Le Parlement palestinien fait l'objet de terribles pressions de la part des Etats-Unis pour approuver l'équipe gouvernementale de Mahmoud Abbas. La publication de la feuille de route du quartette est tributaire de l'aval du Conseil national palestinien. Nabil Chaâth, le ministre palestinien du Plan, est formel : “La feuille de route” du quartette sera rendue publique mercredi, soit au lendemain de l'approbation du gouvernement d'Abou Mazen par le Conseil national palestinien. Cependant, Chaâth ne laisse planer aucun doute sur le rôle que jouera Yasser Arafat dans le processus de paix israélo-palestinien. Selon lui, l'éviction du leader de l'OLP est quasi impossible à réaliser en raison du poids de Arafat sur la scène palestinienne. “Arafat est en contact permanent avec les dirigeants européens et étrangers, et toute tentative de l'exclure des négociations de paix sera inutile en raison de l'important rôle qu'il a joué depuis des années dans la réalisation de la paix”, a déclaré Nabil Chaâth. Le ministre palestinien estime que les Etats-Unis devraient exercer des pressions sur Israël pour qu'il cesse ses mesures répressives contre les Palestiniens, car la publication de la “feuille de route” ne changera rien à la situation, si Tel-Aviv reste libre d'agir comme bon lui semble. Israël a compris qu'il ne peut pas empêcher les visiteurs étrangers de rencontrer Yasser Arafat, d'où la décision d'Ariel Sharon de ne rien entreprendre en ce sens parce que cela “porterait atteinte à Israël”, selon la radio israélienne. Sharon espère que les pressions américaines sur ce plan conduiront les délégations étrangères en visite dans la région à boycotter le président de l'Autorité palestinienne. Washington, de son coté, ne rate aucune occasion de discréditer Yasser Arafat et refuse tout contact direct avec lui, au point d'inviter le nouveau Premier ministre palestinien, avant même son investiture, à la Maison-Blanche en exigeant qu'il ne soit pas accompagné par son président. Colin Powell n'envisage pas de rencontrer le président palestinien au cours de son séjour à partir de jeudi au Moyen-Orient et conditionne son passage à Tel-Aviv et Ramallah par la prise de fonctions d'Abou Mazen. L'approche américaine du conflit israélo-palestinien est similaire à celle de l'Administra-tion Bush père, sauf que cette fois-ci le rôle de Yasser Arafat est réduit à néant alors qu'il constituait le principal interlocuteur en 1991. Dans les deux cas, ce n'est qu'après avoir mené une guerre contre l'Irak que les Etats-Unis reprennent en main le dossier palestinien. Mais, reste à savoir si la Maison-Blanche réussira dans son entreprise de faire la paix au Moyen-Orient, sans le symbole de la lutte palestinienne qu'est Yasser Arafat. Ce dernier demeure, en effet, un passage obligé pour toute discussion concernant l'avenir des Palestiniens, vu la place qu'il s'est forgé au sein de l'opinion publique palestinienne. Il a forcé le respect des factions palestiniennes les plus extrémistes. Sa mise à l'écart ne sera pas une partie de plaisir pour les Américains et les Israéliens. K. ABDELKAMEL Abou Mazen solidaire de Arafat ll Le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas (Abou Mazen), a affirmé hier qu'il n'effectuera aucun voyage à l'étranger aussi longtemps que le siège du président Yasser Arafat n'est pas levé par l'armée israélienne, a rapporté la radio palestinienne, Voice of Palestine (Voix de la Palestine). En réponse à plusieurs invitations qui lui ont été adressées par des pays européens et les Etats-Unis, M. Abbas a affirmé qu'il ne voyagerait pas à l'étranger avant la levée du siège de M. Arafat. “Le président Yasser Arafat est le président des Palestiniens élu démocratiquement par son peuple”, a souligné Abou Mazen. Il s'agit de la première déclaration officielle du Premier ministre palestinien depuis sa nomination, le 19 mars dernier.