Finalement, la conférence de presse, tenue jeudi dernier, par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a surtout servi à faire baisser les tensions au sommet de l'Etat entre son clan et celui de Youssef Chahed. BCE a enfin mis fin aux enchères, venant du clan de son fils Hafedh et de certains médias, concernant un éventuel blocage de sa part du remaniement ministériel, en affirmant qu'il respectera, comme d'habitude, les termes de la Constitution. La conférence de presse a été perçue comme un «feu vert» de la présidence de la République au remaniement. Je ne verse pas dans l'enfantillage, même si mes «conseils» ne sont pas pris en considération, semble dire le Président tunisien. Ainsi, comme cela a été pressenti depuis plusieurs mois, Youssef Chahed a été maintenu à la Kasbah ; les portefeuilles de la Défense et des Affaires étrangères ne changent pas de titulaires et restent pris en main par le président de la République à travers Abdelkrim Zebidi et Khemaies Jhinaoui. Par contre, la Justice change de main. Ghazi Jeribi cède sa place à Karim Jammoussi. Autre fait marquant, le départ du Nahdhaoui Imed Hammami, présent dans tous les gouvernements depuis les élections de 2014. Il est remplacé à la Santé par Abderraouf Chérif, le président du bloc parlementaire de Machrouaa Tounes. Le parti de Mohsen Marzouk entre ainsi au gouvernement avec deux ministres et un secrétaire d'Etat. L'ancien bâtonnier des avocats, Fadhel Mahfoudh, est chargé de la Relation avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l'homme. Le ministère de la Fonction publique, de l'Innovation de l'administration et des politiques publiques revoit le jour. Il est attribué à Kamel Morjane, leader du parti Moubadara et dernier ministre des Affaires étrangères sous Ben Ali. En tout, le remaniement concerne 13 ministres et 5 secrétaires d'Etat. Majorité parlementaire Youssef Chahed est sûr d'obtenir les 109 voix nécessaires pour faire passer son gouvernement à l'Assemblée des représentants du peuple. Le chef du gouvernement compte sur les 68 députés d'Ennahdha, les 40 de la Coalition nationale et les 14 de Machrouaa Tounes. Les échos en provenance de l'Assemblée disent que certains députés de Nidaa Tounes, du bloc de l'allégeance à la patrie et quelques indépendants voteraient la confiance à la nouvelle équipe de Youssef Chahed. Le clan de Hafedh Caïd Essebsi au sein de Nidaa Tounes a appelé à voter contre le remaniement. Il a demandé aux ministres membres de Nidaa Tounes de démissionner du parti s'ils restent dans le gouvernement. Au total, Nidaa Tounes dispose de neuf membres au sein de l'équipe de Chahed, tout comme Ennahdha. Mais, il devient courant que les députés et les ministres ne suivent pas les recommandations en provenance du clan de Hafedh Caïd Essebsi et son équipe. Nidaa Tounes a, plus que jamais, besoin d'un redressement.