commerce: 6 expositions des produits algériens à l'étranger en 2025    La décision d'invalider deux accords commerciaux entre l'UE et le Maroc "marquera la jurisprudence" de la CJUE    La préparation du Togo débute aujourd'hui    Le président de la République reçoit l'ambassadeur du Japon en Algérie    Le tirage au sort de la Coupe de la CAF Ligue des champions    Maroc: marche massive à Rabat contre la normalisation avec l'entité sioniste et en soutien à la Palestine    Ghaza : le bilan de l'agression sioniste s'alourdit à 41.909 martyrs et 97.303 blessés    Le Conseil des ministres s'est réuni, hier, sous la présidence du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.    Président de la République: accorder une attention extrême à la cybersécurité    Marché boursier: évolution de la valeur transigée de 268% en 2023    Président de la République: un suivi rigoureux de la situation sanitaire dans les wilayas frontalières de l'extrême sud    Président de la République: nécessaire conformité entre les programmes des écoles privées et le programme national    Bejaia: neuf troupes internationales au 13e festival international du théâtre    Pêche: Badani réaffirme l'engagement de son secteur à améliorer les conditions socioprofessionnelles des pêcheurs    Grand Prix International d'Ongola: Victoire de Oussama Abdallah Mimouni    Compétitions africaines interclubs: les représentants algériens fixés sur leurs adversaires en phase de poules lundi    CAN U20 (Qualifications/Zone UNAF): les Algériens entament leur stage de préparation à Alger    Le verdict de la CJUE constitue une «grande victoire» pour les Sahraouis    L'Iran soutiendra toute trêve qui serait acceptable pour le Liban    Un besoin financier existentiel pour le complexe militaro-industriel américain    Renforcement et amélioration de l'AEP    Le premier hôtel Halal du Japon ouvre ses portes face au Mont Fuji    Situation épidémiologique en amélioration    Un jeune à bord d'une moto fauché mortellement par une voiture à Mansourah    Plus de 400 capsules de psychotropes saisies, quatre arrestations    Les calculs de bouts de chandelles et les prolongations    Les lauréats du concours national de récitation du Saint Coran honorés    Affaire Lassana Diarra-FIFA : «L'arrêt Diarra»    Plus de 60 films en compétition    Des interprètes amateurs du chaâbi animent un concert    L'Algérie poursuivra sa marche avec détermination vers des perspectives prometteuses    Instaurer un dialogue national sérieux pour immuniser l'Algérie    Festival international d'Oran du film arabe: le film "Youm" du réalisateur Bahreini Ahmed Akbar ouvre le concours des courts métrage    Belmehdi met en exergue la portée du rayonnement des Ouléma algériens en Afrique et dans le monde    Situation et mutations géopolitiques dans les zones d'intérêt commun examinées    La composition, l'organisation et le fonctionnement, fixés    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Susan sontag, une vie d'engagement intellectuel et politique
Un autre visage de l'Amérique
Publié dans El Watan le 13 - 01 - 2005

Susan Sontag est une intellectuelle américaine de gauche qui a constamment refusé de se taire devant la douleur des autres, devant l'injustice et l'impunité des hommes lorsque ces derniers créent des tragédies.
