Il est prématuré de tirer ou attendre les conséquences de la succession du leader palestinien Yasser Arafat, mais un signe en ce sens aurait été apprécié. C'est le contraire qui se produit, puisqu'après un allègement de son appareil répressif, Israël poursuit sa guerre contre les Palestiniens. C'est ainsi que deux Palestiniens, bien entendu présentés par l'armée d'occupation comme des militants du mouvement palestinien Hamas, ont été tués hier, près de Ramallah en Cisjordanie. Des responsables des services de sécurité palestiniens avaient fait état de la mort de deux Palestiniens qui se trouvaient dans une maison prise d'assaut par des soldats, mais n'étaient pas en mesure de préciser si les victimes étaient des habitants de la maison ou des activistes. Ces deux décès portent à 4681 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifadha en septembre 2000, dont 3634 Palestiniens et 972 Israéliens. Dans le même temps, l'armée israélienne a effectué hier une brève incursion dans les faubourgs de la ville de Ghaza et arrêté 4 Palestiniens. Les appareils de l'aviation ont procède à des tirs dans un secteur de la ville de Ghaza. Par ailleurs, les soldats israéliens ont arrêté un résistant palestinien du Hamas, ainsi que trois autres Palestiniens avant de se retirer, a-t-on ajouté de mêmes sources sans donner d'autres détails. Et c'est certainement en réaction de ces attaques que la résistance palestinienne a lancé des opérations de représailles. Selon des sources concordantes, des combattants du mouvement palestinien Jihad islamique ont tué hier un Israélien et blessé trois soldats dans une attaque contre une colonie de la bande de Ghaza, avant d'être tués à leur tour. Un interlocuteur parlant au nom du Jihad islamique a affirmé à Ghaza que deux de ses combattants ont été tués en menant l'attaque. Dans un communiqué, le mouvement a affirmé que ses combattants avaient d'abord fait exploser des charges sous un véhicule de l'armée avant d'ouvrir le feu sur les militaires gardant la colonie de Morag, dans le sud de la bande de Ghaza. « Quatre soldats israéliens, dont un officier, ont été tués et plusieurs autres blessés », affirme le communiqué. Des témoins et des sources militaires israéliennes avaient auparavant indiqué que l'explosion s'était produite dans un tunnel et avait visé un poste d'observation militaire à l'entrée de la colonie. Les soldats blessés ont été évacués des lieux par hélicoptère, selon les témoins palestiniens. Il s'agit de la première attaque du genre depuis l'élection, dimanche, à la tête de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui prône la fin de l'Intifadha armée. Il était parvenu en 2002, alors qu'il était Premier ministre, à faire observer une trêve par les différents mouvements armés, mais Israël qui ne l'a jamais respectée en poursuivant les assassinats ciblés de Palestiniens a réussi à y mettre fin. Pas plus tard que mardi, le mouvement palestinien Fatah a relancé l'idée de trêve ou tout simplement de cessez-le-feu, mais sous la surveillance internationale, cependant la réponse israélienne n'a pas tardé. A entendre ses responsables, les mouvements palestiniens doivent déposer les armes et rien d'autre, compliquant, et rendant même impossible la mission de Mahmoud Abbas. Et comme s'il s'agissait de le mettre au défi, le chef des renseignements militaires israéliens, le général Aharon Zeevi, a estimé hier que le nouveau président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ne tenterait pas de désarmer les islamistes du Hamas comme l'exige l'Etat hébreu. « Abou Mazen (surnom de M. Abbas) ne tentera pas de confisquer les armes illégalement détenues, il ne combattra pas le Hamas », a affirmé le général Zeevi. Le Premier ministre, Ariel Sharon, a également affirmé à plusieurs reprises qu'Israël n'appliquerait ses engagements prévus par la Feuille de route, un plan de paix international, que si la nouvelle direction palestinienne menait la « guerre aux groupes terroristes ». M. Abbas a de son côté indiqué vouloir convaincre le Hamas et le Jihad islamique de mettre fin aux attaques anti-israéliennes afin de pouvoir appliquer la Feuille de route prévoyant la fin des violences, le gel de la colonisation israélienne et la création d'un Etat palestinien en 2005. Il y a là comme un cercle vicieux qu'Israël refuse obstinément de briser, cela irait à l'encontre de ses plans de bataille consistant justement à ne pas cesser la guerre, et par conséquent à garder ce prétexte - fallacieux - pour ne pas aller à la table des négociations.