« Barnier plaide à Alger pour une presse libre », titre Le Figaro dans son édition d'hier. « En pleine période d'embellie entre Paris et Alger, le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier a offert hier aux autorités algériennes un “partenariat d'exception“, mais les a mis en garde quant au respect des libertés publiques », écrit l'envoyé spécial du Figaro. Il souligne que « le chef de la diplomatie française a critiqué la tentative du pouvoir politique de faire rentrer la presse dans le rang, après plusieurs incidents dont ont été victimes des journalistes ces derniers mois à Alger ». Et d'ajouter : « Ce rappel à l'ordre ne doit pas cacher la spectaculaire amélioration des relations franco-algériennes depuis qu'Alger a plus ou moins réussi, en trois ans, à tourner la page du terrorisme islamiste. Mais au moment où la détente en Algérie conduit la France à octroyer de plus en plus de visas aux Algériens et à assouplir les restrictions qu'elle s'imposait sur ses exportations d'armement, Michel Barnier a voulu souligner que la qualité du climat entre les deux rives de la Méditerranée dépendait aussi du respect des libertés publiques. » « La compétition géostratégique entre la France et les Etats-Unis au Maghreb incite aussi Paris à se rapprocher d'Alger. La lutte antiterroriste sert de ciment aux relations. Les autorités algériennes ont exprimé à Michel Barnier leur préoccupation devant l'apparition de nouvelles bases terroristes dans le Grand-Sud algérien et dans toute la bande sahélienne. A Paris, on prend très au sérieux le risque de création de nouveaux “sanctuaires“ des organisations proches d'Al Qaîda. Français et Américains coopèrent sur ce dossier », ajoute le journal. Selon Libération, qui titre, « Michel Barnier resserre les liens sécuritaires avec Alger », « un accord de défense pourrait être signé entre la France et l'Algérie ». Libération ajoute que « l'évocation d'une coopération tous azimuts présente un avantage majeur pour Paris : banaliser le rapprochement sur les questions de défense et de sécurité entre les deux pays, qui devrait prendre la forme d'un accord de défense. Or un accord de ce genre, fût-il vague, fera grincer des dents dans l'Hexagone. Les généraux algériens attendent en effet la livraison d'équipements militaires sophistiqués de lutte antiterroriste que Paris leur a jusqu'ici refusés, du moins officiellement. Une telle livraison aurait valeur de symbole, apparaissant comme une reconnaissance de facto de l'action menée par Alger pendant la sale guerre contre les islamistes de la décennie 1990. Sans parler de la possibilité de voir utiliser ces armements dans la répression des émeutes qui éclatent quotidiennement dans ce pays où la terrible dégradation de la situation sociale provoque partout des accès de fièvre... » « En dépit de cela, Jacques Chirac a pris le risque d'accélérer le rapprochement avec Alger, rivalité avec les Américains sur le Maghreb et volonté d'obtenir un assouplissement de la position algérienne sur le Sahara-Occidental obligent. » « Au cours d'une conférence de presse..., Abdelaziz Belkhadem (ministre des Affaires étrangères algérien, ndlr) s'est montré conciliant sur la forme, affirmant que “l'Algérie est déterminée à aller de l'avant” sur ce dossier et qu'il est “vital de développer nos relations avec le Maroc”. » « En dépit de cette réaffirmation de leur position traditionnelle, les Algériens accepteront-ils un sommet avec les Marocains, comme ont tenté de l'organiser, il y a déjà quelques semaines, Paris et Madrid ? France et Espagne semblent en tout cas toujours chercher à favoriser un tel sommet. » « Quant au verrouillage des libertés, notamment de la presse, en cours à Alger, Barnier s'est borné à rappeler l'attachement français à la liberté de la presse partout dans le monde », indique le journal.