A l'âge de 71 ans, Susan Sontag s'est éteinte le 28 décembre dernier dans un hôpital new-yorkais laissant derrière elle une œuvre conséquente où la langue de bois n'est pas de mise, sur des questions intérieures américaines ainsi que sur des questions internationales brûlantes. Essayiste, romancière, metteur en scène, amie de Roland Barthes et proche des intellectuels français, elle a su développer un discours anticonformiste aux Etats-Unis, dans une langue concise, claire, avec un sens de la formule qui a fait d'elle une invitée convoitée dans les médias américains et européens. Sa position contre la torture, son indignation contre le malheur que vit le peuple palestinien et son refus de la guerre en Irak lui ont valu de nombreuses menaces de mort. Pour cette chronique, j'ai relu son dernier essai, Devant la douleur des autres, publié en 2003, un ouvrage fascinant qui pose toute la problématique de l'impact de l'image et de la photo de guerre dans le monde d'aujourd'hui. En effet, les différentes images de conflits, de tragédie humaine, de catastrophes naturelles qui montrent des corps défigurés, massacrés, ensanglantés, inanimés qui déferlent sans arrêt à la télévision et dans les tabloïds posent le problème de leur pertinence et de leur utilité. Susan Sontag réfléchit sur leur influence à l'heure du satellite où l'information devient planétaire, quasi instantanée et surtout répétitive. La question est pertinente d'autant plus que Susan Sontag remonte le temps, menant sa recherche en abordant le problème sous l'angle philosophique et politique. Elle analyse avec finesse la relation que peut avoir l'image sur le psychologique et se demande si l'image peut provoquer l'action afin d'arrêter les massacres. Devant la douleur des autres retrace la souffrance rapportée d'abord par la peinture puis par la photo et l'image télévisuelle. Susan Sontag pose une question récurrente mais pas naïve : pourquoi fait-on la guerre ? Et ensuite elle s'interroge pourquoi la vision et la connaissance des horreurs de la guerre par photos rapportées n'arrêtent pas les guerres. Pourquoi est-ce que toutes ces images qui choquent n'influent pas sur les hommes qui pourraient ainsi cesser de se combattre ? La question est certes difficile. Tout au long de cet essai, Susan Sontag tente de comprendre en fouillant la mémoire de l'histoire, en faisant un travail de recherche sur la photo et de son influence, depuis son invention en 1839, en passant par les photos-chocs de Robert Capa pendant la guerre d'Espagne. Elle analyse la relation entre l'image et la guerre en rappelant l'écrit de Virginia Woolf Trois Guinées dans lequel la romancière anglaise réfléchit sur les effets des premières photos dans les journaux, de soldats de la Première Guerre mondiale morts au front. Si Virginia Woolf pense que la guerre est d'abord un jeu d'hommes, « que la machine à tuer est sexuellement déterminée, du genre masculin ». Les récentes images de torture d'Irakiens par des GI's femmes montrent que ces dernières se sont rattrapées malheureusement. En tant que femme, Virginia Woolf s'interroge : « Que pouvons-nous faire pour empêcher la guerre ? » Est-ce que l'image suffit pour cesser toute belligérance ? La réponse est clairement non comme le démontre l'histoire : Deuxième Guerre mondiale, guerre du Vietnam, guerre en Bosnie, en Irak et ailleurs. Susan Sontag cite ces guerres, les dénonce et questionne sans relâche le rapport de l'homme et de son savoir par l'image. D'une actualité brûlante, cet ouvrage dénonce le spectacle de l'horreur, de ces guerres qui arrivent dans nos salons douillets, aujourd'hui encore plus qu'hier : « Etre le spectateur des calamités constitue une expérience moderne, étant donné l'offre accumulée, depuis plus d'un siècle et demi, que nous font ces touristes professionnels, spécialisés, appelés journalistes. Les guerres, à présent, sont aussi le spectacle son et lumière de nos salons, ce qui génère une réaction de compassion, d'indignation, de curiosité ou d'approbation, au moment où chaque détresse devient visible. » Le problème, c'est que ces sentiments et ressentiments n'arrêtent pas les souffrances. La question de la manipulation de l'image est pertinente lorsque Susan Sontag montre que si certains pays refusent de faire la guerre, en Irak par exemple, d'autres utilisent l'image pour justifier cette guerre, mais en ne montrant qu'un aspect des réalités de la guerre. Susan Sontag écrit : « Lorsqu'une guerre est impopulaire, le matériau rassemblé par les photographes, en ce qu'il peut servir à révéler le conflit, est très utile. » Malgré toutes les images d'horreur, la guerre est toujours la norme, la paix étant l'exception. Susan Sontag questionne encore et encore : « Que faire du savoir que nous communiquent les photographies de souffrances lointaines ? » Ces images rassurent ceux qui les regardent. Le fait d'être hypersaturé d'images amoindrit l'aptitude « à ressentir, à maintenir notre conscience à son niveau de vigilance ». Susan Sontag déplore que la réalité a abdiqué au profit du spectacle. Cependant, son ultime message reste combatif, car nul n'est innocent et qu'il « faut prendre du recul et réfléchir » pour toujours dénoncer. Un essai à méditer, pour un monde meilleur et pour lequel Susan Sontag s'est battue toute sa vie.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.