A moins de 24 heures d'intervalle, le FLN s'est donné en spectacle respectivement le mardi en fin de journée sur l'avenue Saint Eugène où est située la kasma 5, et le lendemain matin devant le siège de la mouhafadha, jusque-là fermée, faute d'entente entre les différentes parties en conflit. A l'approche de la date annoncée du congrès, les tensions se sont attisées et la prétendue réconciliation ne semble pas avoir lieu de sitôt. La rencontre de mardi a été phagocytée par l'intrusion, dans la grande salle de la kasma de Saint Eugène, d'éléments visiblement chauffés à blanc et venus spécialement perturber une rencontre à laquelle devaient prendre part les cadres du parti, des militants ainsi que des élus, mais aussi les représentants de deux anciennes ailes du mouvement de redressement, celles dirigées respectivement par Abdelatif Dif et M. Bellabes. Autour de l'ancien mouhafedh, Brahma Djelloul, actuel président de l'APW, il y avait des représentants des instances centrales supposés parler au nom de la commission nationale de préparation du congrès, MM. Naïmi, Soltani et Azzi, mais également les membres de l'ancien bureau du FLN, écartés puis réhabilités avec l'annulation du 8e congrès qui a plébiscité Ali Benflis. Sept parmi neuf membres de cette instance s'étaient très tôt opposés à la ligne du secrétaire général déchu du FLN. Ils sont aujourd'hui favorables à un rapprochement avec leurs ennemis d'hier. Tout semblait donc aller pour le mieux avec notamment les embrassades entres frères haïs d'hier, mais, alors que M. Brahma était en train de lire les dernières recommandations qui suggèrent le retour aux kasmas pour désigner les congressistes, un groupe appartenant au clan du colonel Abid, représentant d'une troisième aile, la plus radicale du mouvement de redressement, a fait son intrusion avec fracas. Ce groupe, animé par un bijoutier de la ville et une fonctionnaire, sortira en proférant des insultes malgré les appels au calme et une invitation à prendre part aux débats. Leur mission a été relativement accomplie, car, après cela, personne ne s'écoute et les injures ont été transposées en pleine rue, sous le regard médusé des passants et des habitants des quartiers limitrophes. Au milieu du brouhaha, la lecture des dernières recommandations de Belkhadem s'est faite dans le vide. Déception La confiance a été vite rompue. « Dans l'intérêt du parti, les militants (même ceux d'un jour sont bienvenus) des kasmas parallèles doivent retourner aux instances légales », lançait un cadre qui a lui-même beaucoup contribué à l'installation de ce type de kasmas. Peine perdue. Dans la mêlée, les anciens proBenflis, qui ont payé le prix de leur engagement, se sont tenus à l'écart. « C'est parce qu'on a insisté que je me suis décidé à venir participer à cette rencontre », confiera l'un de ces derniers, visiblement déçu. La déception se lisait aussi sur le visage de certains redresseurs comme Mme Zeddam, animatrice locale des femmes du FLN, les grandes absentes de ce rendez-vous manqué de la réconciliation. La réunion a en effet dû être tenue dans un local exigu. Les organisateurs se sont donné rendez-vous aujourd'hui même pour une rencontre des militants des kasmas 1, 3, 9 et 2. Les locaux de celles-ci ont la particularité d'être tous abrités par l'édifice faisant office de mouhafadha et situé sur le boulevard Emir Abdelkader. Justement, l'irréductible colonel Abid, parlant lui aussi au nom de Belkhadem, s'est empressé hier matin, comme pour précéder les événements, de tenter une incursion en rassemblant ses troupes au sein de la mouhafadha, lieu hautement symbolique. « J'ai été officiellement désigné en début de semaine pour coordonner les préparatifs du congrès et, puisque les instructions insistent sur la tenue des réunions à l'intérieur des instances officielles, nous sommes venus le plus normalement du monde occuper le siège du parti », devait-il déclarer hier devant la porte métallique du bureau, maintes fois soudée puis dessoudée en fonction des rapports de forces qui ont prévalu depuis le début de la débâcle du FLN. A le croire, « M. Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, était cette semaine en mission à l'étranger et, dès qu'il rentrera, des contacts seront pris pour commencer le travail ». En réalité, le cas d'Oran semble plutôt donner le tournis aux décideurs centraux du FLN. El Hadi Khaldi, désigné lui aussi pour coordonner localement la mise sur pied de la commission chargée de préparer le congrès, a effectué le déplacement une seule fois et n'est plus revenu.