Après les scènes de violence intercommunautaires qu'elle a vécues depuis vendredi, la localité de Berriane retrouve le calme. Certes, elle reprend timidement son rythme de vie habituel, mais il suffit d'un rien pour que les affrontements entre les jeunes des communautés belligérantes (les Mozabites et les arabophones) reprennent. Hier, la ville était complètement encerclée par les corps de sécurité, police et gendarmerie. Un renfort de brigades antiémeute de police et de gendarmerie a permis à ces dernières de prendre position dans les quartiers et carrefours chauds, avons-nous constaté sur place. Des véhicules de sécurité patrouillaient sur la RN1, qui a renoué ce jour avec la grande affluence. Berriane (Ghardaïa). De notre envoyé spécial Au loin, des grappes humaines se sont formées. Dans les principaux quartiers, théâtre des dernières violences, on peut observer l'ampleur des dégâts occasionnés tant aux commerces, qu'aux demeures. Pas moins d'une vingtaine de magasins et habitations ont été incendiés. La quantité de pierres et autres objets hétéroclites qui jonchent les rues et ruelles de ces quartiers témoigne de la violence des affrontements qui ont opposé les deux communautés. Ici, l'activité commerciale, surtout, n'a pas encore repris ses droits. Tandis que les enfants n'ont, quant à eux, pas encore repris le chemin de l'école. La peur de la reprise des hostilités est sur toutes les lèvres. A vrai dire, tant que les deux victimes qui se trouvent toujours à la morgue de l'hôpital de Ghardaïa ne sont pas encore enterrées, suite à une décision du parquet de Ghardaïa non encore délivrée, la situation à Berriane reste instable. L'inhumation de ces dernières, toutes deux Mozabites, est annoncée probablement pour aujourd'hui. Tard dans la soirée de dimanche, le ministre chargé des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a reçu séparément les aâyan (notables) des deux communautés. Selon le président d'APC de Berriane, la communauté mozabite demande une enquête de haut niveau et le retrait immédiat des armes à ceux qui en possèdent pour éviter l'émergence d'autres crises. Mais les Mozabites revendiquent aussi le départ du chef de daïra. Cette communauté reproche à celui-ci sa partialité dans la gestion de la commune. « Son départ va résoudre beaucoup de problèmes », soutient le maire de Berriane, Hadjadj Bahmed. Ce dernier énumère, entre autres, la distribution de logements et de chalets dont la répartition s'est faite, selon lui, de manière « disproportionnée ». Alors que, soutient M. Hadjadj, « la population la plus touchée se trouve du côté des ibadites ». Dans ce registre, le maire affirme avoir demandé la création d'un pôle urgent, à des prix raisonnables, à la sortie de Ghardaïa pour permettre aux gens de construire. A ses yeux, le problème des chalets était la goutte qui a fait déborder le vase dans la crise qui secoue les deux communautés. Pourquoi tant de tensions particulièrement à Berriane ? Le maire est catégorique : « Il n'y a pas de justice sociale dans notre ville », a-t-il tonné, sans omettre de préciser que le « la crise qui secoue Berriane a pour origine des problèmes d'ordre social, économique et culturel, mais jamais religieux ». M. Hadjadj rejette la thèse d'une main étrangère dans l'attisement du conflit. « Le problème est local, il se situe entre les deux communautés qui doivent s'asseoir pour trouver un terrain d'entente », soutient-il. Les priorités pour rétablir la paix dans cette région ? « Elles sont à tous les niveaux », selon le maire qui cite le sport, les aires de jeux, la culture et l'emploi. Pour lui, l'aide de l'administration passe par la création des lotissements pour résoudre le problème du logement. Mais cela arrangera-t-il l'autre partie (les arabophones) du fait que cette partie du territoire se trouve du côté ibadite ? « Malheureusement non », regrette le maire, avant de poursuivre : « J'ai un problème de contestation sociale ». « Berriane ne retrouvera la paix que s'il y a un dialogue sincère entre les communautés belligérantes », a-t-il considéré. Il reste que si Berriane a renoué hier avec une certaine sérénité, rien, par contre, ne semble garantir ce retour à la paix dans cette localité.