature de Manuel Valls à Barcelone, lui qui a toujours manifesté son opposition à l'indépendance, les scores des nationalistes seront suivis de très près. Dix-huit ex-dirigeants catalans étaient renvoyés devant la justice pour «tentative de sécession». Parmi les neuf personnes accusées de rébellion, figurent l'ex-vice-président du gouvernement régional, Oriol Junqueras (ERC), et cinq membres de son exécutif (Joaquim Forn, Jordi Turull, Raül Romeva, Josep Rull et Dolors Bassa), qui risquent jusqu'à 25 ans de prison. Ces six dirigeants catalans sont également accusés de «malversations». L'ancienne présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, ainsi que Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, anciens présidents de puissantes associations séparatistes, (ANC et Òmnium Cultural) sont eux aussi accusés de «rébellion». C'est l'une des conséquences du processus d'indépendance lancé il y a un an par les élus catalans. Exil et prison La Cour suprême espagnole a annoncé, jeudi dernier, le renvoi devant la justice de 18 dirigeants catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession d'octobre 2017. Le procès est attendu à Madrid début 2019. Carles Puigdemont ne figure pas en revanche parmi les dirigeants renvoyés en justice, car l'Espagne ne juge pas en absence. Les chiffres sont là. 4550 entreprises qui génèrent 40% du PIB catalan auraient quitté la Catalogne. Un chiffre alarmant qui pourrait faire croire qu'une crise économique est née ou est sur le point de naître, suite à la crise catalane. Ce chiffre, issu du registre du commerce, cumulerait les entreprises ayant choisi de quitter la Catalogne suite au référendum. Il s'agit d'entrepreneurs qui ont délocalisé leur siège social en dehors de la communauté autonome. L'activité économique de ces entreprises est donc toujours en Catalogne, permettant dans le même temps de générer une hausse du PIB de 3,3% sur 2017, taux supérieur à la moyenne espagnole (3,1%). La crida L'ancien président catalan, Carles Puigdemont, en exil en Belgique, et son remplaçant à la tête de la région, Quim Torra, ont choisi le 27 octobre, date anniversaire, pour organiser le congrès fondateur de leur nouveau parti, afin de poursuivre le rêve d'une Catalogne indépendante. La ville choisie est Manresa, à quelques kilomètres de la prison de Lledoners, où d'autres dirigeants indépendantistes attendent d'être jugés. Un an après avoir menacé l'unité de l'Espagne en organisant un référendum sur l'indépendance qui n'avait pas été autorisé par Madrid, Carles Puigdemont a lancé, le 26 octobre, depuis son exil en Belgique, dans un discours retransmis sur écran géant, son intention de rassembler les séparatistes derrière lui en fondant un nouveau parti. «Il y a un an, nous avions décidé que nous continuerions à lutter, quelles que soient les conditions et circonstances, et que nous nous engagerions à construire un meilleur pays, une République.» Poursuivi par la justice espagnole pour «rébellion», «sédition» et «détournement de fonds publics», Carles Puigdemont, le leader indépendantiste qui se trouve toujours en Belgique, a échappé à une demande d'extradition. Mais beaucoup de ses anciens alliés, dont certains sont emprisonnés en Espagne, parient désormais sur des positions plus modérées et ont déjà refusé de rejoindre sa nouvelle formation baptisée «La Crida» (L'Appel).