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Un poète de la condition humaine
Sidi lakhdar benmakhlouf barde emblématique du dahra
Publié dans El Watan le 13 - 01 - 2005

Sidi Lakhdar Benkhlouf, s'il avait été européen ou anglo-saxon, aurait eu les honneurs d'Hollywood. On sait, en effet à quel point le cinéma américain est avide de personnages exemplaires par leur parcours et leur historicité.
Sidi Lakhdar Benkhlouf est bien de chez lui, de cette Algérie généreuse dans l'apport au patrimoine universel, mais où la mesure du talent n'est jamais pleinement prise. Cela justifie que cet immense poète reste encore méconnu. Quelle figure magnifique serait pourtant pour le cinéma ce mystique dont la foi dans les choses célestes étaient tempérées par un doute philosophique sur celle du monde vivant. On ne connaît rien de plus sublime que le torrentiel Ras el mehna, ce texte allégorique si admirablement chanté par El Bar Amar - la meilleure version jamais enregistrée - dans lequel le poète dialogue avec un crâne humain pour souligner la vanité de toute destinée. A qui appartenait donc cette « jemjouma », ce vestige d'être qui pouvait appartenir autant à un roi qu'à un esclave, à une douce amante qu'à un belliqueux guerrier. C'est la condition humaine qui est de fait déclinée dans ce long poème qui dit clairement comment la mort abolit tous les attributs liés au pouvoir, à la richesse ou à la gloire. Il ne reste en bout de parcours que ce crâne aux origines incertaines pour na pas dire douteuses. En filigrane, c'est le thème de l'identité qui traverse l'époustouflant poème de Benkhlouf et on peut y voir une relative correspondance avec l'histoire personnelle de l'auteur. Très tôt orphelin, Benkhlouf a grandi dans une absence, sans doute douleureusement, ressentie du père.Sa naissance se situerait vers 1530-1540, car en 1559 il est en âge de combattre dans la terrible bataille de Mazagran qui opposait les Algériens aux envahisseurs espagnols. Benkhlouf ne pouvait pas servir comme soldat s'il n'avait pas atteint la maturité qui lui permettrait de porter les armes contre des Espagnols redoutablement expérimentés. Il était en toute certitude dans la vingtaine et son esprit était suffisamment en éveil, alors pour lui permettre de mémoriser l'ensemble des détails qui lui serviront à écrire le poème qui immortalisera la bataille de Mazagran, au cœur du vivier mostaganémois convoité par la cour de Charles Quint. Benkhlouf était dans le ton de son époque, car il était le contemporain de Luis Vaz de Camoens, lui aussi, poète-soldat, enrôlé dans la guerre engagée par la cour de Lisbonne contre le Maroc. Depuis cette période si reculée, Camoens continue d'être vénéré par les Portuguais comme leur grand poète national. Benkhlouf est à l'évidence à la hauteur d'un tel statut, car son œuvre échappe à la patine du temps, même si beaucoup la réduisent à une approche litanique de la foi. Benkhlouf était bien un mystique, mais il accompagnait ses louanges à Dieu d'un détachement radical pour les biens terrestres, se satisfaisant de vivre dans une pauvreté quasi absolue jusqu'à la fin de sa vie qui fut d'ailleurs extrêmement longue. Sidi Lakhdar Benkhlouf serait mort à l'âge de 125 ans, donc entre 1640 et 1650 si on admet que le poète avait atteint ou dépassé les vingt ans pendant la bataille de Mazagran en 1559. Son dénuement explique le peu de mobilité du poète dont la seule sortie significative est le voyage à Tlemcen où il rencontra Sidi Boumediène dont la personnalité marquera son existence et orientera sa poésie vers la glorification du Prophète Mohamed dont il confiera qu'il lui apparaissait dans ses rêves. Cette piété fervente avait donné de Benkhlouf, de son vivant, l'image d'un homme hors du commun dont le rayonnement personnel transcendait le contexte restrictif du mode de vie qu'il avait volontairement choisi, se distiguant par son ascèse mystique des poètes bien en cour. Sa poésie s'en était trouvée, bien évidemment, modifiée car en s'enracinant dans la spiritualité elle s'était définitivement éloignée des pérégrinations du corps. Sidi Lakhdar Benkhlouf s'était au bout du compte accompli dans l'exaltation et l'élevation de l'esprit, soldant pour sa modeste part le conflit entre le sacré et le profane sans pour autant l'épuiser.

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