«Mon premier objectif est de mettre en oeuvre les décisions arrêtées lors du déplacement du président Chirac à Alger le 15 avril dernier.» Le ministre français des Affaires étrangères, M.Michel Barnier, a foulé hier, en fin d'après-midi, le tarmac de l'aéroport Houari Boumediene, pour la première fois depuis sa nomination, il y a deux mois. «Je suis très heureux de venir travailler avec les dirigeants de ce pays pour mettre en oeuvre ce que nos deux chefs d'Etat ont décidé : un partenariat exceptionnel et durable, une nouvelle étape dans l'histoire de nos pays», a déclaré à la presse M.Barnier à son arrivée à l'aéroport où il a été accueilli par M.Abdelaziz Belkhadem. L'hôte de l'Algérie qui venait tout droit de la capitale belge, aura, au cours de son séjour à Alger, une série d'entretiens politiques avec son homologue algérien et le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika qui le recevra ce matin en audience. Plusieurs dossiers sont inscrits à l'ordre du jour de cette visite, notamment le conflit du Sahara occidental, la libre circulation des biens et des personnes et le partenariat économique. Comme il doit également avoir des contacts avec des personnalités de la société civile et des organisations non-gouvernementales ayant pris part aux secours après le séisme du 21 mai 2003. Par ailleurs, il aura, au terme de son séjour, à effectuer une visite au centre des arts et culture du Palais du Raïs (Bastion 23) et au lycée international Alexandre Dumas. Au cours de sa visite, le ministre français des Affaires étrangères doit déployer tout son savoir-faire de diplomate pour éviter les sujets qui fâchent, sachant que désormais, la priorité est avant tout à la préservation des intérêts économiques de son pays et à faire face par là même à la féroce compétition américaine dans la région du Maghreb. Les droits de l'homme n'occuperont sans doute pas une place importante dans les discussions entre Alger et Paris, même si, à la veille de cette visite, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) lui a demandé «de plaider auprès des autorités algériennes en faveur de la liberté de la presse. «D'ailleurs, Michel Barnier avait pris le soin de «baliser» l'objet de sa visite dans ses récentes déclarations.»Mon premier objectif est de mettre en oeuvre les décisions arrêtées lors du déplacement du Président Chirac à Alger le 15 avril dernier pour développer une nouvelle phase de l'approfondissement de nos relations bilatérales», indique le chef de la diplomatie française dans une déclaration à l'APS. Un partenariat privilégié qui sera scellé par la conclusion, en 2005, d'un traité d'amitié entre les deux pays. Les entreprises françaises, affirme M. Barnier «sont prêtes à participer pleinement à tous les grands chantiers du développement économique en Algérie». Il rappellera à cet effet le volume des investissements directs des opérateurs français en Algérie, estimés à 1 milliard d'euros en 2003. A propos de la libre circulation des personnes, il est surtout question de réouverture du consulat de France à Oran et du renforcement des mêmes services à Annaba. Par ailleurs, se voulant plus concret, le chef de la diplomatie française fait état de sa volonté de réaliser, dans les plus brefs délais, une école franco-algérienne des affaires basée sur un partenariat privé. La visite de M.Barnier est donc, estiment les observateurs, une occasion inespérée pour les deux capitales pour transcender définitivement les tensions d'un passé qui a longtemps pesé sur près d'un demi-siècle de convalescence.